Drame psychologique, coécrit et réalisé par Pierre Granier-Deferre, Le Chat est un très beau film. L'histoire se déroule dans les années soixante-dix et nous fait suivre les Bouin, un couple de personnes âgées habitant à Courbevoie, en banlieue parisienne, alors en plein bouleversement du fait des travaux d'urbanisme. Lui est un ancien ouvrier, elle une ancienne trapéziste de cirque ayant dû mettre un terme à sa carrière suite à une chute l'handicapant à une jambe. Mais après vingt-cinq ans de mariage, les sentiments se sont désagrégés et l'arrivée d'un chat va créer de la jalousie chez la femme. Ce scénario, adapté du roman du même nom de l'auteur Georges Simenon paru quatre ans plus tôt, est prenant de bout en bout de sa durée d'environ une heure et demie. On assiste pendant tout ce temps au quotidien morose de ce couple enfoncé dans ses vieilles habitudes et au bord de l'implosion au point où ils ne communiquent presque plus. Le ton est à la fois amusant à la faveur des quelques taquineries et à la fois triste via ses moments de véritable méchanceté, en plus de comporter quelques bribes de souvenirs nostalgiques qui auraient méritées d'être plus nombreuses. Cela donne lieu à des scènes marquantes, traitant très bien les différents sujets. En effet, les thématiques abordées à travers ce récit sont nombreuses que ce soit le temps qui passe, l'amour qui s'étiole, les habitudes solidement ancrées. De plus, il évoque également la cohabitation forcée dans ce pavillon de banlieue luttant au milieu des ruines. L'ensemble est très bien porté par les deux monstres sacrés que sont Jean Gabin et Simone Signoret qui se font face. Du reste de la distribution, on retiendra uniquement le rôle joué par Annie Cordy. Mais la relation entretenue par les deux anciens amoureux procurent beaucoup d'émotions à base de je t'aime mon non plus. Surtout qu'ils sont soutenus par des dialogues d'une grande justesse, déclamant des morts forts malgré le fait qu'ils soient peu loquaces. Sur la forme, la réalisation de Pierre Granier-Deferre s'avère de qualité. Surtout, sa mise en scène capte les petits détails qui font toute la différence et évolue dans un environnement qui se trouve être un personnage à part entière. En effet, cette petite maison entourée de gravats au fond d'un cul-de-sac possède une véritable identité. Ce visuel en destruction est accompagné par une très jolie b.o. signée Philippe Sarde. Ses compositions sont d'une immense douceur et un vrai régal pour les oreilles. Malheureusement, elles se font trop peu entendre. Effectivement, le cinéaste préfère laisser place aux bruits environnants et aux silences qui en disent parfois tout aussi long que de sublimes notes. Ce désamour s'achève sur une fin touchante à l'image du reste du récit, venant mettre un terme à cette triste romance. En conclusion, Le Chat est un long-métrage méritant grandement d'être découvert.