« Paris je t’aime » se compose de dix huit séquences inégales. D’entrée, l’inintéressant « Montmartre » de Bruno Podalydès, le tendancieux « Quais de Seine » de Gurinder Chadha et le laborieux et hors sujet « Le Marais » de Gus van Sant font craindre le pire. Heuureusement « Tuileries » des frères Cohen, nous offre une leçon visuelle, habitée par une tension empreinte d’humour. Très fort également, le délirant « Place de Choisy », quelque part entre le cinéma de Hong Kong et jacques Tati. Comme également, le magnifique et triste « Place des Victoires » de Nobuhiro Suwa (avec Juliette Binoche, Willem Dafoe et Hippolyte Girardot, excusez du peu), l’original « Tour Eiffel » (Très sketch de Pasolini avec Toto), le poignant et tragique « Place des fêtes » (Aïssa Maïga exceptionnelle dans sa fragilité à contenir l’émotion), l’amusant « Pigalle » où Bob Hoskins et Fanny Ardant forment un couple finalement pas si improbable que ça, et le très poétique « Quartier de la Madeleine », hommage au cinéma muet (Olga Kurylenko et Elijah Wood ne prononcent pas un mot). Car c’est bien de cela qu’il s’agit : un hommage au cinéma, dont les deux derniers sketches « Quartier Latin » et « 14e arrondissement », sont une illustration cinématographique très précise d’histoires très banales, portées avec talent par, respectivement, Gena Rowlands et Margo Matingale. Mais à côté de ces petits bijoux il faudra supporter, en plus des trois premiers cités, « Loin du 16e » qui pense règler ses comptes avec les riches (qui n’habitent plus là depuis une bonne vingtaine d’année) dans un pensum ennuyeux, l’inintéressant « Parc Monceau » qui voit Nick Nolte griller une cigarette après l’autre, le « Quartier des enfants rouges » où Assayas retombe dans ses maladies visuelles et « Père-Lachaise » d’un Wes Craven peu inspiré par l’humour, Freddy n’ayant pas de quoi hurler dans un cimetière sans yeux. Inégal donc avec toutefois 10 sketchs de qualité sur 18, ainsi qu’un habillage très cinégénique. Ach Paris ! Touchour l’amour hmm !