C’est toujours le même problème quand il s’agit de films à sketches réalisés par différents réalisateurs : à moins que le film ne soit vraiment cohérent, il est difficile de ne pas comparer les segments entre eux en dépit de l’ensemble. Ici, malheureusement, "Paris je t’aime" est difficilement percevable comme un tout. L’idée pouvait être bonne, mais le résultat n’est pas toujours convaincant. Ainsi, le film est censé rendre hommage à Paris et à l’amour. Pour ce qui est de l’amour, on a une avalanche de bons sentiments souvent dénués de subtilité ; en ce qui concerne Paris, on n’a strictement rien. Rares sont en effet les cinéastes qui parviennent à vraiment tirer parti du lieu où ils filment : chaque sketch pourrait être tourné dans un arrondissement différent voire dans une autre ville. De ce point de vue, seuls Vincenzo Natali et Wes Craven, voire Nohubiro Suwa, tirent leur épingle du jeu. Quant aux sketches en eux-mêmes, il est appréciable de voir qu’ils sont assez variés, beaucoup moins de constater qu’ils aboutissent souvent à la même chose. Le résultat est cependant loin d’être catastrophique et de nombreux segments feraient de bons courts-métrages, mais leur réunion est assez indigeste et fait un film difficilement uni. Certains d’entre eux sont platement convenus et mièvres, tandis que d’autres essayent de se distinguer en tentant l’absurde ou l’exubérance, pour le meilleur mais aussi pour le pire, quand le grotesque pointe le bout de son nez. Plusieurs d’entre eux sont toutefois assez remarquables, notamment ceux d’Alfonso Cuarón (un plan-séquence à l’heure bleue), Gus Van Sant (un très beau dialogue à la suite d’un coup de foudre), Oliver Schmitz (conte un peu mièvre et pourtant très touchant), Tom Tykwer ou encore Richard LaGravenese. D’autres sont sympathiques mais plus anecdotiques (Vincenzo Natali, Nohubiro Suwa, Walter Salles et Daniela Thomas, Wes Craven, Christopher Doyle et à la limite Sylvain Chomet), mais seuls deux sketches excellent réellement : celui d’Olivier Assayas, bouleversant, et encore plus celui des frères Coen, les seuls qui prennent le parti d’un humour réussi et à des lieues du cucul la praline de certains tout en montrant une véritable ingéniosité dans la mise en scène. Malgré ces quelques sommets, tout cela ne suffit pas à faire un vrai film, d’autant plus que la musique choisie est souvent affreuse et les transitions entre les segments d’une banalité affligeante, ne rendant absolument pas hommage à la beauté supposée de Paris.