"Ring", long-métrage culte réalisé en 1997 par Hideo Nakata, a connu deux suites et trois remakes. Il a réalisé trois films sur six, dont la première suite du premier volet et la seconde réadaptation. Mais pour s'attaquer à une tâche aussi ardue que de réaliser un remake d'un un tel classique du cinéma d'épouvante, il fallait non seulement oser, mais surtout s'armer d'un homme talentueux et reconnu. C'est pourquoi Gore Verbinski paressait un choix judicieux et très prometteur, bien que sa popularité à l'époque n'était pas la même qu’aujourd’hui, Pirates des caraïbes n'étant pas encore survenu sur nos grands écrans.
Résultat? C'est tangent. Si l'on reconnaît le talent du réalisateur dès son introduction (très bien filmée, montée et éclairée), elle aura le mérite d'en pointer aussi tous ses défauts, jusqu'aux plus discrets : ce remake aura pour motivation première de faire mieux que son illustre prédécesseur en faisant plus. C'est le supplément à l'américaine, de ces fameux remakes sans assez d'imagination pour faire autre chose que changer en allant plus loin dans l'horreur, la violence, l'immoralité.
Cela manque forcément de finesse : les dialogues seront les premiers à pointer du doigt l'absence d'habileté de son écriture, d'une introduction de personnages balancée en pleine gueule (les personnages auraient pu lire le script que ç'aurait été tout aussi immersif) aux blagues forcées de son introduction interprétée avec les pieds, grotesque et digne de la parodie d'introduction de Scream 4 (pour ne pas le mettre au niveau d'un Scary Movie).
Jamais suffisamment raffiné pour tenir la comparaison avec la belle écriture de l'original, il poursuit la démonstration horrifique de sa mise en scène jusque dans son remake de vidéo où le "toujours plus" prend tout son sens : outre le fait qu'on ne retrouve pas d'explication de la moitié de ce qu'on y voit le long de l'intrigue, l'incrustation douteuse d'une 3D gâchée aux débuts de la 3D réussie gâche l'effet terrifiant original de la cassette.
D'autant plus que l'on y sentira (surtout pour le plan des corps dans la boue) cette volonté malhonnête d'impressionner le spectateur sans pour autant avoir d'arguments pour l'impacter véritablement, en plus de n'avoir pas su comment justifier toutes les images présentes à l'écran. Le crépitement de l'écran sera finalement plus effrayant que la vidéo elle-même, voir que cette Samara que l'on tentera, cinéma américain oblige, de rendre plus attachante.
Créer de l'empathie sur un monstre diabolique n'était en soit pas une mauvaise idée; le faire comme un Crimson Peak aurait apporté une dimension nouvelle à l'oeuvre, une sensibilité différente à l'expression des crimes traumatisants de cette gamine trahie. L'entreprendre par un pathos démoniaque et des révélations graveleuses sur des parents profondément mauvais coupe toute compassion aux personnages déjà peu intéressants; si l'on suit une Naomie Watts rendue inintéressante par la seule présence de l'ex Saint Thomas trop idiot pour croire à tous les éléments évidents qui lui sont présentés (d'ailleurs interprété par le transparent Martin Henderson).
De l'époque où ce type de personnages était récurrents, un autre intervient très rapidement : le gosse autiste au surjeu terrible (ou neutralité incroyable suivant les scènes que n'aurait pas renié un certain Jean Claude Van Damme) interprété par David Dorfman qui, s'étant cru dans un film d'M Night Shyamalan, croit camper un surdoué mystérieux de 6 ans crédible et flippant. Quoi qu'on en dise, Naomi Watts, malgré son évidente absence d'implication, reste supérieure (expérience oblige). Même les cinq minutes d'apparition stéréotypées de Brian Cox seront plus crédible que le texte débité par cet acteur malheureusement mal dirigé.
L'on ne pourra pas lui reprocher cependant d'avoir un visage qui marque, en ce sens fascinant qu'il lui suffit de ses yeux pour poser l'ambiance que Verbinski peine, avec son filtre vert grisâtre, à imposer à sa propre oeuvre. S'il ne sait pas filmer l'étrangeté du physique de son acteur principal comme son introduction étonnamment réussie, on serait presque tenté de se demander si la première scène, aux vues de la banalité plate du reste, est véritablement son oeuvre.
Tout le reste, manquant de punch et de puissance, peine à intéresser. C'est douloureux de ne trouver que cinq minutes de rythmées (retombées comme un cheveu sur la soupe, respectant en ce sens le film original) sur un film de deux heures, devenu enquête policière peu trépidante quand elle nous promettait une descente aux enfers cauchemardesque, diabolique, inoubliable. Il y avait pourtant ici la volonté d'apporter une intrigue nouvelle, de proposer un déroulé différent.
C'est ici que revient sa vision too much des choses : Verbinski n'étant clairement pas à l'aise avec l'horreur (qu'il mêlera pourtant très bien à l'humour avec ses magnifiques Pirates des caraïbes), il vire souvent à l'enquête plate au style très anglais, sans pour autant gagner en personnalité visuelle (la faute à son filtre d'image peu favorable à la pose de n'importe quelle ambiance glauque).
Là où le premier valait principalement pour sa photographie, celui-ci s'était tirée une balle dans le pied rien que par sa colorimétrie affreuse, répétitive et sans feeling, représentation des travers d'une époque. On louera cependant son écriture remaniée qui, à la fois grâce et malgré ses évènements mélodramatiques, laisse surprise et mystère à son public, qu'il ait vu ou non l'oeuvre d'origine.
Pas trop mauvais ou trop inintéressant, Le Cercle : The Ring n'en demeure pas moins un remake complètement inutile.