Sophia et Sylvain se retrouvent pris dans un virevoltant tourbillon passionnel (et nous avec). Dans ce film tour à tour vraiment drôle, tendre, exubérant, nos cœurs battent pour cette histoire d'amour si spontanée, au nez et à la barbe du mari, envers et contre toustes.
Pendant une grosse heure, on explore avec délectation les jeux de l'amour et du hasard : qu'est-ce qui tire les ficelles du désir ? D'où vient l'amour et de quoi est-il fait ? Sophia est professeure de philosophie, le film est entrecoupé de ses cours sur Platon, Schoppenhauer et d'autres, sur l'amour. Sylvain et elle sont si tendres, si fous. Les parties de jambes en l'air sont crues, joyeuses et omniprésentes (un monsieur a quitté la salle au bout de 40 minutes...). Ils donnent envie d'aimer de manière entière et incondtionnelle. On rit, on est ému. Ça fait du bien.
On voit l'amour fou sur grand écran. Sylvain crie d'ailleurs par la fenêtre de sa voiture : "Tu vas être ma femme, c'est pas négociable".
La figure de la belle maman, qui voit son mari s'enferrer dans la maladie d'Alzheimer, est particulièrement touchante quand elle se confie à sa belle-fille : « Il [son mari] est en train de disparaître. Mais je ne veux pas exister sans lui. Je ne sais même pas ce que j'aime ! ».
Puis,
la dernière demi-heure du film développe un autre pan. Peut-on s'aimer durablement quand nos classes sociales nous opposent ? J'ai vu ce film deux fois, deux fois sur grand écran. La première fois, j'ai été TELLEMENT frustrée de constater que Sophia se comportait comme une bourgeoise méprisante avec Sylvain. Elle reprend sa façon de parler, elle se fait dessus de honte lorsqu'ils sont avec ses proches, jusqu'à cet acmé de demande en mariage tellement gênante. La deuxième fois, j'ai vu plus de nuances et j'ai réussi à ne pas appréhender cette héroïne uniquement comme une garce pédante. Ils s'aiment d'un amour ingénu et animal, mais peut-il résister à l'épreuve du quotidien, où il faut se parler, fonctionner ensemble, se fondre en société ?
Lors d'une violente dispute, Sylvain reproche à Sophia de parler calmement, et elle lui répond que "dans son monde" elle parle tout à fait normalement. Ce film confirme peut-être la conviction profonde de ma grand-mère de 97 ans qui m'a toujours dit qu'on ne peut s'aimer durablement qu'au sein d'une même classe sociale.