En Corse dans les années 90, une jeune fille, Lesia, vit chez sa tante, au bord de la mer et mène la vie d’une adolescente comme les autres. Sa mère est morte d’un cancer ; De temps en temps, elle est embarquée en secret vers la campagne où elle passe quelques jours avec son père, Pierre-Paul, un chef de clan en danger de mort depuis des années. La situation se tend lors d’un été. Lesia et son père vivent plus longtemps ensemble, Lesia voit de près ce qui se passe, assiste aux règlements de comptes, est impliquée par la force des évènements.
Le réalisateur, Julien Colonna, raconte l’histoire de sa famille, sa relation avec son père en transformant son personne en celui d’une fille. Le film va crescendo, à mesure que Lesia s’approche de son père, qu’il lui fait confiance, qu’il lui explique leur destin.
Le film réussit à nous faire comprendre ces engrenages infernaux de vengeance entre clans corses, les méthodes d’action expéditives de leurs parrains et de leurs tueurs, par ailleurs excellents pères de famille. Mais surtout, il nous émeut par la tension, la finesse avec laquelle il déploie la relation entre la jeune fille et son père. La longue scène au cours de laquelle, Pierre-Paul, emperruqué, déguisé en touriste, installé devant leur camping-car explique à sa fille qu’elle a été sa vie, depuis qu’à seize ans son père a été assassiné devant lui, est bouleversante.
On peine à croire que Saveriu Santucci qui joue le rôle de Pierre-Paul est un acteur amateur tant son jeu est puissant. Il nous bluffe d’authenticité !
Un grand film, le meilleur film français de l’année 2024 pour moi avec une réserve : il nous met trop en apathie avec ce chef de clan corse qui nous apparaît digne, courageux, intelligent, obligé de tuer pour ne pas l’être lui-même.