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    EO
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    198 critiques spectateurs

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    Audrey L
    Audrey L

    630 abonnés 2 580 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 mai 2022
    Amis des bêtes, attention : on est ressorti de la séance la boule au ventre, le moral dans les chaussettes et les yeux boursoufflés, étant très sensible au thème de la cruauté envers les animaux, on a été plus que copieusement servi. Eo vous raconte ainsi l'histoire d'un âne de cirque qui parvient à s'évader...mais avant de crier intérieurement "Yes !" à la lecture de ce synopsis (comme on l'a fait en pensant voir un film mignon), sachez simplement qu'il ne s'en échappe que pour mieux se faire torturer, de toutes les façons que vous pouvez imaginer (et même celles que vous n'aurez jamais pensé voir...). Voici donc que le gentil petit âne spoiler: tire une charrette lourde en plein soleil et en se faisant aboyer dessus par un molosse, porte des gamins bruyants dans un circuit éternellement identique, puis passe par une forêt où se déroule une battue sanglante, puis tombe dans une ferme à fourrure (à ce stade, on a commencé à sentir nos tripes faire des demi-tours), puis dans une ferme de reproduction forcée, dans des transports et abattoirs écœurants de cruauté.
    On savait pertinemment comment l'histoire allait finir, et pourtant, on n'a pas pu se lever de notre siège, préférant moucher et souffrir en silence comme l'ensemble de la salle, une communion de papiers froissés et de jurons soupirés pour dire combien il y en a marre de ces pratiques légales qui n'ont rien d'humain, d'éthique, de normal, en soit. Après Okja, Eo nous en a remis une couche en y ajoutant toutes les maltraitances animales existantes, et on déplore que la liste soit toujours si longue. Le film pâtit néanmoins de sa mise en scène clinquante qui cherche outrancièrement la récompense en ce Festival de Cannes, ce qui est vraiment dommage car on perd parfois de vue le propos ("Pourquoi il y a un skieur qui traverse ?!", "Allez l'éolienne sur filtre rouge, tu vas voir qu'on va tourner simultanément, comme dans une lessiveuse... Et voilà.", "On peut avoir le nom du fou qui a fait la musique,"...). On se pique aussi à penser qu'il y a toujours un brin d'hypocrisie à ce genre de films qui dénoncent la maltraitance animale...en faisant tourner un animal (surtout vu les situations stressantes reproduites dans le film, même pour de faux... Le logo "bien-être animal" à la fin nous a fait rire jaune). Néanmoins, pour le bien de la majorité animale, Eo est un visionnage plus que nécessaire, une douleur poignante du spectateur (un véritable marquage au fer rouge, impossible de l'oublier) qui permettra un jour, on veut y croire, d'avoir un vrai respect et une bienveillance sincère à l'égard des animaux. Pauvre bête, vraiment : pauvre bête.
    OSC4R _
    OSC4R _

    73 abonnés 55 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 octobre 2022
    J’adore les ânes.

    Utiliser le point de vue d’un âne pour parler des humains et de la société avec seulement deux plans subjectifs, c’est la chose la plus intelligente que j’ai vu au cinéma depuis très longtemps.

    C’est extrêmement bien réalisé, toujours inventif. Et ça met sur pause le temps pour embarquer dans un voyage sensoriel (et un poil engagé), un peu à la Pinocchio. Chaque image est sublime et justifiée. Les bruitages sont exceptionnels.

    L’arc narratif avec Isabelle Huppert ne sert à rien. C’est la petite longueur sur la fin. Mais il permet d’avoir Isabelle Huppert au casting.

    L’âne est adorable, ultra expressif, inattendu mais très bien choisi. On s’identifie. J’en veux un.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    267 abonnés 1 636 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 décembre 2022
    Jerzy Skolimowski reprend le concept de Robert Bresson dans Au hasard Balthazar, à savoir évoquer le monde des hommes à travers les yeux (et les oreilles) d’un âne. Il refait ce qui a déjà été fait, mais il le refait bien, dans une version moderne très misanthrope et minimaliste. Il y a peu de dialogues. Tout est dans l’art suggestif des situations. La présence de l’âne et le récit de ses pérégrinations suffisent à épingler l’absurdité, la bêtise, la violence, la déliquescence de notre monde. À condamner la maltraitance animale, la maltraitance de la nature en général. EO, c’est un peu de douceur dans un monde de brutes, c’est aussi un chemin de croix très christique, où l’on retrouve l’amertume et la noirceur du film de Bresson. La plus-value de cette nouvelle version réside dans sa mise en scène, très précise et inventive, et dans son esthétique au sens large, absolument superbe. Skolimowski offre un trip sensoriel unique, à hauteur d’âne, avec des points de vue inédits, des ambiances savamment éclairées (couleur rouge dominante) et un travail sonore remarquable. On peut rester dubitatif face à l’épisode avec Isabelle Huppert, mais l’ensemble est une belle réussite.
    traversay1
    traversay1

    3 554 abonnés 4 847 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 octobre 2022
    Les yeux sont le miroir (ou le reflet) de l'âne, Jerzy Skolimowski le prouve après Robert Bresson, avec ce regard qui émeut par sa sage douceur et qui est témoin, sans ruer dans les brancards, du spectacle des turpitudes et cruautés humaines. Et hennit soit qui mal y pense. EO est une expérience sensorielle ébouriffante, réalisée par un jeune réalisateur de 84 ans, dont l'audace, l'inventivité et le sens plastique (les animaux dans la forêt, le quadrupède sur le pont face au barrage) ont peu d'équivalent dans le cinéma contemporain. Cela passe aussi par quelques scènes hallucinées et peu compréhensibles et par la présence superfétatoire de Isabelle Huppert mais on ne va pas crier haro sur le baudet pour si peu, alors que le film est d'une poésie constante, en dépit de la violence de certains moments à l'égard des animaux, en particulier. L'anthropomorphisme est présent dans EO mais pas comme chez Disney, évidemment, avec une touche sentimentale étonnante pour cet ongulé si déconsidéré, quand on le compare à la noblesse des chevaux, comme le montrent avec des accents sensibles plusieurs scènes. Maintenant que le bonnet d'âne n'est plus qu'un souvenir d'une autre époque et qu'on ne traite (presque) plus personne d'âne bâté, c'est à l'une des rares expressions positives concernant ce magnifique animal que l'on pense, pour rendre grâce à son tempérament et à son indépendance : "on ne force pas un âne qui n'a pas soif à boire."
    garnierix
    garnierix

    230 abonnés 452 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 octobre 2022
    Ce film est un manifeste d'amour pour les animaux et la nature. L'homme est sur les bas-côtés et sauf exception, bête ou méchant (les deux le plus souvent). On pourrait donc dire que ce n'est pas un film pour les amis des animaux (ils vont pleurer). Ni pour ceux que les animaux indiffèrent (ils vont s'ennuyer).
    Restent les amateurs de cinéma original. Eux seront comblés. C'est en effet étrange et nouveau de suivre cet âne traverser la vie des gens, être témoin de leurs miasmes, de loin ou de près (malheureusement il est surtout témoin de miasmes). Avec une comtesse (tiens, c'est Isabelle Hupert), il en est témoin de loin, et heureusement. Mais avec d'autres, champions de la bêtise et de la méchanceté, c'est de très près. Parfois, on croit qu'il croise quelqu'un de bien, mais on se trompe toujours.
    C'est clairement un film à message.
    L'âne ne parle pas comme nous, le film parle donc beaucoup en images. C'est ainsi que l'âne parle, rêve, souffre (on le voit même en robot hystérique). Le film parle beaucoup en musique aussi. L'accompagnement musical est très recherché, en fonction de ce que l'auteur veut faire ressentir. Ce choix des images et du son, c'est d'ailleurs son choix à lui, qu'on partagera ou pas.
    C'est clairement une création originale.
    A.G.
    Yves G.
    Yves G.

    1 454 abonnés 3 480 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 24 octobre 2022
    EO est un âne paisible qui vit, à son corps défendant, bien des aventures. Il est employé dans un cirque sous la protection aimante d’une acrobate ; mais la faillite du cirque lui fait perdre sa protectrice. Il travaille ensuite comme bête de somme dans un haras où il jalouse les soins donnés aux plus beaux étalons. Il s’enfuit dans la forêt et est capturé au petit matin par des pompiers. Il devient la mascotte d’une équipe de foot mais tombe sous les coups des supporters de l’équipe rivale. Transporté de Pologne en Italie par un routier louche, il est recueilli par un prêtre défroqué, le fils d’une riche comtesse (Isabelle Huppert).

    Jerzy Skolimowski, 84 ans, est une figure tutélaire du cinéma polonais. Ses réalisations, interrompues pendant dix-sept ans pour lui permettre de se consacrer à la peinture, traversent depuis plus de cinquante ans l’histoire du cinéma de son pays, à cheval, comme Roman Polanski son illustre compatriote, entre l’Est et l’Ouest. Sa filmographie frappe par sa richesse et sa variété : quoi de commun entre "Deep End", qui suit un jeune garçon de bains employé dans une piscine du "Swinging London", "Essential Killing", où l’incandescent Vincent Gallo interprète un taliban en fuite, et "11 minutes" un récit polyphonique ultra-moderne où la vie de plusieurs personnes se percute violemment l’espace d’un bref instant ?

    "EO" s’inspire sans s’en cacher de "Au hasard Balthazar". Mais la focale en est différente. Si dans le film de 1966 de Robert Bresson l’âne Balthazar tendait un miroir aux humains, l’âne EO de Skolimowski est le véritable héros de son film. Ou pour le dire autrement et employer de grands mots, "EO" est le premier film (je n’en connais pas d’autres mais me trompe peut-être) authentiquement animaliste et antispéciste [P.S. : je me trompais évidemment : il y eut "Okja" de Bong-Joon Ho en 2017]

    Ce courant de pensée entend détrôner l’Homme de la position surplombante qu’il s’est arrogée depuis Descartes et reconnaître à tous les êtres vivants, quels qu’ils soient, un égal respect. Selon qu’on y soit favorable ou pas, sans doute l’opinion qu’on se fera du film variera. Essayons, même si ce n’est pas aisé et même si peut-être ce n’est pas pertinent, d’en faire abstraction et de juger "EO" sur ses seules qualités cinématographiques.

    "EO" se veut un film sensoriel. On pense à la caméra caressante de Terrence Malick. On découvre la réalité à travers les yeux de EO – on imagine que si les contours de l’image sont flous c’est parce qu’un âne a une vision périphérique dégradée. On aurait aimé que "EO" pousse le parti pris jusqu’au bout et soit entièrement filmé en caméra subjective ; mais tel n’est pas le cas. On a aussi droit à quelques photos saisissantes de EO au milieu de la nature.

    Mon sentiment mitigé sur le film vient de son scénario. Il est constitué d’une succession de vignettes où l’on suit EO à travers ses multiples aventures. Le problème est leur enchaînement et leur accumulation. Il y aurait pu en avoir trois de plus ou trois de moins sans que l’histoire s’en trouve significativement modifiée. Et la toute dernière, en Italie, où l’on retrouve (hélas) la surprenante Isabelle Huppert dans le rôle d’une richissime (et incestueuse ?) comtesse a achevé de me perdre.
    Fabien D
    Fabien D

    178 abonnés 1 136 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 20 octobre 2022
    J'aurais aimé apprécier davantage ce film que la critique cinématographique juge exceptionnel mais, malgré d'indeniables qualités visuelles, Eo est déception. Le film est extrêmement démonstratif, certaines scènes sont même assez ridiculement clichés et contrairement à l'épure d'un Bresson, Skolimoski suresthétise quasiment chacune de ses scènes. Alors si certains passages, dont une sublime errance animale dans la forêt, valent le détour, d'autres sont de la pure esbrouffe dépourvu de sens. La musique vient péniblement surligner la tristesse de la situation de l'animal mais le processus est vite lourd et lassant. Le propos aurait mérité un traitement plus radical , moins clinquant. Eo manque d'émotion, de chair. C'est un bel objet un peu arty avec une morale très convenue. Bref, je ne comprends pas le fol engouement critique.
    Bertrand Barbaud
    Bertrand Barbaud

    201 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 octobre 2022
    Skolimowski revisite modestement Bresson. Les ânes sont des animaux magnifiques. Le film l'est un peu moins. Il y a de grands moments de vide, d'incompréhension. Le réalisateur se fait vieux et sa verve d'antan a ici complètement disparu. Que vient faire Isabelle Huppert au milieu de tout ça? C'est la grosse question métaphysique que soulève ce film...
    Pierre Kuzor
    Pierre Kuzor

    110 abonnés 328 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 octobre 2022
    Ai vu « EO » de Jerzy Skolimowski dont le personnage principal est un âne. Le scénario est aussi bancal et fragile qu'Isabelle Huppert perchée sur ses escarpins Louboutin spoiler: dans la dernière scène du film
    . La photographie est aussi sublime que le maquillage d'Isabelle Huppert sur-exposée qui parait 32 ans spoiler: dans la dernière scène du film.
    La musique est aussi envahissante que les 12 phrases de dialogues qu'a Isabelle Huppert spoiler: dans la dernière scène du film
    qui dans son intégralité doit comporter 50 répliques grand maximum. EO est un âne qui spoiler: s'échappe
    d'un cirque et qui va vers son destin en traversant la Pologne pour arriver en Italie. Skolimowki enfonce des portes ouvertes (les humains sont des animaux, l'âne est un sage, les hommes sont violents, seules les femmes sont dignes d'empathie pour les autres, sauf Isabelle Huppert qui n'est pas un âne, mais plus tout à fait un être humain physiquement (en tous les cas dans ce film). La photographie est somptueuse, même si les filtres rouges quand le danger est omniprésent sont le b.a-ba du cinéma : même Beineix et Besson n'osaient être si didactiques (il faut dire qu'eux deux étaient surtout accro aux filtres bleus). Les situations sont toutes fabriquées et ne laissent que peu de place à une émotion. EO et les chevaux, EO et les éoliennes, EO et les insectes, EO et les footballeurs ; la multiplication des possibilités est à l'infini; un peu comme les Martine de notre enfance. Oui Skolimowski est un immense réalisateur, mais dans le cas présent il n'est pas aussi radical qu'un Jean-Luc Godard, ni aussi poétique et philosophique qu'un Terence Malick (encore qu'il l'est de moins en moins) pour que le film retienne une attention. C'est sublimement beau et vain.Cette semaine j''ai perdu le goût et l'odorat en période de post Covid peut être suis-je passé totalement à côté de ce film; Je dois rappeler que j';ai une passion pour Isabelle Huppert dont je suis et connais la carrière par coeur mais que parfois elle me fait peur tant elle devient une caricature d'elle même.
    Adelme d'Otrante
    Adelme d'Otrante

    175 abonnés 1 137 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 octobre 2022
    Les pérégrinations d'un âne amoureux qui regarde le monde à travers ses yeux mélancoliques. Avec un tel pitch on pourrait penser que le film est ennuyeux et bien pas du tout. J'ai été totalement conquis par les aventures de EO, par sa découverte d'un monde souvent absurde et brutal. EO nous regarde et remet notre humanité à sa place : nous sommes des animaux comme les autres. Sans doute plus cruels que les autres. Quand il croise son cousin prétentieux, le cheval, il le renvoie à sa condition d'animal stupide et esclave de l'homme lors de la scène la plus drôle du film. Lors de son voyage il entendra du Death Métal, deviendra la mascotte d'une équipe de foot, assistera à un meurtre, verra une belle-mère embrasser à pleine bouche son beau-fils. Et puis il rêvera. En rouge. L'image est sublime, Terrence Malick a sans doute apprécié. Le Sound design et la musique de Pawel Mykietyn sont de toute beauté. Le film le plus novateur, le plus envoûtant, le plus beau, le plus touchant et le plus libre de l'année a donc été réalisé par un jeune réalisateur polonais de...84 ans! Le jury cannois lui a décerné son prix, il méritait sans aucun doute la palme.
    Cinememories
    Cinememories

    481 abonnés 1 465 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 juin 2022
    L’un des fer-de-lance polonais a gagné en visibilité sur la croisette cette année. Outre Roman Polanski et Andrzej Wajda, Jerzy Skolimowski est un cinéaste qui n’hésite pas à suralimenter l’expérience de visionnage, afin de fluidifier sa narration, quitte à perdre une partie de son public. Il nous revient avec un objet purement sensoriel dans une sélection cannoise qui a déjà goûté à la palme. Pourtant, l’ambition de ce dernier n’est pas aussi luxuriante, elle se révèle même modeste, au prix de mille détours émotionnels. En misant sur le point de vue innocent d’un animal mélancolique, il brosse le portrait contemporain d’une nation à la fois sauvage, vivante et sans concession. Le visage du monde peut également se lire dans un coin, où certaines tendances sociales ne sont que les conséquences des mesures éthiques et capitalistes.

    Godard est dans chaque plan de cette odyssée, à l’image du roi d’Ithaque qui recherche éternellement son foyer. Eo est ainsi catapulté du cirque où il a été élevé avec un certain amour, celui d’accompagner Kassandra (Sandra Drzymalska) dans chacune de ses chutes, face à un public qui se satisfait de leur cœur saignant et encore tout chaud. Les gros plans se multiplient sur le désespoir de l’animal, dont on ne saura jamais s’il éprouve un besoin de renouer avec une nouvelle âme solitaire ou bien avec cet inconnu, qu’il sonde et qui le libère du joug de l’Homme. Eo est fatalement pris entre deux feux, entre la bienveillance et la brutalité d’un environnement qu’il ne peut que fuir, afin d’envisager un avenir, pourtant incertain. C’est toute cette tragédie qui anime le parcours de ce dernier, à travers les champs, les villages et les routes, où chaque escale est ponctuée par un jeu de regard entre l’animal et sa proie.

    Le fantôme de Robert Bresson règne dans tout le récit, sachant que le cinéaste polonais lui doit son élan. Comme « Au Hasard Balthazar », son héros croise la route de l’humanité, souvent comprimé dans ses propres déboires, ses propres intérêts, alors que lui reste là, à attendre qu’on le soutienne ou qu’on le libère de ce monde froid et repoussant. Ce ne sera pas aussi dépressif qu’on le pense, car d’autres instants empoignent l’amour pour Eo comme un acte de réconciliation et un acte de rébellion, face à la violence. Nul ne peut célébrer sans se blesser de nos jours et c’est un constat navrant que l’on lit dans les yeux de la bête, mais pas seulement. Skolimowski cherche à dépasser le noir et blanc de son aîné, par la force de la composition et du mouvement, comme si la vie de l’âne gris en dépendait. Travellings et codes de l’horreur, parfois fantastiques, sont les bienvenus dans les transitions ou les ruptures de ton soudaines.

    Ce sont dans ces moments précis, qu’« Eo » (Hi-Han) explore toutes les nuances entre le rêve et la cauchemar. La bande-originale sera également là pour nous rappeler cet inconnu qui s’empare de chacun de ses pas et de l’écran, un son qui agît comme une piqûre, là où on ne l’attend pas et qui est plaisant de recevoir. L’ignorance est la valeur la mieux entretenue par l’Homme, tout comme ses diverses formes de violences. Le verbe est donc économisé et l’image parle d’elle-même. C’est ce sur quoi le film prend son envol et c’est ce sur quoi l’âne et sa protectrice se séparent, au prix de larmes que le spectateur est en droit de partager.
    Critique Facile
    Critique Facile

    93 abonnés 116 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 août 2022
    https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/05/20/eo-hi-han-critique/

    Dès les premières images de EO, l’on a envie de pleurer chaque seconde sans trop savoir pourquoi. Ça s’appelle l’art dans sa subjectivité, ou la conjonctivite… Partons pour la première option. Avec ce que traverse d’abominable humanité pendant les 01H26 du film, cet Âne devient le signe des temps. Quel coup de sabot, quel génie… Une terrifiante allégorie de notre folie totale, de nos massacres ordinaires.

    L’Âne de Skolimowski est tendrement humain et on se dit que l’Oscar du meilleur acteur ne pourra pas lui échapper l’an prochain. Il y a forcément quelque chose de différent avec ce film, qui questionne l’humanité dysfonctionnelle et qui répète inlassablement sa barbarie journalière. En attendant le pire qui n’est jamais très loin, l’Âne aura rendu votre vie plus belle tant ce cinéma, si vous avez la chance d’être touché par lui, transforme cette proposition audacieuse et renversante en chef-d’œuvre.
    Tricastinette
    Tricastinette

    24 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 20 octobre 2022
    La violence du monde vu par un âne épris de liberté. Les images sur fond rouge la musique agressive tout contribue à nous laisser abasourdis et que vient faire ce passage avec Isabelle Huppert à la fin ?
    Bernard D.
    Bernard D.

    111 abonnés 613 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 janvier 2023
    « EO » du réalisateur polonais Jerzy Skolimowski (2022) s’inspire du film « Au hasard Balthazar » de Robert Bresson (1966) et a été présenté à Cannes sous le titre « Hi-Han » et y a remporté le Prix du jury.
    Son approche n’est pas évidente à la première lecture. Il s’agit en fait d’une « fable triste » sur l’humanité. Cet âne, EO, le compagnon aimé d’une danseuse de cirque, va parcourir après la fermeture de ce petit cirque, un chemin qu’on pourrait presque qualifier de chemin de croix (cf. la scène avec Isabelle Huppert et la dernière scène). A travers un œil très mélancolique grâce à sa sagesse il va être le témoin de la bêtise et de la violence des hommes au cours de scènes souvent filmées en rouge sang contrastant avec la beauté et la sagesse de la nature, de la forêt et de ses animaux la nuit, d’un ruisseau dans une forêt, des paysages sous la neige…
    Il est difficile d’en dire plus afin de « subir un choc sensoriel » lors de sa découverte sauf à dire qu’il a été réalisé par un cinéaste de près de 85 ans proche de Polanski et d’Andrzej Wajda, et que ce film est vraiment superbe en termes de lumière et d’image.
    Un film à méditer après l’avoir vu !
    islander29
    islander29

    857 abonnés 2 352 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 octobre 2022
    Si vous n'avez pas le moral, allez Voir Antoinette dans les Cévennes, son âne est heureux...Ce film est plutôt dramatique et touchant, la vie d'un âne n'est guère facile...On passe par tous les états, dans les yeux souvent perdus de l'animal...Cruel est le destin, une belle allégorie ou le silence et la musique dominent, où les rares dialogues sont ceux des hommes...C'est un film original, et unique car il délivre des messages plus sur l'humanité que sur les ânes, êtres innocents mais pas dépourvus d'intelligence et d'affect....Notons l'apparition étonnante et très courte d'Isabelle Huppert qui casse de la vaisselle, prise d'une soudine pulsion...étrangement....Le film est court, il a des passages psychadéliques, un peut lancinants hélas ' l'ai eu du mal avec ce rouge sang sur tout l'écran et la musique qui l'accompagnait...Violent....Bon c'est une allégorie du malheur, mais n'est ce pas notre chemin bien souvent dans cette vie;...Je conseille sans insister, mais c'est assez beau , presque une parabole...
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