Auréolé du succès critique et public de Parasite, Bong Joon-Ho est de retour aux États-Unis avec Mickey 17. Film repoussé de multiples fois, le projet très attendu sort enfin en salle.
On y suit Mickey, un « remplaçable », ouvrier de l’espace il effectue des tâches mortelles et est à chaque fois régénéré en un nouveau clone. Il part avec une mission de colonisation d’une planète glacée menée par un homme politique déchu.
Ce film de science-fiction permet au réalisateur d’amener dans l’espace ses thèmes favoris de lutte des classe, d’inégalités sociales, de critique des élites et des politiques et ici une critique de la colonisation.
Le film est d’abord extrêmement brouillon, les divers conflits avec les producteurs et les remontages du film peuvent peut-être expliquer un script imparfait et confus.
Le film se perd en sous-intrigues inexploités (
l’enfance du héros, les passages de flashback sur Terre, le tueur en série scientifique
) quand des personnages sont tout simplement abandonnés ou laissés sur le carreau au cours du film.
L’histoire en elle-même est plutôt intéressant au début avant de tomber dans le catastrophique, à mesure que le film sombre de plus en plus dans la carricature.
Car oui, Bong-Joon Ho pousse le trait pour marteler son propos et rend ses personnages et situations tellement caricaturaux qu’ils en deviennent ridicules. Les acteurs cabotinent notamment Mark Ruffalo qui campe un Trump de l’espace (avec casquette et cravate rouge, pas de danse, et émissions de TV) et son épouse jouée par Toni Colette. L’absurdité des situations et des réactions et choix des personnages rend le film difficile à suivre d’autant que l’humour généralement très lourd fonctionne très peu, sur moi en tout cas.
Le film aborde des questions très actuelles, celle du clonage et si les questions éthiques sont traitées au début on laisse à peut près tout tomber encore une fois au cours du film, la présence des deux clones qui pourrait être très intéressante n’a pas vraiment d’importance réelle, de même que la question des drogues abordée puis finalement sans importance et réel traitement non plus.
Là où un gros budget pouvait laisser espérer un film de SF ambitieux il n’en est rien. Les designs des vaisseaux, costumes et divers éléments de décors sont totalement inintéressants, tout est étriqué rien n’est spectaculaire de même que la planète visitée et ses animaux, qui ne bénéficient d’aucun effort de création.
On retiendra tout de même la bonne prestation de Robert Pattinson qui arrive à incarner les deux clones, en leur offrant deux personnalités distinctes pour ne pas perdre le spectateur.
Alors il est possible que ce film soit une provocation à l’égard des producteurs et à l’industrie hollywoodienne en général, mais ça donne finalement un film raté et oubliable.
Espérons le retour au plus vite de Bong-Joon Ho dans le cinéma coréen.