L'après-Parasite ressemble à donc à cela : une entreprise digne d'un blockbuster, mais idéologiquement à contre-courant, qui recycle quelques-unes des idées des œuvres précédentes de Bong Joon-ho, à commencer par Okja, et dont la veine sarcastique s'attaque, sans prendre de gants, à l'impérialisme et au suprémacisme américains. Le côté spectaculaire de la fable est indéniable mais celle-ci aurait été plus jubilatoire sans quelques lourdeurs, notamment dans la description des méchants de l'histoire, et profusion des thèmes et des personnages, pas tous d'égal intérêt. L'aspect science sans conscience, comme outil d'un pouvoir fascisant, rappelle certaines réalités actuelles et inscrit parfaitement le film dans un registre politique et humain mais c'est un peu au détriment d'une intrigue centrale qui perd de son efficacité et de sa clarté. Ce n'est pas beau de copier, le réalisateur pousse le curseur jusqu'à son extrême mais si l'on en apprécie l'humour noir, voire le cynisme, l'émotion ne palpite guère dans Mickey 17, dont on souscrit au message global mais qui semble un peu trop dévolu aux arabesques virtuoses d'une mise en scène époustouflante. C'est un peu le même sentiment ressenti devant les deux épisodes de Dune : quand c'est grandiose et ébouriffant, ce n'est pas nécessairement touchant.