Six ans après son chef-d'œuvre PARASITE, Bong Joon Ho revient avec son nouveau film MICKEY 17. Étant un grand fan du réalisateur, c'était même devenu le film que j'attendais le plus cette année.
J'ai donc évité toute image et tout texte en rapport avec le film, et j'ai bien fait, car la bande-annonce dévoile beaucoup trop de choses sur les nœuds du récit.
Pour faire simple, Mickey décide de partir vivre dans une colonie spatiale pour fuir ses dettes. Il se tuera littéralement à la tâche dans une entreprise qui le sacrifiera continuellement à travers des expériences et autres travaux à haut risque. À chaque mort, une nouvelle version de lui-même sera réimprimée, tout en conservant intacte sa mémoire.
L’idée de base est fascinante et, comme à son habitude, Bong Joon Ho mélange les genres pour nous livrer ici une comédie satirique de science-fiction. C'est même un film somme, où le réalisateur met tout ce qui lui est cher dans son cinéma. On retrouve un héros un peu simplet, la lutte des classes, la critique du capitalisme, mais aussi l'écologie… Comme souvent, il nous tend un miroir de notre société.
Mais le réalisateur ne fait pas dans la dentelle et pousse les curseurs à fond, au point d'en faire une comédie déjantée et parfois déroutante, dont l'humour burlesque risque de laisser une partie des spectateurs sur le bas-côté.
Le film est ainsi à l'image de son antagoniste, un politicien égocentrique qui est un mélange caricatural entre Donald Trump et Elon Musk. Dans ce rôle, Mark Ruffalo est en roue libre, avec un surjeu totalement jouissif, tout comme Toni Collette, qui en fait des caisses en incarnant son épouse manipulatrice.
Le film colle ainsi parfaitement à l’actualité, et la réalité semble même avoir dépassé la fiction…
Comme à son habitude, Robert Pattinson livre une très bonne prestation en incarnant les diverses versions du fameux Mickey. On n'est pas vraiment habitué à le voir interpréter un personnage aussi léger, mais il s'en sort très bien dans la comédie.
Par contre, à trop vouloir mélanger les genres et les thèmes, le film s'éparpille au point de devenir un joyeux bordel. Il multiplie les arcs narratifs sans vraiment les exploiter, les rendant parfois anecdotiques. C'est le cas, par exemple, du personnage d'Anamaria Vartolomei, qui apportait une certaine profondeur au récit avant de disparaître totalement de l'intrigue.
D’autant plus que le film est assez long, avec parfois un rythme inégal, notamment dans ce dernier acte interminable.
Le film s'éloigne donc malheureusement de son sujet principal, que j’aurais aimé voir plus développé : la crise existentielle de Mickey et sa peur de mourir, mais aussi le dilemme moral que pose son sacrifice, lui qui est considéré comme un simple objet que l'on peut jeter et interchanger pour le bien de l'humanité.
Au niveau de la réalisation, le film est visuellement très propre, avec des effets spéciaux bien intégrés, mais on regrettera tout de même une mise en scène qui manque d'inventivité par rapport aux autres films du réalisateur.
De même, la photographie est de qualité, mais si son côté terne colle avec le propos dystopique du film, il aurait peut-être été plus judicieux qu'elle soit plus flashy, tant le côté satirique et grandiloquent est mis en avant tout au long du film.
Bref, c’est pour moi un Bong Joon Ho mineur. Alors, ça n’en fait pas un mauvais film, et j’ai même pris un certain plaisir devant, mais j’ai tout de même un sentiment de gâchis…
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