Les bons films traversent les âges, et ce, en dépit d'une esthétique cheap et d'effets spéciaux dépassés. On remerciera le Magicien d'Oz de 1939 d'avoir su imprimer des images marquantes, en raison d'un passage à la couleur réussi. Mais force est de reconnaître que, aujourd'hui, le film a pris un sacré coup de vieux.
Visuellement, les costumes de l'époque font aujourd'hui très amateurs. En plus de sur-maquiller les interprètes, on les affuble d'ensembles, même pour l'époque, ringards. Les limites du studio de tournage s'observent dans chaque plan large, où les fresques murales essaient, en vain, de simuler un effet de profondeur. Le plastique, jugé comme haut de gamme en 1939, se retrouve dans de nombreux accessoires. Avec un regard contemporain, on a l'impression de voir, au mieux, un film amateur, au pire, un spectacle de fin d'année de collégiens.
Mais ce côté kitsch se retrouve aussi dans l'écriture des personnages. Dorothy incarne la naïveté à son paroxysme, tandis que les trois olibrius qui l'accompagnent recherchent, avec un maniérisme usant, des vertus qu'ils ne posséderaient pas – alors que, contre toute attente, si. La sorcière, quant à elle, est un personnage de cartoon, les lutins aussi.
Le choix d'adapter le récit de Baum en prise de vue réelles, et non en animation, relève d'un pari risqué : celui de réussir à retranscrire toute la féérie de l'œuvre, sans sombrer dans la bouffonnerie ou la comptine pour enfant. Dans cette adaptation, l'univers a plus de quoi mettre mal à l'aise que d'émerveiller.
On n'évoquera pas la lecture répugnante que peut suggérer la mise en scène d'une fillette entourée de trois hommes ; ni le caractère dégradant, pour les lilliputiens, de pousser la chansonnette dans des costumes ridicules ; ni la sorcière, méchante au point d'avoir la peau verte, le nez crochu et de vivre dans un château sombre. Et on n'évoquera encore moins les conditions de tournage désastreuses auxquelles ont fait face, entre autres, les interprètes : maquillage toxique, brûlure, cacheton pour annuler la fatigue, corset, salaire de misère.
Comme dans Alice au pays des merveilles, c'est davantage vers le symbolisme des personnages qu'on aurait aimé que le film se penche. Qu'est-ce qu'avoir du cœur ? Qu'est-ce qu'avoir de l'esprit ? Comment se concrétise le courage ? Le crédit que l'on accorde à une entité conseillère vaut-il pour le conseil donné, ou pour a personne qui le prononce ?
Pas mal de thématiques diluées dans un gloubi-boulga bigarré, saupoudré d'une mièvrerie binaire infantilisante.