Si j’en juge par la majorité des commentaires, La salle des profs, qui était sélectionné pour les Oscars 2024 dans la catégorie "Meilleur film international" (prix logiquement attribué à La Zone d'intérêt), serait "un thriller haletant et étouffant". Pour ma part, je n’ai malheureusement rien ressenti de tout cela.
L’idée était plutôt intéressante, mais très vite film tourne à la démonstration, au "film dossier" (de l’écran), prémâchant le travail au spectateur qui n'a plus grand chose à faire sinon sinon accepter le déroulement très mécanique du scénario, avec aussi pas mal de grosses ficelles ici là.
La salle des profs se déroule en huit clos, dans un collège à l’architecture adéquate pour faciliter la mise en scène du réalisateur İlker Çatak. L’histoire démarre par une série de vols dans ce collège où l’administration va lamentablement gérer l’affaire et entraîner, par effet boule de neige, des tensions entre professeurs, élèves, mais aussi parents d’élèves. Au centre de ces conflits, il y a une jeune professeure (Leonie Benesch, parfaite dans le rôle) fraichement nommée, idéaliste, pleine de principes mais dont les choix, les actes et les décisions vont la conduire dans une situation très critique.
L'un des problèmes majeur du film réside dans la caractérisation de ses personnages, tous enfermés dans des archétypes qui ne bougeront pas du début à la fin. Et croyez-moi, la charge est lourde, à l’image de cette équipe de jeunes journalistes amateurs qui, en moins de deux, vont transformer leur salle de rédaction (deux ordinateurs et une table) en une sorte de tribunal, clouant au pilori la pauvre enseignante avec leurs questions sentencieuses, dont les réponses seront reprises et même déformées dans leur journal scolaire. À côté, Mediapart, c’est le journal de Mickey !
On veut bien adhérer au projet de İlker Çatak, mais, beaucoup trop de choses sonnent faux ou outrancières dans ce collège où les profs font de l’ingérence en permanence, abandonnant leur classe sans souci, où la Vie scolaire n’existe pas, où la direction fait preuve d’un amateurisme tel que cela en devient presque risible par moment. Mais peu importe les grosses ficelles, car on sent que le réalisateur veut avant tout maintenir la tension en permanence dans son film, quitte à multiplier les exagérations.
Bref, on est très loin de la subtilité d'un Asghar Farhadi ou d'une Justine Triet, cinéastes auxquels on pense pour cette volonté commune de faire un cinéma à la fois psychologique, social et moral. Car, malgré ses bonnes intentions du réalisateur et une belle qualité de mise en scène, La salle des profs reste malheureusement bien trop simpliste et démonstratif dans ce qu’il veut dire, pour convaincre.
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