Bien que se déroulant presque uniquement dans un collège de Hambourg, le film est un vrai thriller, sans effets spectaculaires, avec un climat de tension perpétuelle, un huis-clos scolaire, rendu possible grâce au scénario et au montage rapide et sec. A déconseiller à ceux qui veulent embrasser la carrière d’enseignant ! (25 000 postes sont vacants en Allemagne). A partir d’une série de vols que la directrice du collège et les enseignants vont tenter d’élucider, pas toujours de façon adroite, une mécanique implacable se met en marche, semant le désordre dans l’école. Le personnage central est Carla Nowak (superbement interprétée par Leonie BENESCH), professeur principal de mathématiques (matière qui n’est pas choisie au hasard) et d’éducation physique (situation courante en Allemagne), qui tente de rester objective, sans faire de vagues. En vain, se retrouvant, en plus, parmi les accusés. Belle métaphore de la société, où bienveillance et efficacité (
incitation à la délation, personne filmée à son insu
) ne vont pas toujours de pair, avec un racisme latent (
vis-à-vis des émigrés, ici Turcs, voire des non-Allemands, Carla étant d’origine Polonaise
), une injonction à la transparence, une prétention à détenir la vérité (surtout chez les collégiens qui rédigent le journal de l’école, se prenant pour des chevaliers blancs de l’information, et même pour les parents d’élèves qui n’ont pas tous les éléments). Même si le sujet diffère, le film est de la même pâte que « L’ennemi de la classe » (2013) du Slovène Rok Biček qui traite de la mise en cause par des lycéens d’un professeur d’allemand, jugé trop strict. De façon méritée, à la 73e cérémonie des Deutscher Filmpreis 2023 (équivalent des Césars français), le film a obtenu les Lolas du meilleur film, de la meilleure réalisation, du meilleur scénario, de la meilleure actrice (Leonie Benesch) et du meilleur montage (Gesa JÄGER).