C’est le remake du film de Rainer Werner Fassbinder (1945-1982), « Les larmes amères de Petra von Kant » (1972), adapté de la pièce éponyme du réalisateur allemand. C’est la 3e fois que François Ozon adapte une pièce de théâtre, après « Huit femmes » (2001) [de Robert Thomas (1927-1989)] et « Potiche » (2010) [de Pierre Barillet (1923-2019) et Jean-Pierre Gredy (1920-2022)]. Ici, Peter von Kant est un metteur en scène alors que Petra von Kant était une créatrice de mode dans le film allemand. Est-ce Fassbinder ? Est-ce Ozon ? Quelle drôle d’idée d’avoir voulu adapter le film de Fassbinder, à la même époque (1972) qui est déjà très théâtral comme très souvent ! C’est une histoire d’amour avec son lot d’aliénation et de déception et qui n’a rien d’originale [cf. « Ma vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh], même homosexuelle, d’autant que les dialogues du début relèvent du soap opera, façon « Plus belle la vie » (18 saisons et 4 666 épisodes !) et la fin, du théâtre de boulevard ! Denis MÉNOCHET joue très bien Peter von Kant, cinéaste vivant à Cologne, mais il est difficile de s’y intéresser (on commence à trouver le temps long au bout d’une heure), tellement le personnage est excessif dans sa passion (amoureuse et cinématographique) et sa souffrance qui le rend odieux vis-à-vis de sa mère. Il rappelle d’ailleurs Hélène, double d’Annie Ernaux, dans « Passion simple » (2020) de Danielle Arbid. Idem pour les autres personnages : Amir (Khalil Ben GHARBIA, 23 ans), arriviste et égoïste, Sidonie (Isabelle ADJANI, 67 ans), caricature d’actrice célèbre et cocaïnomane. Seul Karl (Stefan CREPON), esclave mutique du cinéaste, est le plus intéressant. Coquetterie de François Ozon : Hanna Schygulla (79 ans) qui interprète la mère de Peter von Kant, jouait, à 28 ans, la jeune Karin, équivalent d’Amir, dans le film de Fassbinder et dont elle était son égérie (16 films de 1969 à 1981).