Peter Von Kant (Denis Ménochet), célèbre réalisateur à succès, habite avec son assistant Karl (Stefan Crepon), qu'il se plaît à maltraiter et à humilier. Grâce à la grande actrice Sidonie (Isabelle Adjani), il rencontre et s'éprend d'Amir (Khalil Gharbia), un beau jeune homme d'origine modeste. Il lui propose de partager son appartement et de bénéficier de ses appuis pour se lancer dans le cinéma.
Je suis la carrière de François Ozon depuis le début, depuis "Sitcom". Il a produit de véritables perles, telles "8 femmes", "Potiche" ou encore, plus récemment, "Été 85", qui a révélé Benjamin Voisin. Mais, comme certains cépages, Ozon a ses bons et ses mauvais crus, et on ne peut pas dire que son dernier film fasse partie de la première catégorie. C'est long, parfois même très long (et pourtant le film dure moins d'une heure et demie), comme cette scène pseudo-philosophique entre Peter et Sidonie, au début du film. Le jeu n'est pas toujours à la hauteur et on se demande parfois si on est dans un mauvais vaudeville ou dans une tragédie surjouée, Ozon prenant manifestement davantage de temps à filmer un éphèbe nu qu'à s'intéresser au jeu de ses comédiens. Même le plaisir de revoir la grande Isabelle Adjani au cinéma ne suffit pas à nous faire nous intéresser à l'histoire. Celle-ci est d’ailleurs on ne peut plus classique et a déjà été traitée des milliers de fois au cinéma, même en version gay : un homme tombe éperdument amoureux de quelqu'un qui se joue de lui, la discorde s'installe, la rupture arrive et l'homme pète les plombs. Voilà l'originalité !
Ajoutez à cela la "modestie" d'Ozon, dont seul le nom est cité durant le générique du début (alors qu'il y a quand même Adjani dans le film !).
Je tiens tout de même à saluer la performance de Khalil Gharbia, très convaincant dans le rôle du jeune Amir, qui ne se contente pas d'avoir un physique avantageux, mais se montre excellent comédien et tout particulièrement je salue l'excellent jeu de Stefan Crepon, dans un rôle muet (l'un des plus difficiles à tenir) et qui, avec de simples expressions faciales, sait nous renseigner sur les sentiments de son personnage. Arriver à être omniprésent pendant tout le film sans prononcer un seul mot, chapeau ! Il est d'ailleurs scandaleux que son visage ne figure pas sur l'affiche, car il a un rôle plus conséquent que ceux des deux actrices.
Bref, le film n'est pas loupé, évidemment, mais disons qu'il est loin d'être indispensable de le visionner.