Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur sous les dreadlocks et le pétard, au profit d'un court laps de temps (son album Exodus). On sera donc incollable sur sa période londonienne, et sur la création de son album numéro 1, mais pour connaître sa vie, on peut retourner ouvrir son bouquin (ou son docu Arte). Son enfance compliquée, ses débuts avec les Wailers (comment les a-t-il rencontré ? Le succès de leur premier album ?), son combat politique expédié, sa maladie (cinq minutes), ses rapports complexes avec ses enfants (il en a reconnu 12, pour une trentaine estimée), son concert mythique de 1978 qu'on attend fébrilement... et qui n'est pas montré à la fin. *Soupir*, on va tirer un bon coup sur notre pétard... Alors oui, on a beau être (très) fan de sa musique, des messages de paix et de la philosophie épicurienne qu'il véhicule, on pense que ce One Love reste uniquement une petite porte d'entrée commerciale (toute la famille Marley est à la production... Ah, c'est pour ça, le côté "sage") pour les néophytes, et un cirage de pompes pas très fin pour les fans (on mange environ 3 ou 4 fois chaque chanson, c'est l'overdose). Pour le combat politique, on égratigne la surface, et l'image-clé pacifiste du concert de 1978 est reléguée en image d'archive dans le générique de fin. "Mais, mais, mais..." Ces trente secondes de pure paix entre deux chefs politiques violents sont une claque, un symbole tellement puissant qu'on en oublie instantanément les deux heures de film qui ont précédé, et on se demande pourquoi One Love n'en a pas justement fait son apothéose finale (un gâchis). Heureusement que Kingsley Ben-Adir (celui qui est capable de passer de la figure solennelle de Malcolm X à un Ken décérébré, et d'être excellent dans les deux rôles) est là, avec sa bonhommie nonchalante qui va très bien au personnage, heureusement que les deux premières fois de chaque chanson sont agréables (avant la saturation), heureusement que ce One Love rappelle très simplement à son public d'être un peu plus "cool, rasta" avec son prochain, un message dont on a plus que besoin. Quel dommage que ce biopic se révèle être un pétard...mouillé.