Le ravagé Lars von Trier est incontestablement une personne qui ne fait rien comme tout le monde, il l'a déjà bien prouvé, qui aurait osé tourner un film comme Dogville appart lui ? Je vous le demande.
Un film que je qualifierai de livre joué en pièce de théâtre tourné comme un film, le faite de ne jouer uniquement sur un seul et même plateau, que les maisons soit invisibles, que les choses importantes comme les arbres, le chien, les murs soit marqué à la craie au sol, que tout soit ouvert, qu'il n'y aucune frontière, pas de porte, nul part ou se cacher c'est si troublant, déboussolant et inventif à la fois.
C'est d'une originalité folle, et c'est surtout un défi que j'imagine très dur à relever, tout repose sur les acteurs, ils doivent ouvrir des portes invisibles, ils doivent faire gaffe ou ils regardent, penser aux murs, imaginer le décor tout comme le spectateur, c'est un vrai chamboulement de regarder un film de 3h presque sans décors, la lumière est très importante, la gestuelle des acteurs est millimétrée au poil de c.., c'est un travail d’orfèvre.
Le texte est sans nul doute LE point fort du film car tout repose sur lui, un film divisé en 9 chapitres emmené par un narrateur aux paroles profonde et magnifiquement travaillé, dans ce décors mystérieux se pavane une petite tripoté d'acteurs tous aussi incroyable les uns que les autres comme Nicole Kidman, absolument méconnaissable et bouleversante dans le rôle de la pauvre Grace, Paul Bettany extraordinaire, Stellan Skarsgård (ami fidèle de Von Trier) splendide, Ben Gazzara, Jeremy Davies, Siobhan Fallon, Chloë Sevigny, Patricia Clarkson, Blair Brown, Philip Baker Hall, Zeljko Ivanek, James Caan... en bref que de talent réuni sur un si petit terrain de jeu pour se donner la réplique.
Evidemment un casting royal ne fait pas tout, il faut un scénario qui tient la route, et à ce niveau là Von Trier est toujours soigneux et jamais décevant puisqu'il signe ici une véritable prouesse, car pour faire tenir le spectateur éveillée pendant 3h sans aucun décors il faut un p*tain de scénario et surtout un p*tain de bon texte. Et bien c'est le cas, l'on nous livre un texte tellement profond et dur, une morale impeccable, une poésie malsaine comme notre ami Lars aime les faire, une pure merveille d’écriture, qu'on ne vienne pas me dire après que Von Trier ne veut que faire du cul ou nous sortir ses pulsions malsaine caché derrière sa camera car c'est une foutu connerie, LARS VON TRIER est un artiste et oui j'ai pas peur de le dire ce mec pond des chefs d'oeuvre à la pelle, un tel talent c'est presque effrayant^^.
De plus et cela ne plait surement pas à tout le monde mais personnellement j'adore il a une réalisation splendide, camera à l’épaule il est avec ses acteurs, il est présent tout le temps, il ne se cache pas derrière un plan fixe de 20 minutes (ceci n'est pas un reproche, j'adore les plans fixe à la Coen et autres) mais Von Trier on sent qu'il veut être là, qu'il veut bouger, c'est un style comme tant d'autre et moi j'adore.
Bref après tout cela que reste t'il ? La bande son, non ? Et bien elle est comme le film sublime, y'a pas grand chose de plus à dire, ce film est un et ceci est incontestable pur CHEF D’ŒUVRE ni plus ni moins.
Merci Lars pour ce fabuleux monument du 7éme art !
PS: Petite anecdote, Von Trier aurait enfermé sa troupe d'acteur pendant 6 semaines dans un studio le temps du tournage pour qu'il se familiarise et s'imagine ensemble le décor.
Une chose épatante et culotté !^^