Remake du long métrage de même nom signé Akira Kurosawa, Living transpose la désincarnation depuis le Japon vers l’Angleterre d’après-guerre, se saisissant alors des travaux de reconstruction comme d’une métaphore du dernier combat entrepris par un fonctionnaire se sachant condamné pour réhabiliter un espace pollué, sale et dangereux, symbole de l’ancien temps, et en faire un jardin d’enfants. Malgré des lourdeurs présentes dans les dialogues hagiographiques et dans la réalisation, dont les emprunts à Xavier Dolan ou Wong Kar-Wai sont à ce point visibles qu’ils peuvent empêcher, pendant la première demi-heure surtout, l’immersion du spectateur, le film réussit à émouvoir en réactualisant l’immobilisme administratif, reflet d’un figement social de l’existence des hommes et des femmes qui s’y investissent, reflet d’un figement culturel inhérent au modèle du gentleman anglais évoqué par le personnage de M. Williams, fonctionnaire dépourvu de prénom, veuf et inconsolé. Le recours à un réalisateur sud-africain, Oliver Hermanus, facilite ce point de vue extérieur porté sur le microcosme londonien, que redouble l’introduction à la mairie d’un nouveau venu, Peter Wakeling, promenant sur les normes et coutumes un œil amusé.
Si Living diffuse une belle mélancolie, quelque peu affaiblie par l’artificialité et la diversité des moyens mis en œuvre pour la représenter, c’est essentiellement grâce à l’interprétation magistrale de Bill Nighy, tout en retenue et éloquent par ses non-dits, ses silences, ses regards pénétrants. Une petite réussite.