So british emotion
J’avoue humblement que ce drame est le 1er film du sud africain Oliver Hermanus que je vois. Ce n’est pas seulement de la négligence, mais il faut dire que ses précédents films sont passés plutôt inaperçu. Heureusement, arrivent sur nos écrans ces 102 minutes bouleversantes de justesse et de sobriété. 1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie. Une superbe histoire, un acteur magnifique, de l’émotion, de l’humour… un régal !
Adapté très fidèlement du film de 1952 signé par l’immense Kurozawa, Ikuru, ce film est le portrait d’un homme né à l'époque édouardienne, très rigide et conformiste, engoncé dans les convenances et qui ne sait vraiment pas comment casser cette image. Ce n’est tout simplement pas son genre et c’est uniquement ce diagnostic tragique et les rencontres – qu’il finit par accepter -, qui vont le sortir de la profonde neurasthénie qui l’empêchait de se projeter dans le futur ; En bref, le parcours initiatique d’un septuagénaire en fin de vie. On rit, on sourit, on pleure… ce film c’est la vie, la vraie, le tout joliment mis en scène et porté par un casting inspiré dans le sillage d’un acteur en état de grâce. Une pépite !
Bill Nighy hante les écrans depuis 1980 promenant sa haute silhouette et son humour de film en film. Personnellement, je l’avais repéré dans les 2 Indian Palace et pour ses participations dans la saga d’Harry Potter. Il est magnifique de bout en bout et reste la meilleure raison de ne pas rater ce petit bijou. A ses côtés, tout le monde est au diapason, en particulier Aimée Lou Wood et Alex Sharp. Une superbe réflexion sur l’apathie existentielle sublimée par un acteur majuscule qui sait, avec un sens rare du silence, un jeu minimaliste, - un haussement de sourcil, un sourire imperceptible -, donner une épaisseur rare à un personnage, a priori monolithique, et qui va s’avérer d’une rare complexité. Et malgré le drame, on sort de là optimiste en se disant qu’il n’y a pas d’âge pour embrasser la vie.