En 1952, le japonais Akira Kurosawa avait réalisé "Ikiru", sorti en France avec le titre "vivre", traduction en français du titre japonais, l'histoire d'un homme qui se métamorphose lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer, un scénario plus ou moins inspiré par "La mort d'Ivan Ilitch" de Léon Tolstoï, une charge contre le conservatisme de la société japonaise minée par un enchevêtrement administratif, une réalisation lorgnant vers le néoréalisme italien de l'époque. Le "Vivre" de 2022 est un remake de ce film, avec un scénario écrit par le romancier Kazuo Ishiguro, japonais d'origine, de nationalité anglaise depuis 1983 et Prix Nobel de littérature en 2017, avec une action se déroulant en 1953, à peu près donc à la même époque que l'original. Quant au réalisateur, la production ne souhaitant pas qu'il soit britannique, il a été fait appel au sud-africain Oliver Hermanus à qui on doit le récent "Moffie". Malgré la très grande qualité de la lumière et de la photographie du sud-africain Jamie Ramsey, une qualité qu'on retrouvera tout au long du film, la première demi-heure du film s'apparente à un calvaire pour le spectateur : mise en scène paresseuse, personnages totalement atones : des fonctionnaires d'un service de la municipalité de Londres, un service débordé par la reconstruction de la ville après les dommages causés par la guerre, des fonctionnaires qui, chef compris, passent leur temps à procrastiner. Ce chef, c'est Mr Williams, surnommé Mr Zombie, un homme raide comme un piquet, triste comme un jour sans chant d'oiseau. Lorsque cet homme apprend qu'il a un cancer, il commence par se laisser entrainer dans divers cabarets et le film n'y gagne en rien. C'est seulement lorsqu'il décide de s'inspirer de la joie de vivre de Miss Smith, une jeune femme qui travaillait avec lui, que le film, comme le personnage de Mr Williams, commence à vivre, avec une émotion qui va grandissante.