C’est une réalisation de Eric Gravel cinq ans après son premier film Crash Test Aglaé. Il en a aussi écrit le scénario. À plein temps a obtenu les prix du Meilleur Réalisateur et de la Meilleure Actrice pour Laure Calamy dans la section Orizzonti à la Mostra de Venise 2021.
Ce film nous plonge dans le cauchemar de ceux prenant les transports pour aller au travail, c'est-à-dire les grèves. Comment une mère de famille célibataire travaillant sur Paris, mais vivant en grande banlieue, va-t-elle faire pour s'en sortir s’il n’y a pas de train. Entre faire garder ses enfants et les retards à son travail, cela va être compliqué. L’idée est intéressante, mais il est toutefois regrettable que le film passe quasiment sous silence la raison de cette grève. Si on est attentif, on peut l'entendre au début du film en fond, mais ce n'est pas suffisant. Dans un film à connotation sociale, il est important de bien mettre le contexte en place, pour comprendre les raisons.
Un drame social à la française qui est le reflet d’une classe populaire qui n’arrive pas à s’en sortir et qui a le sentiment que tout va contre elle. Julie a des obligations et ne peut s’en défaire. Tout ce qu’il y a autour ne l'arrange pas pour améliorer sa situation. Elle n’a pas les moyens d’habiter la proche banlieue et tout en offrant un cadre de vie convenable à ses enfants. C’est donc la raison de cet éloignement. D’ailleurs, dès qu’elle passe devant un immeuble HLM, il y a une focalisation dessus comme pour montrer son angoisse d’un jour devoir habiter là si elle veut se rapprocher de Paris. Bien entendu, elle n'a pas les moyens de réparer sa voiture donc elle va subir de plein fouet, c’est grève. Entre l'envie de décrocher un nouveau travail et la difficulté de garder le sien, Julie montre une équipe fragile de la classe populaire. Les gens n’ont pas le luxe de changer d’emploi comme ils veulent.
La musique est très importante dans ce film, car elle va symboliser l’angoisse permanente de notre personnage. Sa vie est une course contre la montre où elle doit toujours se dépêcher. Cette ambiance sonore est oppressante pour qu’on ressente ce qu’il y a dans la tête de notre personnage. Laure Calamy est excellente dans ce rôle. L’actrice maîtrise parfaitement son personnage. On va la voir subir et faire souvent les mauvais choix. Malheureusement, c'est aussi l'un des propres de la classe populaire. Des gens tellement pressés par le temps et l'argent, qu'ils n'ont pas le luxe de la réflexion et donc de prendre toujours les bonnes décisions.
Malheureusement, le film va un peu trop loin sur certains points. Il y a des scènes qui sont faites pour accentuer le côté dramatique, mais qui sortent un peu du cadre réel. Ces petits instants, où le curseur est mal placé, vont déconnecter un peu. En plus de cela, le rythme n’est pas forcément toujours bien géré. On passe de situations de tension ultime, à des moments de calme plat, notamment quand elle est chez elle. Certes, il y a une pression avec les enfants qui ne laissent pas aucun répit, mais ça ne ressort pas aussi bien.