Le côté (volontairement) clinquant de ces années 50 réinventées par Olivia Wilde aurait pu coincer 'Don't worry darling' dans l'angle mort des oeuvres un peu trop tapageuses pour être considérées avec sérieux. Pourtant, cette variation moderne, sciencefictionnelle et plus féministe que jamais des “Femmes de Stepford’ de Ira Levin, fonctionne bien, très bien même, même si, quand on possède une connaissance approfondie de la littérature et du cinéma, on ne sera peut-être pas aussi surpris qu’on aurait pu l’être. Au sein d’une Company town idyllique plantée au milieu du désert, les femmes mènent une vie domestique bien réglée pendant que monsieur est au travail, et profitent de l’intervalle entre ménage matinal et préparation du dîner pour profiter de la piscine, du club de yoga et des cocktails. Quelques règles simples à respecter - par exemple, ne pas se rendre au siège de la compagnie - et le bonheur est assuré…du moins jusqu’à ce que cette mécanique bien huilée commence à se détraquer. Pour Alice Chambers, cela commence par des visions mystérieuses et la conviction qu’elle est, d’une manière ou d’une autre, prisonnière de sa propre vie…mais de quelle manière ? Mis en scène avec un rythme et un sens du mouvement impeccables, sans volonté aucune de faire “auteur”, rondement mené et écrit et capable d’assurer des rebondissements intermédiaires dignes de ce nom, ‘Don’t worry darling’ parvient à s’imposer comme un Thriller plus dynamique que la moyenne, la crédibilité de ces existences mornes sous leur vernis d’hédonisme étant assuré par la performance des actrices (et n’oublions pas les acteurs, très à l’aise dans leur rôle de salarymen conformistes planqués derrière une façade d’ambition conquérante). Après, c’est vrai qu’on sent que Olivia Wilde s’est nourrie de nombreuses ’influences très visibles à l’écran, du ‘Truman show’ à ‘Matrix’ en passant par ‘Westworld’ et ‘Wandavision’...mais ce n’est pas non plus comme si le cinéma hollywoodien ne nous avait pas habitué à de multiples variations sur le même thème