Les détesteurs détesteront.
Oui, j’aime le cinéma de Shyamalan. Ceci étant précisé, me voilà positionné dans la guerre de tranchées concernant notre bonhomme. Old est son dernier film en date. Les anti ne seront pas surpris, les pro non plus. C’est en effet du Shyamalan.
Une petite famille en crise passe ses dernières vacances sur une île paradisiaque. Pour eux, c’est formule all inclusive avec cocktails, chambre design et recommandation spéciale du patron. Le meilleur coin de l’île serait une plage difficilement accessible. Sitôt dit, sitôt fait, l’hôtel les amène là-bas avec d’autres clients. Et en effet, c’est beau. Mais très vite, des phénomènes étranges se produisent. Des phénomènes qu’il est toujours préférables de ne pas révéler.
Fidèle à sa narration, Shy prend son temps pour installer son histoire et ses personnages. Et parce qu’il est le meilleur conteur fantastique de sa génération (oui oui) l’étrange survient quand on ne l’attend pas et met en doute la réalité et la perception de celle-ci. A la manière de Split, le Village ou The Visit, c’est un huis clos. Et si l’enfer c’est les autres, c’est particulièrement vrai quand ils sont poussés dans leurs derniers retranchements. Le premier enjeu sera donc de mettre les personnages face à leurs peurs individuelles et de voir comment ils gèrent. Au milieu de tout ça, il y a le spectateur. Il se pose les mêmes questions que les protagonistes et ne dispose pas d’éléments de compréhension supplémentaires. La focalisation interne chère au récit fantastique, c’est la nôtre. Ça et là, on nous indique un regard extérieur, celui d’un metteur en scène qui observe les réactions, celles des personnages et donc les nôtres. Techniquement, c’est nickel. Du magnifique travelling qui fait fi du temps qui passe anormalement (réellement bluffant) à l’utilisation intelligente d’un hors-champ ménageant les effets, c’est malin, vif, entraînant. Et restant fidèle à ses thématiques, Shy nous invite à questionner la foi que l’on peut avoir dans le récit, qu’il soit de fiction ou réel, politique, scientifique … Il nous demande encore et toujours d’interroger le point de vue, c’est à dire l’endroit d’où l’on voit et qui ne permet pas toujours de percevoir l’intégralité des faits. Au rayon des échecs, on pourra tout de même citer une interprétation pas toujours très fine et surtout une fin beaucoup trop explicite et balourde. C’est souvent ce qui est reproché au réalisateur et c’est peut-être aussi sa marque de fabrique. A force de charger le sens, il reste peu de place au questionnement et c’est un vrai paradoxe si l’on considère ce qui a été dit plus tôt. Reste que ce film est une très bonne série B au sens noble du terme, un thriller fantastique sans grande prétention, très efficace, brillant par moment, souvent malin qui a le bon goût de savoir rester à sa place. Les détesteurs détesteront, j’ai aimé. Tout va bien donc.