"Promising Youngs Women !"
Edgar Wright avait su nous cueillir avec son énorme parodie zombiesque “Shawn of the Dead” en 2004. Avec “Hot Fuzz”, en 2007, son buddy movie campagnard, le réalisateur britannique avait fait mouche une fois encore, chose rare pour une deuxième réalisation. Le point commun entre ces deux œuvres étant les multiples références apportant la meilleure des matières premières ! Viendront ensuite, des long-métrages moins probants, mais toujours originaux (avis perso), tels que “Scott Pilgrim”, “Le dernier pub avant la fin du monde” et le très musicalement fun “Baby Driver”. On pouvait penser que le Sieur Wright allait tranquillement capitaliser sur sa sympathique filmographie. Que nenni, car voici venu, “Last Night in Soho” ! Dans cette nouvelle réalisation, il n’y aura ni zombies, ni bande de potes faisant le tour des troquets, ni duo de flics improbables, mais il y aura bien un duo constitué d’épatantes jeunes comédiennes, Thomasin McKenzie (“Jojo Rabbit”) et Anya Taylor-Joy (“The Witch) !
De nos jours, la jeune Éloïse Turner (Thomasin McKenzie), nous est dévoilée à la manière d’Élisabeth Shue dans la teen comedy “Adventures in Babysitting”. La jeune femme, dans l’intimité de sa chambre - drapée avec une robe en journaux de sa propre création - danse et prend la pose façon Audrey Hepburn dans “Breakfast at Tiffany’s”de Black Edwards, l’un des fleurons de la comédie romantique des années 60. Éloïse est d’ailleurs une fan absolue de cette décennie, au niveau de la musique - la bande originale est un régal - mais surtout de la mode ! La jeune fille, orpheline de mère semble pourtant toujours connectée avec celle-ci, une sensibilité qui aura toute son importance dans l’incroyable récit à venir. Acceptée dans une grande école de mode à Londres, la jeune femme, quitte sa grand-mère - chez qui elle réside dans la campagne anglaise - pour rejoindre la bouillonnante capitale et le non moins bouillonnant quartier de Soho ! Après une cohabitation douloureuse au sein de l’internat de l’école, Éloïse se décide par une annonce, à aller visiter le petit meublé mansardé chargé d’histoire - et quelle histoire - dans l’immeuble de Madame Collins (Diana Riggs - d’ailleurs icône des années soixante - dans son ultime rôle). Austère, mais emprunt de bienveillance à l’encontre d’Éloïse, Miss Collins l’accepte comme locataire. Edgar Wright, fait de la chambre d’Éloïse, grâce à de nombreux détails de décoration - le téléphone, les meubles - un véritable repère temporel ancré dans les sixties, qui sera bientôt le vecteur d’un dédoublement de personnalité hallucinant ! Car une fois endormie, Éloïse se trouve comme transportée dans le passé - et elle devient Sandie (Anya Taylor-Joy), une chanteuse novice qui veut percer dans le monde tumultueux du showbiz londonien des années 60. La première apparition de Sandie - en femme fatale - dans un cabaret, avec Éloïse en effet miroir, restera l’une des scènes les plus fascinantes du film. Tout n’est que frasques et paillettes, que joie et liberté, lors de ce premier voyage, mais au fur et à mesure de ses virées nocturnes, Éloïse se rend compte que la décennie qu’elle vénère, aussi fastueuse et délicieuse soit-elle, possède sa part d’ombre ! Très vite, l'univers glamour du music-hall des sixties - idéalisé par notre héroïne du XXIe siècle - se mue en polar fantastique, voire horrifique, aussi paranoïaque que dérangeant. Éloïse est troublée par un certain Lindsey (Terence Stamp) - personnage énigmatique et possible lien entre passé et présent - qui se veut de plus en plus pressent à son égard. Plus le long-métrage avance, plus le spectateur - au même titre qu’Éloïse - en vient à douter de ce qu’il voit et en vient à redouter chaque nuit, qui pourrait bien être sa dernière nuit à Soho…