Les films d'Edgar Wright sont en général toujours intéressant, et ce métrage ne fait pas exception, mais malheureusement, il est défectueux en plusieurs points. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié son casting, très efficace, en particulier Thomasin McKenzie, excellente en ingénue candide qui dérive dans Londres (tant des années 60 que 2020). On regrettera quand même que son personnage, enfermé sur lui-même, devienne peu crédible sur le long terme. Mais c'est un détail, et autour de l'héroïne, des acteurs solides, avec bien sûr les vétérans Rigg et Stamp, et en alter ego de l'héroïne, Taylor-Joy que l'on voit partout en ce moment et qui se glisse dans un rôle sur mesure pour elle. Ces bons acteurs évoluent dans de beaux décors, une solide reconstitution des années 60, de beaux plans du Soho contemporain, on reconnait la patte néons et rétro de Wright, sa mise en scène inventive, formellement il y a peu de choses à redire, hormis qques effets spéciaux un peu déjà vus mais ça passe malgré tout. Sincèrement, jusque là Last Night in Soho est sympa, et convoque qques références de l'épouvante que j'affectionne, notamment puisées dans le cinéma italien des années 70, ce qui apparaît d'autant plus dans les meurtres, rares mais violents, du film. Car oui, on est dans un film qui lorgne vers l'horreur, et il y a donc plusieurs scènes graphiques, mais ça reste très modeste et il ne faut à mon sens pas voir le film comme un métrage d'horreur au risque d'être assez déçu.
Cependant, le film a aussi un scénario, et là... Ben j'ai pas été convaincu. L'histoire a tout pour me plaire, la première partie du métrage tient la route quoique l'exposition soit assez longue et nous fait nous demander un bon moment où on va aller. Mais petit à petit le film s'effiloche, et pour une bonne raison. Il veut à tout prix entretenir ses twist (pourtant très évidents), et pour cela, joue la pire carte: celle de l'invraisemblance et de la dissimulation. Je ne révèle rien, mais l'héroïne assiste à une scène clé, et pourtant, elle est surprise du twist final alors qu'elle ne devrait pas, car si nous, spectateur, ne voyons pas cette scène (ou sous un angle très subjectif de caméra qui cache le principal), l'héroïne elle, voit bien tout. Du coup, grosse invraisemblance, car en vérité tout aurait dû se révéler à ce moment là, plus de 30 mn avant la fin (trop tôt pour Wright). Et il y a plein de passages comme ça, de gros twist entretenus à coup de facilités déconcertantes. Si bien que je garde finalement un gout mitigé en bouche.
A souligner, avant de conclure, la bande son très sympa, composée de vieux titres des années 60 pour mettre dans l'ambiance.
Ni mauvais ni bon, Last Night in Soho ressemble quand même pour moi à un petit gachis, car avec plus de tenue scénaristique il y avait un vrai potentiel. Là, ça reste une série B de luxe plutôt bancale. 2.5