« Hors Normes », par son sujet délicat et le fait d’être de plus inspiré d’une histoire vraie, est un film qui mérite déjà beaucoup d’attention et de tolérance...
Les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache ont misé sur deux acteurs emblématiques que sont Reda Kateb et Vincent Cassel.
Ces derniers s’en sortent franchement très bien, ainsi que toute cette bande de jeunes, plus ou moins en réinsertion, tous justes et touchants, comme aussi et surtout ces nombreux autistes franchement poignants et même bouleversants !
L’histoire de cette association en marge des textes et des règlements, qui accepte toutes les pathologies que les autres refusent, est assez évocatrice et riche d’enseignement sur le fonctionnement misérable de nos institutions...
Maintenant, au niveau des procédés narratifs du récit, on a quand même un peu de mal à éviter le côté « bons sentiments » avec tout ce qui va avec en terme de clichés un peu lourds, de musique et d’images bien appuyées, même si tout cela fait évidemment un certain effet qui plaira absolument au plus grand nombre, ce qui est parfaitement concevable par ailleurs !
Et c’est vrai que plusieurs scènes sont terriblement difficiles et criantes de vérité, en ciblant exactement les difficultés rencontrées au quotidien dans le vécu avec ces autistes en grande souffrance.
De plus, la cohabitation entre différentes cultures et religions est ici un bon point, jusqu’à accepter enfin toute forme de différence avec le port naturel du voile ou de la kippa !
Sur le plan familial, Hélène Vincent en tant que mère du fascinant Joseph, est aussi plus que troublante, sincère et d’une infinie justesse...
Si bien que malgré certains défauts inhérents à ce type de réalisation, le film prend une certaine force alors qu’il aurait pu avoir bien plus d’impact avec un traitement plus austère, voire plus « chirurgical ».
Si la démarche des deux cinéastes est de dénoncer par ailleurs tout le décalage entre l’administration représentée ici à travers l’Inspection générale des affaires sociales, froide et implacable, et cette association capable de trouver toutes les solutions humaines possibles pour tous les problèmes des uns et des autres et ce sans agrément et sans personnel qualifié, on finit donc aussi par nous montrer et nous prouver que l’on peut tout faire et même presque mieux !
C’est sur ce point que ce film va sans doute rassurer le public, mais surtout notre cher État y compris en arrangeant bien ses affaires, qui lui doit bien se frotter les mains, ce qui devient par conséquent fortement gênant et même effrayant quand on y pense !
En effet, en voulant dénoncer ce système, on finit donc inévitablement par la même occasion par le cautionner également, rien que par le fait de remédier tant bien que mal à un dysfonctionnement inadmissible dû au cruel manque de moyens d’un gouvernement qui préfère évidemment enrichir des patrons, des actionnaires et des banquiers plutôt que de se préoccuper avant tout de social !
Et donc pourquoi se soucier de son peuple et de tous ses « laissés pour compte », puisque ceux-ci sauront toujours trouver des solutions avec trois fois rien ?
Une expression qui n’aura jamais eu autant de sens ici !