"Hors Normes" est un film tellement dans les normes d'Eric Toledano & Olivier Nakache ! A la fois drôle et touchant, hyper juste, dosé à la perfection comme ils savent si bien le faire. Le thème est tellement difficile à aborder et à traiter au cinéma. Déjà vu et revu dans de nombreux films et sur plusieurs axes tout aussi différents les uns des autres. Malgré tout, dans "Hors Normes" la réussite est totale, jamais dans l'excès, toujours juste, un équilibre entre la mise en scène et l'écriture parfaite, criant de réalisme dû notamment à une préparation efficace et authentique au plus près de l'association "Le Silence des Justes".
Le casting est aussi fabuleux, que ce soit les têtes connus - Vincent Cassel et Reda Kateb y sont vraiment géniaux - que les acteurs étant réellement atteint d'autisme. Belle performance de Benjamin Lesieur alias Joseph, avec son personnage tendre et attachant ! Lyna Khoudri qui joue l'infirmière, je l'ai découverte dans l'excellent et poignant "Papicha", même si elle n'a qu'un petit rôle dans le film Hors Normes, son charisme et son talent ne passe pas inaperçu ! Elle va monter en puissance dans le cinéma français et devenir la nouvelle Leila Bekhti, pour sûr !
Le message du film est au final un appel au secours pour soutenir et subventionner les structures aidantes qui accueillent ces autistes rejetés par tous les autres services, en intégrant en plus des jeunes issus de banlieues, faisant d'une pierre deux coups. A ce titre, le message est pleinement compris, et retranscrit de la plus belle des manières.
Concernant l'évolution des personnages, tout est extrêmement bien amené et développé, j'ai juste une toute petite frustration personnelle sur le personnage du petit Valentin
(celui qui fugue de l'appartement pour se rendre sur la route au milieu des voitures), car dans la très belle conclusion du film montrant un à un la réussite de chaque autiste à atteindre leur objectif personnel, seul Valentin reste sur une séquence violente pour le spectateur. J'aurai tellement aimé voir une scène faisant suite à celle de l'infirmière ayant envoyé l'adresse de son RDV amoureux avec Dylan sur son téléphone à travers un rébu. La nuit précédant la fugue de Valentin, Dylan lui demande s'il comprend le texto en rébu en lui montrant l'écran de son téléphone. Je m'attendais tellement à ce qu'en fait, durant la conclusion, on ait une scène où Dylan arrive finalement à l'adresse du RDV (que l'infirmière lui aurait communiqué explicitement) et qu'il se rende compte que c'est à une rue de là où Valentin zigzaguait entre les voitures. Pour signifier que Valentin avait finalement décrypté l'adresse et s'y rendait durant sa fuite ! Pour exprimer le fait que le lien entre Valentin-Dylan avait finalement bien été créé, et aussi que dans chaque acte, aussi risquée, dangereuse et à priori incompréhensible émanant d'un autiste, se cache presque toujours une intention intelligible de la part de la personne atteinte. Une telle scène aurait été hyper impactante pour le personnage de Valentin, et aurait renforcé l'idée que les personnes atteintes d'autismes ont aussi leur humanité, qu'ils expriment de leur façon et qu'ils ne sont pas violent pour être violent. Ce qui s'inscrivait aussi dans le message final, que l'état doit en ce sens mieux les considérer et les soutenir dans leur cause et leur besoin. C'était ma seule frustration du film car je voyais vraiment venir cette scène, je pensais vraiment qu'elle serait intégré comme telle. Même si la fin du personnage de Valentin finit sur une scène d'apaisement et de réintégration normale au groupe...
En tout cas, voilà un film français qui fait du bien et qui sera surement représenté aux Cesars 2020. Une confirmation supplémentaire que le duo de réalisateur Eric Toledano & Olivier Nakache sont une grande bouffée d'air frais dans le paysage audiovisuel français ! MERCI messieurs !