Je n’ai su qu’à la découverte du générique de fin que le réalisateur japonais Kore-Eda signe la réalisation de ce film. Ça explique beaucoup de choses en réalité. Pourquoi, à la vision, j’ai détesté le film, et pourtant, en y repensant, j’ai du mal à le descendre complètement.
Ce qui m’a beaucoup déplu pendant la séance, je l’avoue, c’est le contexte « grande famille du cinéma français ». J’ai toujours un peu de mal avec les scénarios sur la psychologie des grands, riches et puissants de ce monde, surtout quand c’est le monde du cinéma (Ma femme est une actrice : 😱), parce que je trouve que ces films un peu consanguins produisent des résultats souvent stériles. En l’occurrence, en découvrant que c’était Kore-Eda qui proposait ce récit, j’ai réalisé que j’avais tort de penser cela, puisqu’il est par définition étranger à ce milieu-là.
Belle, cruelle, la sorcière du Bois de Vincennes
Cela étant, le film m’a irritée de la première à la dernière image. J’ai trouvé peu de finesse dans le scénario. L’utilisation du concept de vérité est assez binaire. Le « film dans le film » est complètement raté. Comme si le scénariste était trop paresseux pour imaginer un scénario en abyme qui tienne la route, ou… très sardonique envers le cinéma français. L’histoire est franchement ridicule: une femme part dans l’espace pour échapper à une maladie qui doit l’emporter dans les deux ans. Elle reste jeune, et vient rendre visite à sa fille Amy tous les sept ans pour son anniversaire. Amy jouée successivement par une petite fille, une jeune fille, puis Ludivine Sagnier, puis Catherine Deneuve. J’ai vraiment eu du mal à garder mon sérieux devant les scènes de « science fiction », qui m’ont furieusement rappelées la pièce de Joey dans Friends où il repart sur une station spatiale et donne rendez-vous à la fille de la fille de la fille de sa copine dans 100 ans. Bref.
On comprend bien sûr que ce scénario n’est qu’un prétexte pour introduire le double de « Sarah ». Sarah, la sœur, actrice, décédée, de Fabienne. Qui ne cesse de la hanter, et qui revient sous les traits de Manon Lenoir, une jeune actrice montante. Catherine Deneuve la rejette, la méprise, mais c’est un vrai objet de fascination. Elle fait remonter à la surface beaucoup d’émotions enfouies/refoulées, et réactive son amour du jeu, et son orgueil de comédienne. Comme c’est Catherine Deneuve qui joue, et que c’est son histoire (bien sûr, Françoise Dorléac, sa sœur presque jumelle, née sous le signe des gémeaux), c’est forcément touchant. D’ailleurs, l’actrice a beaucoup de courage (ou de cran) de donner à voir un visage aussi mauvais et aussi proche d’elle biographiquement… de jouer son propre rôle. Le jeu avec la vérité se situe d’ailleurs surtout à ce niveau là. Mais même cela, c’est touchant, mais un peu… grossier ? Manon Lenoir, pendant tout le tournage, porte une jupe plissée blanche, un énorme chignon sixties. Elle sort du tournage d’un film de Jacques Demy. Le seul moment où elle sort du costume, Catherine Deneuve lui offre la robe préférée de sa sœur, et la remet donc immédiatement dans un costume identique.
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