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    Grâce à Dieu
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    484 critiques spectateurs

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    Epikouros
    Epikouros

    44 abonnés 44 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2019
    J’ai vu ce film le matin de sa sortie, à l’UGC des Halles à Paris. Une salle remplie et, à la fin, des applaudissements nourris — dont les miens. Cette œuvre de salubrité publique se regarde comme un thriller parfaitement maîtrisé et agencé. On se souvient qu’Ozon est un réalisateur français de premier plan et tout dans sa « fiction » fonctionne à merveille, depuis les interprètes épatant jusqu’à un art consommé du montage. Et même temps, il ne s’agit pas d’un règlement de compte, le réalisateur s’efface devant les témoignages, tous plus authentiques les uns que les autres (à l’origine, ce devait être un documentaire). Oui, ce sont des êtres humains qui ici se cherchent, doutent, se souviennent, se confrontent, vibrent, se reprennent ou s’effondrent… tout occupés à revisiter leur passé. Pour l’assainir. C’est cette authenticité qui accroche et console le spectateur, forcément empathique, et aussi son adhésion : que la parole éclate enfin, avec cette évidence (que l’Association incarne) : « l’union fait la force ». La Foi n’est pas le sujet du film – « Dieu merci ! » dirait l’archevêque de Lyon, spécialiste en lapsus qui tuent ! – même si l’on sent à la fin (on le serait à moins) à quel point l’un des personnages est ébranlé et vacille quand son fils adolescent lui demande : « Papa, tu crois encore en Dieu ? » Car il ne faut pas éluder la grande question de la cohérence évangélique quand enflent les scandales : jusqu’à quel point peut-on à la fois attester la véracité du message du Christ et les contre-témoignages de certains de ses représentants ? Formidable hiatus qui ébranle et fait réfléchir. Personnellement, je suis sorti ému de la salle, à la fois retourné et conforté par la force des témoignages à qui Ozon a donné corps. L’Eglise, en tant que peuple de croyants, n’est pas directement mise en cause, rien à voir, seulement une hiérarchie, responsable mais non coupable, qui peu à peu a pris conscience de ses frilosités, de ses complicités, bref, de la Loi du silence régnant en son sein. Souvent trop tard ! Aujourd’hui, — car il faut être objectif — les choses changent dans le catholicisme et dans la gestion de ses défailles institutionnelles. D’abord, une prise de conscience de la pédophilie. Même si, ici comme partout, il reste des loups dans les bergeries… Demeure la saisissante complexité de l’être humain où sans cesse s’affrontent la tendresse et la sexualité, la responsabilité des aînés et la tyrannie de leur ego, de leur désir interdit, de leurs frustrations cuisantes et vite séductrices… À 8-10 ans, singularité si vulnérable de l’individu en face des compromissions massives et anonymes d’une l’Institution qui, obsédée par la Pureté, est surtout soucieuse de sa pérennité, loin du scandale. Le cas échéant, un simple déplacement du curé fera l’affaire… Comme ce serait simple ! L’âme d’abord, le corps plus tard, le sexe… jamais ! Puisqu'il n'existe pas. Impensable en Eglise, inimaginable, indicible. Mais la vie résiste, se bat, capitule ou reprend le dessus. À la fin de la projection, il n’y a pas de happy-hend (judicaire), pas encore, mais le spectateur ressort de la salle avec des tas de questions. Voici les miennes — celles d'un petit séminariste qui fut autrefois tripoté par un clerc devenu… évêque — : " Pour l’adulte qui prend conscience longtemps après les faits et témoigne des crimes subis, cette anamnèse volontaire n’est-elle pas pour lui, pour ses proches, aussi traumatisante… voire davantage ?… que la blessure enfantine qui, vaille que vaille, avait fini par cicatriser ? Faut-il lui (me) souhaiter une telle "opération vérité" ? Grâce à Dieu, il y a prescription ! Autre interrogation : jusqu’à quel point peut-on incriminer les déviations cléricales pour expliquer et justifier les ratages de sa propre vie affective ou professionnelle ? Un peu facile, non ? Etonnamment, des enfants pareillement agressés dans leur enfance, donnent ensuite un Alexandre, bourgeois à qui tout semble réussir, et un Emmanuel, passablement amoché et écorché vif. Reste enfin LA question qui plane du début à la fin de cette œuvre magistrale : qu’est-ce que le pardon ? À partir de quand peut-on pardonner ? Et jusqu’où ?... Et la charité peut-elle primer la justice ? Pas celle des tribunaux ecclésiastiques, mais celle des hommes. Pour avoir permis à ces questions, et bien d'autres, de prendre corps, et visages, bravo et merci, M. Ozon !
    nicolas t.
    nicolas t.

    59 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 février 2019
    Sobre et bouleversant, le film touche juste avec délicatesse et sans caricature.
    Ozon suit trois personnages émouvants qui luttent et réunissent leur souffrance pour
    combattre l'omerta de l'église sur la pédophilie de l'église. La mise en scène les accompagne
    avec ferveur et attention et laisse la part belle à des acteurs en état de grâce.
    Melvil Poupaud, Denis Menochet et Swann Arlaud sont géniaux.
    Sans oublier les femmes qui les entourent, de Balasko à Aurélia Petit ou Hélène vincent,
    elles sont magnifiques, dans l'ombre mais tellement nécessaires à ces hommes meurtris.
    traversay1
    traversay1

    3 645 abonnés 4 878 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 février 2019
    Après avoir envisagé de traiter l’affaire du père Preynat, ce prêtre du diocèse de Lyon accusé de pédophilie, sous forme de documentaire, François Ozon a décidé de réaliser une œuvre de fiction. Un film fidèle aux témoignages des victimes regroupées dans l’association La parole libérée. Le pari narratif de Grâce à Dieu est d’ailleurs de s’intéresser successivement à trois de ces quadragénaires qui furent dans leur enfance la proie du religieux. Le film est assez laborieux dans son début avec une multitude d’échanges de mails lus en voix off qui alourdissent le tempo. Mais ce procédé a ses vertus pédagogiques et la fluidité de la mise en scène et du montage fait que l’intérêt va crescendo à mesure que la parole se libère et que de nouvelles victimes sortent de leur silence. L’Eglise en prend pour son grade dans Grâce à Dieu mais on ne peut pour autant pas qualifier le film d’anticlérical primaire. L’institution est bien coupable d’avoir fermé les yeux sur les agissements du prêtre mais le long-métrage se concentre tout autant sinon plus sur la solidarité fragile des anciens enfants martyrisés, les dégâts collatéraux dans chacune des familles et, le plus important, la délivrance et la souffrance de la parole libérée. L’affaire, est-il besoin de le rappeler, est toujours dans l’attente d’un jugement mais Ozon n’a rien à craindre : il ne s’est que très rarement écarté de la réalité, usant simplement de raccourcis temporels quand cela se révélait nécessaire. Son film est avant tout un hommage à ces hommes qui ont trouvé le courage de s’exprimer alors qu’ils s’étaient tous reconstruits, plus ou moins bien, après ce traumatisme d’enfance. A noter que pour évoquer les faits dénoncés, Ozon a usé de flashbacks pudiques qui n’en sont pas moins difficiles à voir, non par ce qu’ils montrent mais par ce qu’ils laissent à l’imagination. Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud incarnent les trois victimes que l’on suit tour à tour. Grand metteur en scène d’actrices, Ozon prouve encore son talent à aussi diriger des hommes. Le réalisateur, avant de découvrir l’affaire Preynat, avait l’intention de tourner un film sur la fragilité masculine. D’une certaine façon, et sans le vouloir, c’est qu’il a finalement fait dans Grâce à Dieu.
    Marie B
    Marie B

    11 abonnés 7 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 février 2019
    Film remarquable et poignant ! Bravo à F Ozon pour ce travail et à tous les acteurs. Nous avons été très émus.
    dominique P.
    dominique P.

    844 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 février 2019
    Le réalisateur a souhaité faire un film sur cette terrible histoire.
    On ressort de là complètement bouleversés et secoués.
    Les acteurs sont tous parfaits.
    Jake S.
    Jake S.

    83 abonnés 231 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 février 2019
    Tout d’abord, je tiens à dire que c’est un réel plaisir d’enfin voir un film tourné à Lyon sur grand écran. Il est d’ailleurs regrettable d’en arriver à aborder des sujets d’une telle ampleur pour voir cette belle ville. Bref, passons aux choses sérieuses. « Grâce à Dieu » est un film dramatique sous forme de faux documentaire ou de biopic qui suit de façon chronologique les agissements pervers du Père Preynat sur de jeunes scouts dans les années 80 et la création 30 ans plus tard d’une association venant au soutien des victimes de ce dernier. Ce nouveau long-métrage de François Ozon confirme la tendance de ces derniers temps qui consiste à faire des biopic de plus en plus tôt, souvent de façon prématurée. Le procès du Père Preynat n’est pas encore passé et le Vatican n’a pas réellement fait bouger les choses pour les problèmes de pédophilie des prêtres au sein de l’Eglise. Autant dire que tout reste à faire pour changer les choses. Quoi qu’il en soit, ce film a déjà suffisamment d’éléments pour soulever des problématiques essentielles, notamment celles de la maladie, la prescription ou encore la protection arbitraire de l’Eglise vis-à-vis de la justice telle une entité, un institution intouchable à laquelle on ne peut pas s’attaquer. Ce qui fait plaisir à voir, c’est l’alliance de personnes venant de tout bord pour une cause commune. Alexandre, François et Emmanuel sont très différents, mais ils se battent pour que justice soit faite, coûte que coûte. On a des scènes fortes et lourdes de sens, d’autres qui font froid dans le dos… Tous les ingrédients sont réunis pour avoir non pas un documentaire, mais bien un film touchant qui souhaite sensibiliser l’opinion sans choquer. Bon travail Monsieur Ozon !
    Alice025
    Alice025

    1 683 abonnés 1 370 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 février 2019
    Extrêmement bien traité et réalisé, François Ozon séduit de nouveau, sur un sujet assez dur : la pédophilie dans l'Eglise. L'histoire se concentre avant tout sur l'histoire de trois victimes : chacune a sa partie du film, avant de rassembler tous les morceaux afin de montrer l'ampleur de ce scandale. Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud sont tous les trois impressionnants dans leurs rôles respectifs, tout en sobriété et en finesse, toujours juste, sans tomber dans le larmoyant. N'oublions pas également les proches qui les entourent qui ont également des rôles importants (Josiane Balasko, Hélène Vincent...)
    On ne peut que être abasourdi et en colère face à ce sujet et surtout face à la passivité de l'Eglise devant ledit scandale. C'est avant tout une histoire de reconstruction, de justice et d'espoir vers l'avenir. Un film réaliste, dur, mais aussi éblouissant par son courage.

    cinephile-critique.over-blog.com
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 388 abonnés 4 208 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 31 mars 2019
    Tourné dans le plus grand secret, le nouveau film de François Ozon a rapidement fait parler de lui. Le cinéaste a été assigné en référé par un avocat demandant de reporter le film au motif que la vraie affaire n’a pas encore été jugée. Cette affaire est celle du Père Preynat, un prêtre suspecté d’avoir abusé de centaines d’enfants dans le diocèse de Lyon. Au motif de la liberté d’expression et de création, le juge a bien permis la projection dans les salles en février 2019. « Grâce à Dieu » filme des hommes, pères de famille ou non, vivant avec un passé douloureux. Scouts dans les années 80, ils souhaitent enfin libérer leurs paroles et dénoncer les abus sexuels d’un prêtre qui pratique encore aujourd’hui et rendre publique le silence de l’Eglise catholique. Les témoignages des personnages de Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud et des autres étaient suffisamment poignants pour ne pas avoir besoin de recourir aux flash-backs. Ce choix discutable mis de côté, l’œuvre d’Ozon est bouleversante. En effet, « Grâce à Dieu » ne remet pas en cause la foi, mais les hommes qui dirigent l’institution. Pourquoi l’Eglise aurait un pouvoir prédominant sur la justice ? « Grâce à Dieu » nous ouvre les yeux sans caricature et sans tire-larmes sur la cruauté du silence.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    lara cr28
    lara cr28

    75 abonnés 123 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 mars 2019
    Plus qu’une charge virulente contre l’église c’est un portrait impeccable d’hommes fragilisés que signe F. Ozon. Chacun a vécu les mêmes sévices, la même souffrance mais tous évoluent d’une façon différente, chacun avec ce qu’il est. Il y a Alexandre qui incarne le bon père de famille catholique dont la foi vacille, il y a Emmanuel plus marqué dans sa chair, il y a François, revendiquant un athéïsme radical qui ira jusqu’à l’apostasie. Ozon ne laisse rien au hasard, il explore toutes les ramifications : familiale, structurelle, psychologique…La mécanique de l’omerta est parfaitement mise à nu à travers la parole double, celle du Cardinal Barbarin qui joue sur la bienveillance tout en protégeant les statuts sous couvert de prescription. C’est cette fresque de portraits vivants qui fait le charme du film. Mais le film souffre de défauts, il y a des longueurs mais aussi un mélange des genres détonants entre le genre policier, le thriller psychologique, l’intrigue politico-religieuse, la mécanique judiciaire vient alourdir et parfois gâcher, par son mode répétitif cet ensemble de voix qui s’élèvent. Par ailleurs, on relève des incohérences : Alexandre n’est plus le même au début et à la fin du film, on le trouve prêt à tout pour faire tomber Preynat et il semble s’essouffler à la fin du film laissant la voix aux autres victimes.
    AZZZO
    AZZZO

    307 abonnés 814 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 février 2019
    Il y a matière à discuter la forme et les choix de réalisation de François Ozon, certes, mais tout cela compte peu face à la force du propos. Si l'affaire du père Preynat est inévitablement au coeur du récit, le film traite pourtant de deux autres sujets : d'une part, le traumatisme des victimes et, de l'autre, le corporatisme aveugle de l'institution cléricale. Et il faut reconnaitre que François Ozon atteint doublement son objectif : il parvient à la fois à faire ressentir la souffrance des victimes - ce qui est le plus important - et prouve à quelle point l'Eglise catholique est et demeurera toujours sourde, aveugle et inhumaine car, en sortant ce film avant la tenue des procès, il a provoqué la réaction de l'institution qui n'a pu se retenir de lancer une action en justice, faisant une fois de plus le choix de protéger l'honneur du bourreau et non celui des victimes. CQFD. Bravo François Ozon.
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    108 abonnés 1 830 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 août 2019
    Tourné dans le plus grand secret car traitant d’un sujet ultra-sensible - la pédophilie dans l’Église catholique et plus précisément les dizaines de cas d’attouchements perpétrés sur de jeunes garçons par le père Bernard Preynat dans la région lyonnaise dans les années 70, 80 et 90 - Grâce à Dieu est d’une puissance incontestable. Extrêmement documenté, ce film à la fluidité remarquable nous plonge dans le combat de quadragénaires victimes des abus de ce prêtre, qui, à travers l’association La parole libérée, cherchèrent à l’exclure de son ministère, à le faire condamner par la justice et à faire la lumière sur le silence coupable et la passivité complice de sa hiérarchie, en pointant notamment la responsabilité de Mgr Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules. Porté par des acteurs incroyables (citons Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Josiane Balasko, Hélène Vincent et Frédéric Pierrot), ce long-métrage à la finesse rare et à la grande intelligence est aussi une réflexion sur la reconstruction de soi, la honte et la difficulté de parler, la relation à la foi et la possibilité de continuer à croire en Dieu. Ce magnifique portrait d’hommes soudés par une même cause mais singuliers dans leur combat intérieur est magnifié par une musique signée des frères Evgueni et Sacha Galperine. Absolument bouleversant.
    ed69
    ed69

    9 abonnés 62 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2019
    Bon alors vous avez déjà tout lu sur ce film... moi je l’ai vu et il faut le voir ...
    ce n’est pas glauque
    ce n’est pas triste à se dire ohh les pauvres non c’est un film sur la relation des uns et des autres sur l’église étouffante et machiavélique c’est une histoire sur la reconstruction et comment avancé ...
    c’est un film fort et poignant avec des acteurs justes sur leur émotions et leur retenue
    Bonne séance
    Damien H.
    Damien H.

    13 abonnés 344 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2019
    Un film dur, émouvant et poignant sur les victimes (leur vie, leur reconstruction, l'impact sur l'entourage) davantage que sur les coupables. Il interroge sur la foi, le pardon, la morale et la justice.
    Les acteurs sont formidables, notamment Melvil Poupaud, surement le plus complexe des 3 personnages.

    Un très grand film.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    704 abonnés 3 055 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 février 2019
    On ne peut sortir de Grâce à Dieu que convaincu par l’impeccable travail documentaire que des comédiens au sommet de leur art incarnent avec maestria. C’est dire que, sur le plan réaliste, le film relève haut la main son ambition initiale : mettre en scène la parole meurtrie, plongée dans l’obscurité pendant des décennies puis subitement restaurée. Et la place de la lumière est centrale ici : une lanterne dans la nuit, des vitraux aux multiples couleurs, une rupture initiale entre un fond noir sur lequel glissent les titres et la consécration religieuse dans une ambiance nacrée. Et là se ressent une rupture. Une rupture entre la sensibilité d’un cinéaste brillant doté d’une âme romanesque, voire romantique, et le refus de ce même romanesque, qui donne l’impression de voir l’artiste se contenir sans cesse. Muselé par le caractère brûlant de son sujet, Ozon reproduit – mais en mieux – l’esthétique captée sur le vif d’un 120 Battements par minute ; le souci, c’est de conjuguer ce réalisme omniprésent avec un lyrisme de l’effroi lorsque, dans des séquences en flash-back, le spectateur assiste aux perversions du prêtre. La construction s’avère souvent trop mécanique, et ne s’emboîte qu’imparfaitement. Jamais le film n’ose restaurer la lumière par le biais du vitrail, capte le jour depuis un extérieur froid et désordonné qui traduit à la perfection la lutte réelle et réaliste d’hommes et de femmes blessés au plus profond de leur être. L’agitation de la foi, la frénésie de la passion percent çà et là mais s’évaporent trop souvent dans le souci de se montrer irréprochable et religieusement correct. Demeure une œuvre forte et passionnante, un engagement citoyen qui fera date dans l’Histoire et qui confirme, si besoin, la maturité de son cinéaste.
    ffred
    ffred

    1 729 abonnés 4 021 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2019
    Un nouveau film de François Ozon est toujours très attendu. Celui-ci particulièrement. Entre déchainement médiatique et judiciaire et Grand Prix au Festival de Berlin. Il est donc en plein dans l'actualité pour de multiples raisons, et qui plus est sur un sujet ultra sensible qui met à mal l’Église Catholique dans son ensemble. Pas grand chose à dire sur le film en lui-même. Un scénario précis et documenté (écrit avec l'aide des personnages eux-mêmes), qui à la base devait être un documentaire. Une mise en scène solide, efficace. Le tout ne prend pas parti, exposant juste les faits. Même si on en sort avec le sentiment d'avoir vu un film à charge contre l’Église. L'interprétation suit le mouvement. Un casting cinq étoiles pour un film chorale où personne ne tire la couverture à soi, mais où personne n'est mauvais non plus. Je dirais un petit plus à Josiane Balasko, très sobre, et à Swann Arlaud. Je trouve que son personnage est le plus touchant et le plus émouvant. Mais c'est justement là que sont mes quelques réserves. Je trouve que l'ensemble manque un peu d'émotion. Le film est aussi rigide que l'institution qu'il dénonce. Peut-être est-ce voulu. J'ai été touché (et comment ne pas l'être) mais je m'attendais à plus. J'en espérais sans doute trop. Grâce à Dieu reste malgré tout un film fort et intelligent qui dénonce et qui fait son effet bien longtemps après l'avoir vu, la force du sujet balayant tout le reste. François Ozon confirme qu'il est bien l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération.
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