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    Grâce à Dieu
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    Christoblog
    Christoblog

    835 abonnés 1 684 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 février 2019
    En choisissant de s'attacher au cheminement personnel de trois des victimes du père Preynat, plutôt qu'à l'enquête en elle-même, François Ozon réussit un coup de maître.

    Son film évite en effet du coup le piège du film-dossier et celui du film à charge : Grâce à Dieu est avant tout le portrait sensible de trois personnalités fort dissemblables qui vont devoir lutter contre le même démon, avec des armes bien différentes, mais une pugnacité équivalente.

    Le spectateur est plus d'une fois submergé par l'émotion durant ce film. Le scénario à la fois fin et détaillé, la mise en scène sobre et prenante : tout concourt à nous prendre à la gorge, au coeur, et aux tripes.

    Mais le plus remarquable dans ce très beau film, c'est la prestation des trois acteurs principaux. Melvil Poupaud, en fervent catholique tenace et un peu naïf, est comme d'habitude parfait. Denis Ménochet trouve dans ce film un rôle qui lui convient à merveille : athée gouailleur et gentiment éruptif, il a un petit quelque chose de Depardieu. Quant à Swann Arlaud, il livre une prestation exceptionnelle, donnant ici le meilleur de lui-même : sensible, écorché et fragile.

    Le film est un miracle : il parvient à émouvoir constamment sans accabler les bourreaux, qui paraissent au final faibles et ridicules.

    Le meilleur film d'Ozon, et probablement un des meilleurs films français de 2019.
    CH1218
    CH1218

    207 abonnés 2 904 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 juillet 2019
    Après avoir envisager un temps de traiter le sujet sous la forme d’un documentaire, François Ozon a finalement opter pour la fiction. Un choix qui n’empêche toutefois pas son film de donner en tout premier lieu la parole (et corps) aux victimes. Au-delà des témoignages bouleversants, « Grâce à Dieu » parle aussi de répercussions et de reconstructions de vie tout en soulevant la question de la foi et de la justice. Signataire d’un cinéma avant tout féminin, le réalisateur dissèque ici la fragilité masculine à travers 3 personnages centraux qui vont se libérer à tour de rôle de leurs souffrances. Il est particulièrement intéressant de voir comment chacun s’efface en passant le témoin au suivant dans un style de mise en scène à chaque fois différent. Il s’en dégage une vive émotion et cela doit beaucoup à la qualité collégiale des interprétations des acteurs et des actrices.
     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 19 mars 2019
    François Ozon s'empare d'un sujet d'actualité brûlant avec "Grâce à Dieu" en adoptant le point de vue de victimes du prêtre pédophile Bernard Preynat. Bien documenté, ce qui est la moindre des choses, le film déploie une construction pertinente en ce qu'elle révèle progressivement comment la prise de conscience d'un homme devient l'impulsion du réveil d'un collectif de victimes. Mais "La parole libérée", si elle est une association qui fait pression sur l'Eglise et dénonce les agissements de certains prêtres, est aussi une somme de caractères dont les avis divergent : quand Alexandre, bourgeois croyant, continue de se rendre à la messe le dimanche, François et Emmanuel penchent eux vers l'Apostasie, considérant qu'on ne peut rester au sein d'une institution si on décide de l'affronter. Toutefois, le film ne fait pas oublier le caractère répétitif de certaines situations, la sursignification des dialogues et l'académisme de la mise en scène (on fermera les yeux sur l'inutilité des flashbacks), symptômes d'une forme qui ressemble trop à celle d'un exposé. Car si le film est convaincant sur le plan judiciaire, il est décevant sur celui de l'intime avec un repliement sur le sentimentalisme (ça joue constamment gorge serrée, yeux humides) et un refus d'un questionnement profond sur la spiritualité. Dans les dernières minutes, le fils d'Alexandre demande à son père s'il croit encore en Dieu : c'est ce terrain qu'on aurait aimé voir davantage investi, car il convoque de manière plus large l'influence du catholicisme aujourd'hui et les limites (si elles existent) de la foi. En bref, Ozon fait le job concernant la restitution chronologique de cette histoire mais son film reste cinématographiquement très scolaire – et ce même dans une direction d'acteurs sans saveur (on a vu les trois interprètes principaux bien plus inspirés ailleurs) –, et donc peu émouvant.
    L'AlsacienParisien
    L'AlsacienParisien

    637 abonnés 1 403 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2019
    Quand on a connaissance des conditions de tournage et des barricades morales et pro-religieuses qui se sont mis en travers de son chemin, "Grâce à Dieu" frappe fort et juste, à l'instar d'un grand film engagé qui ouvre les yeux sur une vérité cachée. Dans cette fiction presque documentaire en trois mouvements, François Ozon met en scène la parole dans tout ce qu'elle a de plus inavouable, de plus intime, de plus libérateur. Cet acte des mots tabous devient l'essence même du film et nous incite à de grands questionnements sur notre société sans pour autant se révéler anti-église. Les révélations et les réminiscences du passé prennent la forme de boulet de canon, ravivant les brûlantes cicatrices qui s'étaient enfouies derrière des faux-semblants.
    Ainsi, victimes et entourage réagissent chacun à leur manière, segmentant parfaitement cette enquête en trois phases, trois manières de vivre ce combat pour que justice soit faite. Car au delà du film politique, "Grâce à Dieu" est aussi un portrait d'hommes fragiles, sans jamais les rendre faibles. Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud, en première ligne, sont tous aussi émouvants et percutants les uns des autres. Mais chaque seconds rôles, des compagnes aux parents, en passant par les enfants et les autres victimes témoignent de l'ampleur procurée par un tel événement au sein d'une même famille. Je me dois de mentionner le courage et la conviction de l'acteur Bernard Verley qui prête ses traits, d'une façon très humble, à l'homme de foi accusé d'agressions sexuelles.
    Pourtant, en début de film, le parti prix des nombreuses voix off qui lisent les échanges entre les protagonistes a failli m'ennuyer par leurs tons monocordes. Heureusement, l'émotion et la force du sujet prennent rapidement le dessus, nous impactant directement dans une vérité habituée au silence. "Grâce à Dieu" ouvre les yeux d'une façon très efficace, en perçant à vif le ton rassurant et mielleux des chefs d'Eglise qui tentent à tout prix de minimiser l'affaire. Ca ose dire les choses telles qu'elles sont, tout en s'appropriant très bien au cinéma via la forme d'une enquête, à l'image du récent "Spotlight". François Ozon frappe fort en mettant en exergue ces héros ordinaires. J'en suis sorti bousculé, irrité, profondément touché.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 1 août 2019
    Un chef d'oeuvre du cinéma français dont l'inspiration va puiser dans des classiques tels Louis la brocante, Plus Belle La Vie ou encore Joséphine Ange Gardien. La critique est unanime, Grâce à Dieu bouleverse les standards de la conception cinématographique, en exploitant notamment de nouveaux procédés de narration tel que la lecture à haute voix d'une boîte mail. J'ai particulièrement apprécié les dialogues, notamment le fait que la conjugaison du verbe aller soit maîtriser sur le bout des doigts tout au long du film, dans sa forme interrogative (Comment vas-tu ? Comment allez-vous ? Comment va-t-il ?) comme affirmative (Je vais bien, Tu vas bien, La famille va bien, etc.). De plus, M. Ozon signe là un véritable film coup de poing révélant aux yeux de tous que si notre société est bien en péril, c'est en grande partie du fait de l'Eglise et de sa responsabilité. Suite à ce constat lucide et clairvoyant sur les enjeux contemporains, M. Ozon lance un signe d'espoir touchant, plein de vie et d'humanité, nous dévoilant qu'avec un peu de bonne volonté, des citoyens ordinaires (banquier, chirurgien, informaticien - je reprocherais toutefois à M. Ozon de ne pas avoir représenter ici les métiers de l'artisanat. Il aurait pu notamment exploiter plus en profondeur le personnage du boulanger) peuvent s'allier, utiliser les réseaux sociaux et ébranler tout un système. Cela est bien la preuve que notre Justice Française fonctionne !
    Caro C.
    Caro C.

    2 abonnés 4 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 février 2019
    Vu en avant première !
    Il doit sortir le 20 février 😀
    À voir ! Très juste ! Fort et très très bien interprété !
    Cinemadourg
    Cinemadourg

    780 abonnés 1 531 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 février 2019
    Nous allons revivre, pendant les 2h17 de cette oeuvre, toute l'affaire des abus sexuels au sein de l'église catholique ayant éclaté depuis quelques années dans le diocèse de Lyon, avec notamment le père Bernard Preynat et le cardinal Philippe Barbarin.
    Trois hommes clés, Alexandre (Melvil Poupaud), François (Denis Menochet) et Emmanuel (Swann Arlaud), tous trois victimes de ce prêtre pédosexuel dans leurs jeunesses, vont chacun leur tour raconter leurs histoires, leurs calvaires et leurs combats pour demander justice et vivre avec cette terrible souffrance.
    Une association est d'ailleurs créée (La Parole libérée) afin de soutenir et regrouper les centaines de victimes désirant témoigner.
    Je reconnais au réalisateur François Ozon (qui porte bien son nom) un courage cinématographique pour ce lancer dans un tel scandale religieux, je suis plus réservé en ce qui concerne la forme un peu trop didactique, pas très captivante et trop longue à mon goût.
    Les 3 acteurs principaux sont vraiment très bons mais quel dommage d'avoir divisé ce film en 3 sous-parties presque distinctes avec pour chacune un comédien phare. Il faut attendre plus d'une heure pour voir enfin le brillant Swann Arlaud et sa mère Josiane Balasko par exemple !
    Un bon reportage sur un drame abject, mais un peu long et un peu lisse. Dommage.
    Site www.cinemadourg.free.fr
    Jorik V
    Jorik V

    1 279 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 avril 2019
    François Ozon est l’un de nos cinéastes les plus hétéroclites. Il passe d’un genre à l’autre avec une facilité déconcertante et sans se départir de sa patte et de ses thèmes bien reconnaissables. Avec « Grâce à Dieu », il nous offre avec certitude son œuvre la plus forte, et peut-être la plus aboutie avec le bonbon sucré haute couture qu’était « 8 femmes » il y a déjà vingt ans. Mais surtout, il monte au front avec un long-métrage engagé tiré d’une histoire vraie qui relaie un sujet défrayant la chronique depuis quelques années, celui de la pédophilie des prêtres au sein de l’Église et du silence qui l’entoure. Un film qui pourrait être mis en complément de son pendant américain, « Spotlight », qui se dotait des atours du film d’investigation tandis qu’ici on est davantage dans le drame psychologique et factuel. Sans être une diatribe véhémente et agressive, son film appuie là où ça fait mal avec force et doigté.

    D’ailleurs le côté retranscription des faits est peut-être le seul gros point faible du film dans son premier tiers. Basé sur de nombreux échanges épistolaires entre une victime jouée par Melvil Poupaud et des dignitaires de l’Église, elle est censée expliquer le lancement de l’affaire. C’est un peu maladroit, longuet et pas forcément très cinématographique; il faut avouer qu’Ozon aurait pu trouver une autre manière de mettre cela en scène, s’en priver ou alors rendre cela plus concis. Cette première demi-heure n’est pas forcément déplaisante non plus, juste plus faible et surtout dispensable au regard de la suite, puissante, implacable et de haute facture. En effet, lorsque l’affaire est lancée on ne quittera plus l’écran des yeux durant près de deux heures, passionnés et retournés par cette histoire (et toutes celles qu’elle représente). Entre émotion, rage et incompréhension, ce film met nos sens en émois et provoque l’indignation la plus totale envers ces hommes autoritaires et abusifs tout autant que cette institution dépassée qui se veut intouchable. Un film qui fait réagir donc et qui soulève des questionnements et des tabous (coucou les ultra cathos qui préfèrent mettre des œillères ou la Manif pour tous!).

    « Grâce à Dieu » a le bon goût de ne jamais verser dans l’excès de pathos ou la complainte stérile. Ozon sait très bien qu’il n’a pas besoin de ça pour réveiller et solliciter l’empathie et la conscience du spectateur. Les faits rien que les faits, autour d’un montage habile et fluide qui voit passer le récit d’un personnage à l’autre de manière évidente grâce à un scénario fort et malin. Certaines séquences font même monter le curseur de l’émotion très haut (sous tension presque) sans aucune musique artificielle, par la seule force de dialogues implacables et d’un jeu d’acteur irréprochable. Des comédiens fortement investis qui, par de simples regards, font ressentir toute la douleur de personnages écorchés vifs dans leur enfance. Des hommes brisés et dont la diversité (psychologique et réactionnelle) permet de cerner l’amplitude de ce fléau et de faire le tour d’un spectre effrayant et de ses nombreuses répercussions sociales, sexuelles et morales. C’est une œuvre coup de poing mais à laquelle l’expression « une main de fer dans un gant de velours » sied parfaitement tant rien n’est agressif ou rentre-dedans mais reste dans le respect. Qui plus est Ozon muscle sa réalisation à chaque film comme en témoigne le sublime plan d’ouverture. Implacable, maîtrisé, fort et nécessaire, du grand cinéma à la fois sérieux et populaire.

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    elriad
    elriad

    440 abonnés 1 869 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 juillet 2019
    Film témoin, attaché au factuel et particulièrement à la souffrance des victimes en quête de justice, " Grâce à Dieu", tiré de la phrase maladroite prononcée par le Cardinal Barbarin à propos de la prescription des faits, plonge le spectateur dans la souffrance des jeunes scouts abusé dans leur enfance, dont les séquelles ne se sont pas amoindries malgré les années. Sans facilité ni scènes chocs, François Ozon déroule la naissance de cette association, l"Omerta de l'Eglise comme le silence de la haute société lyonnaise catholique. Un film troublant, puissant, bouleversant, qui résonne encore dans l'actualité chaque jour dans le monde.
    norman06
    norman06

    351 abonnés 1 670 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 février 2019
    Le meilleur film de François Ozon, épuré et digne, qui transcende son aspect dossier documentaire pour former un beau récit de la souffrance. Comme à son habitude, la direction d’acteurs est magistrale et le cinéaste tire le meilleur de Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud.
    SebLefr3nch
    SebLefr3nch

    191 abonnés 687 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 février 2019
    François Ozon est un cinéaste qui aime traiter des sujets difficiles et qui bousculent. "Grâce à Dieu" ne déroge pas à la règle et aborde le récent scandale du diocèse de Lyon et de son prête pédophile. Le film est passionnant. L'histoire est découpée en trois parties, chacune centrée sur une victime et comment, de l'une à l'autre, l'affaire a éclatée au grand jour pour finir devant les tribunaux. Et Ozon va au bout du sujet en ne nous épargnant pas les témoignages et en décrivant précisément ce qu'il s'est passé. C'est tellement bien amené et bien fait qu'on écoute avec compassion les victimes sans tomber dans le mélo. L'histoire tient la route avec ces psychologies différentes et comment chacun l'affronte, le surmonte, le nie, l'oublie. Le trio Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud est incroyable, chacun porte l'une des parties avec talent et Josiane Balasko et Hélène Vincent sont très touchantes dans leu rôle de mère. La réalisation est très simple, peut-être même trop, même si c'est pour mettre en avant le sujet. Mais un petit peu plus d'audace aurait été appréciée. Il faut bien reconnaitre que François Ozon signe ici l'un de ses plus films les plus réussis.
    shindu77
    shindu77

    95 abonnés 1 611 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 mars 2019
    Le film est vraiment très bon il fera sans nul doute parmi les meilleurs films de l’année 2019. Le sujet est sensible attention pour les hommes sensibles. La mise en scène et de qualité à tous points de vue. Le film repose sur trois acteurs principaux qui ont chacun une part importante dans le film. Le casting globale est excellent et je mettrai en avant ces trois acteurs principaux. C’est un film important pour l’histoire de l’église.
    mazou31
    mazou31

    98 abonnés 1 285 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 juillet 2019
    Film, ou plutôt dossier, parfaitement réalisé, sans affect pesant, sans parti pris, du moins qu’avec celui qu’on ne peut que ressentir devant l’abjection des faits et surtout la lâche hypocrisie des hommes d’église. Un film factuel et sobre mais qui sait essentiellement montrer avec puissance la souffrance et la destruction des victimes, mais aussi les dégats portés aux proches (épouses, parents, enfants, amis). Une leçon de courage de la part des victimes, une douloureuse interrogation pour les parents – sauf pour quelques intégristes répugnants –, un tableau réaliste de l’abjecte lâcheté des instances catholiques. Un film parfaitement interprété, autant par les acteurs de renom que les moins connus. Un film fort, émouvantqu’on n’oublie pas et qui tient ce rôle social qui fait la force du cinéma.
    L'Info Tout Court
    L'Info Tout Court

    416 abonnés 1 025 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 février 2019
    Le nouveau film de François Ozon est, pardonnez le jeu de mots, un véritable miracle. En tirant le fil de cette affaire au travers de trois portraits enchaînés, il déploie un kaléidoscope thématique et émotionnel d’une formidable richesse. En absolue maîtrise de son talent, le réalisateur sait parfaitement diriger son récit sur la juste émotion, celle qui agrippe son spectateur aux tripes pour ne plus le lâcher.
    Stephenballade
    Stephenballade

    402 abonnés 1 239 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 octobre 2021
    Alors qu’il l’avait tourné dans le plus grand secret, François Ozon ne pouvait pas rêver mieux comme publicité pour son nouveau film. En effet, en s’emparant de l’affaire de pédophilie qui a secoué le diocèse de Lyon (révélée à peine quelques semaines après la sortie en salles du poignant "Spotlight"), il a été dans le collimateur des avocats du prêtre Bernard Preynat, lesquels ont essayé de faire reculer la date de sortie de ce long métrage en agitant la bannière de la présomption d’innocence. Il n’en fallait pas plus aux médias pour se saisir de cette polémique et l’étaler sur les journaux qu’ils soient télévisés ou écrits. Grâce à Dieu (facile, hein ^^), François Ozon a fait preuve d’une intelligence remarquable, et justice a été rendue en autorisant la sortie de son film à la date initialement prévue. Son intelligence se remarque dès le générique du début, en affirmant qu’il s’agit là d’une fiction tout en se basant sur des faits existants et déjà rendus publics. Est-ce là une manière de dire qu’en aucun cas il ne portait le moindre jugement sur cette affaire ? Toujours est-il qu’il confirme cet état d’esprit en reprenant les verbatim. Ces mêmes faits ont vite fait d’influencer l’opinion. Chez n’importe qui. C’est normal. C’est humain. Et ils sont tout bonnement scandaleux. D’autant plus scandaleux lorsque ça vient de quelqu’un qui est supposé être irréprochable, de par son titre et ses fonctions. Mais là où Ozon s’est montré incroyablement malin, c’est qu’il a opté pour un point de vue depuis les victimes. Des gens comme vous et moi. Des gens lambda. Des gens que vous côtoyez peut-être, que vous sachiez quel a été leur drame ou pas. C’est en toute logique qu’à travers cette réalisation on ressente ce qu’on ressentirait de toute façon vis-à-vis de cette sombre affaire, sans pour autant parler de parti pris. Même si pour le public, l’idée est déjà toute faite. A côté de ça, il n’y a aucun discours politique. Ni même du côté religieux bien que sur ce point de vue-là, Ozon a pris soin d’expliquer dans les grandes lignes la loi du silence exercée par le catholicisme, tout du moins les mécanismes par le biais des mesures prises (quand elles existent) pourtant jugées aux yeux de tous insuffisantes, à défaut d’être radicales. D’une certaine façon, au risque de choquer, cette omerta se comprend parce qu’il faut reconnaître que ce genre de crime (parce que ça en est un) fait désordre dans une institution comme celle-là, notamment quand celle-ci existe depuis plusieurs siècles. Cela ne veut pas dire que j’approuve cette politique de l'autruche, bien au contraire je la condamne avec la plus grande fermeté. Comme vous, ça me révolte ! Entre parenthèses, j’avoue voir d’un bon œil la tendance actuelle qui voit Rome commencer à faire le ménage dans ses rangs par les destitutions, mais il y a tant à faire encore. Mais voilà le mot qui convient : la révolte. Par des paroles maladroites (ou pas), les comportements, l’immobilisme de l’institution, c’est ce sentiment de révolte que va connaître le spectateur après être passé par le stade de la stupéfaction. La preuve en est sur les broncas qui s’élèvent de la salle sur certaines répliques, ou sur certaines actions. C’est là que la réalisation de François Ozon est remarquable : par une caméra qui a réussi à plonger dans le quotidien des victimes (nous en suivront trois en particulier) sans que cela apporte la moindre gêne visible, le public vit leur histoire. Ozon est parvenu à éviter le piège du parti pris, mais est-il arrivé aussi à ne pas succomber au ton mélodramatique. Pièges pourtant faciles ! Effectivement ! Mieux, un soupçon d’humour a été incorporé, notamment lorsque les victimes se trouvent confrontées entre elles. Pour ce qui est de la réalisation, elle est dans sa plus stricte simplicité. Ou plutôt devrais-je parler de sobriété. En tout cas, il n’y a aucun effet de style pour appuyer tel ou tel événement. Non seulement les répliques se suffisent à elles-mêmes, mais en plus la caméra s’est tenue au plus près des victimes. Ainsi, nous vivons au même titre qu’elles les témoignages de soutien, l’incompréhension des enfants, et même le désintéressement de certains (le frère de l’un, le père de l’autre…) pour parler gentiment. Parce que François Ozon nous permet de partager l’intimité de ces personnages : quand ils parlent de ce qui les rongent, la réaction qu’ils ont quand tout remonte à la surface, les souvenirs enfouis depuis longtemps par l’intermédiaire des flashbacks, le chamboulement de la vie de famille, la difficulté à créer une association, le contenu même des discours publics qui doivent se révéler « politiquement corrects » comme on a coutume de dire dans ce genre de cas… Alors oui, nous le public, accompagnons avec tout notre soutien ce combat qui s’annonce long et difficile, lequel ne manque pas de transformer ces hommes et de voir leur vie au quotidien se changer au fil des jours, des semaines, des mois. D’autant que la prestation des acteurs sonne juste dans la peau de ces personnages somme toute très différents les uns des autres. Comme quoi, personne n'est à l'abri, quels que soit sa condition, son niveau social. La qualité du jeu d’acteur vaut autant pour les rôles principaux que pour les rôles secondaires. Cela va du trio de tête Melvil Poupaud/Denis Ménochet/Swann Arlaud que pour les personnages interprétés par Josiane Balasko, Hélène Vincent, François Chattot et tous les autres impliqués dans le drame d’un des leurs, en passant bien évidemment par Bernard Verley en Père Breynat, pivot central de cette affaire à la dimension sordide et homme pour lequel on se surprendra à l’insulter de tous les noms d’oiseaux lors des flashbacks paradoxalement suggestifs et évocateurs, mais pour lequel on le voit comme un pauvre type même s'il n'a aucune excuse. "Grâce à Dieu" est donc un excellent film qui aurait pu aussi bien être décliné en documentaire, car il dresse le portrait de personnes qui trouvent leurs forces dans leurs faiblesses passées, tout en étant engagé sans que ce soit une vindicative politique ni même religieuse, mais seulement sur le poids des responsabilités de chacun. Et pour couronner le tout, la narration est si fluide, le récit est si réaliste, qu’on arrive sans peine au bout des 137 minutes, lesquelles se concluent par le stade actuel de l’affaire présentée ici. Alors quand on prend en compte tous ces éléments que le cinéaste a manipulé, il me semble difficile de ne pas attribuer la note maximale, alors que j’étais parti pour donner (seulement) un 4 ou 4,5 sur cinq. Comme quoi, de rédiger un petit avis finit d’ouvrir les yeux sur une œuvre parfois…
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