Britannique, vivant à Berlin, Rachel (Diane Kruger) n’a quasiment aucun lien avec Israël. Cela n’empêche pas le Mossad de la recruter et d’en faire l’un de ses meilleurs agents sous couverture. Cornaquée par Thomas (Martine Freeman), son agent de liaison, Rachel est envoyée en Iran.
Sur le papier, "The Operative" (on dira que j’en fais une obsession … mais, une fois encore, pourquoi sortir en France sous son titre anglais un film qui, en Allemagne, s’intitule "Die Agentin" ou en Lituanie "Agente" ?) avait tout pour séduire. Sa bande-annonce efficace mettait l’eau à la bouche. On escomptait un thriller tendu, ponctué de quelques scènes d’action haletantes, avec un arrière plan géopolitique complexe.
Hélas le résultat déçoit. Diane Kruger n’en est pas responsable, qui porte le film de bout en bout. Cette actrice allemande parfaitement trilingue (elle parle aussi bien le français et l’anglais que sa langue natale) a commencé sa carrière en France avant de tourner partout dans le monde, à Hollywood, en Allemagne ou ailleurs. La quarantaine bien entamée, elle est une actrice bankable, suffisamment connue pour qu’un film se construise autour de son nom ; mais elle n’est pas tout à fait une superstar de la carrure de Jennifer Lawrence, Charlize Theron ou Nicole Kidman.
Le résultat déçoit par excès de psychologie. "The Operative" s’intéresse moins à l’action qu’à son personnage central et à ses fragilités : une relation au père compliquée, une absence d’ancrage, une instabilité émotionnelle… On pense à Claire Danes, l’héroïne de "Homeland" – à laquelle Diane Kruger, le visage en amande, le teint blafard, les cheveux couverts d’un tchador, ressemble beaucoup. On pense dans "Le Bureau des légendes" au personnage de Malotru, interprété par Mathieu Kasovitz et à celui de Marina Loiseau qui elle aussi, dans la saison 2, a maille à partir avec le régime des mollahs. On pense bien évidemment aux romans de John Le Carré.
Mais – on pourra ne pas partager ce point de vue – la psychologie n’est pas la dimension la plus intéressante des films d’espionnage. Pour le dire autrement : on ne va pas voir un thriller pour vibrer à des états d’âme. Ce qui me séduit, ce qui m’attire dans les films d’espionnage, c’est leurs histoires à tiroirs millimétrés d’agents doubles ou triples. De ce point de vue, mon roman préféré de John Le Carré est son tout premier, "L’Espion qui venait du froid", ayant moins de goût pour les suivants qui, à mon sens, pêchent par excès de psychologie.
À cette aune, "The Operative" ne peut que décevoir dont le seul fil directeur est son héroïne. Il juxtapose plusieurs épisodes, sans guère de lien entre eux – la froide exécution d’un homme d’affaires, l’infiltration d’une société électronique iranienne, le franchissement d’une frontière par un 4×4 bourré d’explosifs – et se conclue par un final trop ouvert pour être compréhensible.