Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu au cinéma un film aussi… médiocre. Rien n’y fait, « Les Traducteurs » ne fonctionne pas, et plus les minutes passent, moins je me suis sentie intéressée ni même concernée par les rebondissements incessants du scénario, et pourtant j’aime la littérature et les films qui en parlent. Techniquement, c’est du travail appliqué si je mets de coté cette musique encore une fois trop forte et trop envahissante qui est l’apanage des thrillers. Le film est parsemé de flash back et de flash forwards, censés nous plonger dans un abîme de circonspection mais qui s’avèrent vite être à l’image du film, décevants. Néanmoins, je ne veux pas noircir inutilement le tableau et j’ai apprécié la scène en quasi-plan séquence dans le métro, plutôt bien filmée, ainsi que la « fuite » en voiture qui lui succède, elle aussi bien filmée. Mais sinon, rien de transcendant à signaler du côté de la réalisation de Régis Roinsard, elle très académique et bien sage. Le casting aurait pu, je dirais même aurait du, être le point fort du film. Avec des comédiens confirmés comme Sara Giraudeau, Lambert Wilson, Fréderic Chau, Eduardo Noriega, Sidse Babett Knudsen, Patrick Bachau ou encore Olga Kurylenko, la mayonnaise aurait pu prendre si seulement on leur avait donné des vrais rôles à jouer. A part peut-être Sidse Babett Knudsen,
émouvante en auteure contrariée et mère de famille malheureuse
, les autres font ce qu’ils peuvent avec ce que le scénario leur a donné à jouer. Leur rôle sont caricaturaux, parfois outranciers et même parfois à la limite du cliché, avec un italien hâbleur, un grec homosexuel et anticapitaliste, un asiatique propre sur lui et consciencieux, etc… La palme revenant aux deux fans absolu de « Dedalus » dont la malheureuse Olga Kurylenko, dont l’outrance et le côté fan exaltée prête plus à rire qu’à autre chose ! Quant à Lawther, qui joue le traducteur anglais, son rôle de jeune geek glandeur et revenu de tout nous le rend antipathique au bout de 10 minutes de film,
ce qui complètement contre productif au regard de l’intrigue.
Et puis il y a Lambert Wilson, qui surjoue tellement que lui-même a l’air de ne pas y croire, c’est désolant de le voir gâcher ainsi son talent, en forçant à ce point le trait de l’éditeur tyran et cupide, j’en avais mal pour lui… L’intrigue, évidemment il ne faut pas trop en dire car cela reste un thriller et en termes de rebondissement, celui-ci n’a pas peur d’en faire trop. Les coups de théâtre se multiplient à partir de 40 minutes de film environ, certains sont un peu prévisibles, d’autres sont carrément improbables, certains sont un peu éventés
par les premières minutes de film (si on est un peu malin et observateur),
d’autres font presque sourire. « Les Traducteurs » est un thriller qui n’a pas peur d’en faire des caisses, c’est certain ! Plus le temps passe et moins on s’intéresse aux trois questions fondamentales des films à suspens : Qui, Comment et Pourquoi ? Qui ? Le scénario nous a sagement laissé entendre que tous pouvaient avoir de bonnes raisons : qui a des problèmes d’argent, qui est fan de l’auteur au point d’en perdre le sens commun, qui au contraire déteste cette littérature de best seller, tous sont des coupables potentiels, forcément, comme au Cluedo. Pourquoi ? On se doute que l’argent est une motivation mais qu’il doit y en avoir une autre, sinon, c’est trop simple. Comment ? C’est sans doute la question la plus intéressante et même la seule qui suscite encore l’intérêt. Du coup, quand on a la réponse du « Comment », et bien on commence à trouver le temps un peu long. A ce moment là, on a déjà répondu au « Qui » et le « Pourquoi », on s’en fiche déjà un peu. Je ne sais pas si « Les Traducteurs » aura du succès en salle, si il fera de l’audience pour son passage TV, mais ce dont je suis quasiment sure, c’est qu’il sera bien vite oublié. Quand on aime les thrillers, en tous cas dans mon cas, on aime la crédibilité, pas forcément la surenchère, on aime la psychologie des personnages, pas leur outrances. C’est une occasion manquée, celle d’évoquer l’importance des traducteurs dans la littérature d’aujourd’hui, qui ont une place prépondérante dans l’amour des livres et certainement pas celle qu’ils méritent. Malheureusement, ce film ne leur rend pas justice.