Bon je suis allé voir ça juste pour occuper le temps avant d'aller voir Glass et parce qu'on m'a dit que c'était génial, mais j'avoue ne pas y avoir cru une seule seconde. J'aurais bien rangé ça volontiers aux côtés de Molière avec Duris ou bien Jean de la Fontaine avec Lorant Deutsch. Pas vu les deux, mais ça ne doit pas voler bien haut...
En fait plus simplement je ne comprends vraiment l'intérêt de faire un film qui raconte la genèse d'une œuvre et ceci d'autant plus lorsque cette genèse est fausse. Je veux dire par là que je ne connais rien de la vie d'Edmond Rostand mais il n'y a pas besoin d'être un génie pour voir que tout ça transpire le faux. C'est pas possible que cette histoire avec des échos un peu pourris entre la vie d'Edmond et la pièce soit vraie.
D'ailleurs c'est pour moi un vrai manque d'imagination que de faire un film comme ça où l'auteur s'inspire de sa vie en direct pour écrire. Alors oui je sais bien que les autobiographies existent et que des auteurs prennent des éléments de leur passé pour composer les personnages de leurs livres ou films. C'est normal... Mais on ne va pas me faire croire qu'Edmond Rostand a écrit Cyrano juste avec des éléments de sa propre vie qui lui arrivent au moment où il écrit... Enfin bon...
Donc si le début du film est assez convenu, on voit Edmond, figure éculée du poète maudit, ne pas avoir de succès, mais ce que j'ai apprécié c'est sa femme. Elle est là, souriante et elle lui dit qu'il est son poète et elle l'embrasse. J'ai trouvé ça mignon tout plein. Et il est là mon gros regret du film, que le film ne se concentre pas plus sur elle, c'est elle qui est intéressante...
Mais direct après on a une ellipse et elle n'est plus aussi amoureuse, le temps a passé et Edmond n'écrit plus, donc elle ne peut plus l'admirer comme auparavant... L'alchimie si fragile est déjà rompue.
Et là j'ai vraiment commencé à m'enfoncer dans mon siège lorsqu'on voit un aubergiste noir renvoyer avec panache un type qui l'a insulté. Là j'ai vu le truc cousu de fil blanc : toute la pièce va lui arriver et vu que je connais déjà la pièce (enfin le film de Rapeneau, mais je lirai la pièce sous peu) ben ça ne m'intéresse que moyennement. J'adore Olivier Gourmet, mais il n'est pas Depardieu... et malheureusement son interprétation géniale a un peu empêché toute autre (enfin pour moi).
Mais c'est du détail, Gourmet est très bien...
Un autre défaut du film c'est lorsqu'on arrive au triangle amoureux (ou au carré plus exactement), les relations ne sont pas assez développées disons qu'on a Lucie Boujenah qui est juste sublime mais qu'on n'en fait rien. Elle est la muse d'Edmond mais boarf, leur relation n'est pas très intéressante...
Bref, j'ai trouvé qu'il y avait des gros problèmes d'écriture dans le film tant au niveau des personnages que dans l'idée elle-même. Cependant ça arrive malgré tout à faire quelque chose que n'arrivait à faire Shakespeare in love, c'est-à-dire à être sympa. Parce que outre les défauts que j'ai énoncé, je me suis bien marré (sans que je sois pris d'hilarité, n'exagérons rien). Il se dégage mine de rien une certaine vivacité dans ce beau bordel, même si encore une fois c'est assez convenu dans le déroulé...
Disons que le réalisateur a pris un vieux pot, mais il a fait une bonne soupe dedans, notamment parce que tous les acteurs sont à fond... que la mise en scène arrive à être habile... mais on ne m'ôtera pas de l'esprit que ça aurait pu être beaucoup mieux si ça avait eu, paradoxalement, un peu plus d'audace et de panache.
C'est gentillet.
Un film gentil !
Un film qui ne dit rien sur son époque (alors qu'au début je pensais qu'allait avoir un truc avec l'apparition du cinéma), un film qui ne critique rien... et où même les opposants sont gentils...
Le genre de film familial sympa mais quand même inconséquent...
Mais j'ai apprécié...