Au départ, hormis une séduisante introduction, j'ai eu assez peur. Ces parallèles constants avec « Cyrano de Bergerac » pour montrer à quel point Edmond Rostand s'est inspiré de scènes de la « vraie vie » pour écrire son chef-d'œuvre, non seulement je n'ai pas trouvé ça crédible, mais surtout pesant, voire lassant. Non pas que je sois un obsédé de la réalité historique, mais il ne faut pas exagérer. Alexis Michalik a manifestement le goût du vaudeville (beaucoup plus que moi), l'amenant aussi à de légères lourdeurs parfois. Heureusement, si la première partie est un peu délicate, les choses s'améliorent assez vite : excepté quelques rechutes, c'est un bel hommage au théâtre qui est rendu ici. Le réalisateur (également présent comme second rôle) a vraiment le sens du divertissement, du plaisir : même dans ses moments les plus faibles, il y a du rythme, un ton enlevé, le « panache » si cher à Cyrano étant loin d'être exempt. Moi qui déteste m'ennuyer au cinéma, aucun risque ici : l'écriture, le montage, quitte à en faire un peu trop ou commettre certaines maladresses, sont très réussis. Dans la dernière ligne droite, j'en suis même venu à être sincèrement ému par cette première « historique », et si les libertés prises m'ont parfois gêné, il y a une vraie satisfaction à apprendre des choses sur la création de ce monument du théâtre français et ceux qui ont permis de le rendre possible. Quelques erreurs de casting : Mathilde Seigner et Clémentine Célarié ne sont pas à la hauteur, mais surtout beaucoup de réussites : Thomas Solivérès est excellent dans le rôle-titre, sans oublier un super Olivier Gourmet, la touchante Lucie Boujenah ou l'inénarrable duo Simon Abkarian - Marc Andréoni. Une comédie populaire de qualité, un peu trop « facile » parfois, mais salutaire.