Quelle surprise !
Quelle surprise... de voir autant de critiques dithyrambiques pour un film qui n'a pourtant aucune consistance cinématographique.
Je ne prétends pas que No Way Home soit un ratage total (car ce serait oublier le bonheur qu'il procure à des millions de spectateurs, ainsi que le retour massif des gens en salle - et ça, ce n'est pas rien), mais tâchons de ne pas tout mélanger. Si génie il y a, le crédit revient uniquement à ces merveilleux décisionnaires de chez Marvel Studios qui, en bons financiers avides de sous-sous, réussissent l'exploit du siècle : donner l'illusion d'un film de qualité en misant uniquement - et vous en conviendrez, j'en suis certain- sur le fan service. C'est un fait. Et surtout... un problème.
Car à partir de là, la seule chose qui importe à leurs yeux n'est plus de créer une œuvre cinématographique cohérente mais bien un produit de consommation rapide afin que le spectateur - en bon consommateur qu'il est- se retrouve en terrain familier... et même fantasmé...
C'est ainsi que l'on se retrouve avec un long-métrage de 2h30 qui ne réussit rien de ce qu'il entreprend :
- Scénario paresseux se reposant uniquement sur des facilités narratives déconcertantes.
- Humour omniprésent qui vient constamment briser les intentions dramatiques du récit
- Des enjeux jamais aboutis et évincés du récit dès qu'ils deviennent trop encombrant...
- Des acteurs en roue libre... vaguement dirigé par un réalisateur prisonnier de la machine Marvel, et dépourvu de la moindre vision artistique.
Tout devient alors binaire : heureux = blagues / tristesse = larmes. Aucune autre nuance de jeu ne nous est proposé... et je me suis bien vite retrouvé prisonnier d'un spectacle d'une pauvreté affligeante ; en parlant de pauvreté (quelle ironie pour un film à plus de 200 millions de billets verts...) la mise en scène est de loin, le -mal-heureux gagnant...
A ce niveau, cela relève presque de l'exploit (le deuxième ?) : faire un film Spiderman sans une once d'idée de mise en scène, c'est fort. Très fort. Que ce soit avec les séquences d'action illisibles, ou les séquences intimistes dénuées de tout point de vue, il n'y a rien à se mettre sous la dent... et pourtant la faim m'assaille.... (et non la fin malheureusement).
Finalement, l'ennui prend le pas aussi certainement que les effets spéciaux envahissent l'écran.
Bien sûr, je ne m'attendais pas à un chef d’œuvre en entrant dans la salle, mais au vu de toutes ces déceptions, j'espérais au moins pouvoir me rattacher à la fibre nostalgique tant vantée dans les bandes-annonces. Et là encore... c'est un naufrage.
Non content de puiser dans les anciens films Spiderman pour créer de l'intérêt à une trilogie qui n'en possède aucun, le film réussit un nouvel exploit (le troisième !!) : celui de dévitaliser, de ridiculiser l'héritage de la trilogie de Sam Raimi, et de la duologie de Marc Webb. L'ennui se transforme alors en gêne malsaine... et contre toute attente : la salle est en délire... Pire, elle en redemande....! Encore et encore...!! A croire que malmener, sous exploiter, massacrer les personnages iconiques de notre jeunesse ne suffit pas... Il faut les achever.
C'est dans cet état d'esprit que je quitte la salle, sans attendre la scène post-générique censée annoncer le produit suivant - pardon "le film". La déception m'envahit de plus belle quand je repense à ces salles alentours, pour la plupart vides, et pourtant remplies de merveilles cinématographiques (West Side Story, Illusions Perdues pour ne citer qu'eux).
Allez, tout n'est pas perdu : les salles se remplissent à nouveau ! Espérons seulement que cela ne se limite pas aux acrobaties de l'homme araignée... ;)