Quand on me parle de film français de procès, c'est à André Cayatte que je pense. J'y peux rien. Je suis de la vieille école et aussi parce que j'estime que dans nos contrées, il est le seul à avoir réussi dans ce genre là. Passons. L'affaire Jacques Viguier, un cas très intéressant. "Faites entrer l'accusé" , dont je fus longtemps téléspectateur assidu, y avait consacré un excellent numéro. Bon, en réalité, cette "Intime conviction" n'est pas aussi catastrophique. Mais, il faut dire les choses comme elles sont : elle ne réussit pas grand chose non plus. On a donc une affaire judiciaire dont l'issue est bien connue. Donc, pas de surprises, on en connaît et on en connaît la fin. Ce qui compte, c'est ce qu'on va faire entre les deux. Autant ajouter de l'inédit tout en respectant l'affaire. C'est chose faite puisqu'on incorpore à tout ça l'idée fantaisiste d'une employée de brasserie prêtant main forte à un ténor du Barreau. Très bien ce n'est pas une idée ordinaire. Mais dans ce cas là, le tissage d'un lien fort entre les deux protagonistes est absolument essentiel. Malheureusement, les échanges y sont réduits au strict minimum. Par conséquent, c'est un échec sur ce point. Et on en vient au deuxième truc qui cloche et qui fait littéralement voler le film en éclats : le ténor du Barreau en question n'est autre que Dupond-Moretti. Et ce mec là, on le connaît. Tel un Jacques Vergès, un Gilbert Collard ou un Thierry Mozer, c'était un véritable dynamiteur de prétoire. En sa présence, une audience au tribunal perdait systématiquement de son inhérent caractère solennel. Or là, on a l'impression d'assister aux interrogatoires et à la plaidoirie d'un avocat lambda. En cela, la performance d'Olivier Gourmet est très terne, ce qui n'est pas si fréquent. Et celle de Marina Foïs n'est pas meilleure. Il y avait de l'idée, mais c'est bien trop insuffisant.