"Les Grands Esprits" fait preuve d'une justesse incroyable en ce qui concerne l'étude du rapport enseignant/élèves en collège !
Et même si le postulat de départ semble un peu fabriqué, puisqu'il consiste à prendre en otage ce prof de lettres agrégé à Henri IV, en l'amenant à mettre en pratique son propre et prétendu discours (moment très drôle cependant !), la suite va se révéler néanmoins un véritable régal !
Denis Podalydès aura la dimension parfaite et même idéale pour ce rôle taillé sur pièce !
De son statut d'enseignant agrégé et préservé dans ce grand lycée parisien, où la relation aux élèves se résume à un mépris profond, la chute libre vers ce collège de banlieue sera vécue pour lui comme un véritable enfermement dans la cage aux fauves !
Et à partir de là, les conséquences et leurs implications ne seront que finement observées et analysées, rien que dans la position adoptée par cet homme pour se protéger, en installant cette distance qu'il met avec ses jeunes élèves en gardant ce vouvoiement habituel pour lui, mais qui aura un impact finalement retentissant sur cette histoire !
Ce François Foucault guindé et suffisant, aura en effet mis en place un respect presque à son insu, qui sera déjà la clé de voûte de cet apprivoisement et même de ce véritable domptage !
Respect, valorisation et estime de soi, remise en cause sans cesse de l'échec et de la pédagogie, ce sera à travers toutes ces valeurs que le duo élèves/professeur sera sans arrêt crypté, analysé, décortiqué jusque dans les moindres détails !
C'est pour le spectateur, qu'il ait été ou pas enseignant, un plongeon salutaire dans le monde de l'éducation comme il est rare de le voir ainsi au cinéma, une véritable immersion dans cet univers passionnant où tout est basé sur la relation, l'écoute, où chaque mot choisi a une importance capitale !
Le désir de bien faire, de réussir comme celui de faire réussir son auditoire est extrêmement bien décrit, comme l'est aussi chaque profil de professeur, dont le moindre regard nous renvoie un questionnement permanent, une remise en question incessante qui va souvent jusqu'à un découragement, ce qui sera d'autant mieux compris et ressenti pour ceux qui l'ont vécu.
Ce film est pour ces simples et nobles raisons, tout bonnement magnifique !
Des élèves tous épatants et plus vrais que nature, à cette équipe enseignante très juste aussi, on ne peut que rester ébahi devant l'évolution magique de tous ces êtres, qui se produit devant nos yeux !
Croire en l'autre toujours et toujours, avoir confiance, encourager, porter à bout de bras s'il le faut, écouter, respecter et se faire respecter, seront les maîtres-mots de cette histoire, une histoire évidemment répétée dans beaucoup de collèges mais dont ce témoignage à l'écran aura un poids capital !
Et si l'on prend en compte ces fabuleux jeunes acteurs qui donnent à cette réalisation l'allure d'une vraie classe, à la limite d'un documentaire, comme le petit Seydou, incroyable et "remarquable" Aboulaye Diallo, superbe, présent et pétillant, on ne peut qu'être transporté et émerveillé !
Et c'est aussi justement à travers tous les échanges personnels que cet élève aura avec ce professeur étrange et différent, au départ méfiant, voire hostile pour devenir extrêmement bienveillant, qui sauront bout à bout donner toute notre adhésion à cette réalisation décidément bien inspirée et donc essentielle !
Un film terriblement humain de Olivier Ayache-Vidal, une très belle leçon de vie et d'espoir en son prochain à méditer et à ne surtout pas rater...
Bravo !