Plus passionnant qu'un polar coréen, plus passionnant qu'un thriller. L'histoire d'un vice- président. Ah bon? Bof.... Vous iriez voir un film, vous, sur... mettons Brice Hortefeux (c'est le premier nom qui me vient à l'esprit, mais naturellement je n'ai rien contre lui!! et il n'a d'ailleurs jamais été vice-président. On n'en a pas! Juste ami et conseiller...
Et bien, je mets 5 étoiles. Voilà. Parce que c'est juste le genre de film que j'aime regarder: politique, historique, sarcastique, en plein dans le mille et décalé en même temps par son ton insolent. Que le cinéma français est à peu près incapable même d'imaginer..... (si, il y a eu Quai d'Orsay..... avec le sérieux et le talent de Tavernier, mais ce n'était pas un feu d'artifice comme le film de Adam McKay, de moi parfaitement inconnu!
Il y a le cinéma méditatif et le cinéma frénétique. Celui là est sur-frénétique. Il nous balance à un rythme de mitraillettes des séquences qui se déroulent à différentes époques, des images d'archives, des images de gens, des bandes-annonces, un faux générique de fin, un intriguant personnage récurrent (Jesse Plemons) de brave péquenot (un jour en mort cérébrale il donnera son coeur à Cheney), des passages chez Guignol, car oui, ces grands de ce monde sont traités avec autant de désinvolture que des marionnettes; quand après avoir mijoté quelque mauvais coup, ils se regardent d'un air satisfait, évidemment on est chez Guignol; ils choisissent, après le 11 septembre, un arsenal de mesures restrictives autour d'une table, sur un menu de restaurant. Décision unanime des convives: on prend tout! Guignol's band!
Dans les biopics, on hésite souvent à prendre des acteurs "trop ressemblants" parce qu'ils ne le sont jamais assez et que cela introduit une gêne. Ici: ça marche! Sam Rockwell? Non, Georges W.! Vous vous souvenez de l'air ahuri qu'il l'avait, lorsque on l'informa de l'attaque du WTC alors qu'il visitait une école (dont on l'exfiltra d'urgence). Eh bien, ce visage de crétin.... Sam Rockwell le restitue à la perfection. De même, Tyler Perry EST Colin Powell, avec ce malheur qu'il ressentait, de ne pas être assez courageux pour contrecarrer les délirants projets de l'invasion de l'Iraq. Pour Donald Rumsfeld (Steve Carell) je ne sais trop car je ne me souviens pas du tout de sa tête, mais j'imagine que c'est aussi génial... Il me semble pas contre que Condoleezza Rice était plus jeune et plus pimpante que LisaGay Hamilton.
Quant à Christian Bale, empâté, bouffi, c'est simple, il ne se ressemble plus! Il est l'autre! Là encore, performance du grimage, car il est rare qu'un personnage interprété sur un intervalle de trente ans soit vraiment convaincant. Ici, oui!
Dick Cheney, donc, est un jeune homme médiocre, renvoyé de l'Université où il ne fait rien que picoler et vomir partout, arrêté plusieurs fois en état d'ivresse. Mais voilà: il est amoureux. Et pour Lynne (Amy Adams), il va accepter de se réformer.... car ce qu'on nous narre, c'est bien l'ascension d'un couple, les Macbeth en somme. Elle est presque pire que lui: lorsqu'il a une crise cardiaque (il en aura d'autres) et qu'elle fait campagne à sa place dans le Wyoming, elle professe une extrême-droite.... extrême
Il faut mentionner le seul bon point de cet ignoble personnage (tout le monde en a un, après tout Hitler aimait la musique): lorsqu'il apprend que sa fille cadette est gay (très mauvais pour un politique de droite!) non seulement il ne la laisse pas tomber, mais il s'oppose (discrètement) aux opposants au mariage gay. Mais à part cela! Entrant comme attaché au Congrès, et sans aucune opinion politique, Donald Rumsfeld lui plait. Il s'attache à ses basques. Devient chef de cabinet de la maison blanche, puis secrétaire à la défense sous papa Bush, intervient au Panama et au Koweit (tempête du désert). C'est un neo-conservateur particulièrement dangereux. Il passe dans le privé, dans l'industrie pétrolière (Halliburton).
Lorsqu'on vient le chercher pour faire partie du ticket avec Georges W., les Cheney/ Macbeth commencent par refuser; vice-président, c'est rien du tout. Puis Dick comprend que l'irrésolution et la pusillanimité du fiston Bush lui permettront de tirer les ficelles.... et de mener sa politique nauséabonde. Le vrai président, ce sera lui! Pendant que Bush est exfiltré dans son bunker, Cheney gère les lendemain du 11 novembre. Entre autres, il est responsable du mensonge sur les armes de destruction massive soit-disant possédées par Saddam Hussein qui ont permis la désastreuse intervention en Iraq, mais aussi à Halliburton de faire de bonnes affaires.
Il vit toujours, lui qui est directement responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes. Ah, il considère Trump comme un dangereux gauchiste....
Quelle vie! vous comprenez que c'est à la fois un polar, un thriller, un film de guerre..... En tous cas c'est génial. A ne manquer sous aucun prétexte. Si vous aimez la politique contemporaine, naturellement!