"Soudain la nuit !"
Nous sommes en février 2000, un siècle vient de s’achever avec son cortège de prophéties, de soi-disant bugs informatiques, de colères divines et autres éclipses totales propice à toutes les dérives de sectes millénaristes. Cette même année, dans les salles obscures américaines, c’est un singulier alignement de planètes menant à une éclipse qui arrive sans crier gare, son titre “Pitch Black”. Aux commandes de ce cultissime film de S.F., le quasi-inconnu David Twohy, pourtant réalisateur du très h.g. wellien “Timescape : Le passager du futur” et du sympathiquement paranoïaque “The Arrival”, va entraîner un certain Richard Riddick (Vin Diesel) à devenir (l'anti)-héros nyctalope de ce qui deviendra des “Chroniques” - non pas martiennes, mais furyennes - du nom de la terre natale du protagoniste principal, à savoir, la planète Furya. Fort d’une aura de fugitif cosmique comme nous le narre en prologue avec sa voix caverneuse, Vin Diesel himself, Riddick se retrouve en cryo-sommeil avec une quarantaine de personnes dans un vaisseau de transport et de commerce (le Hunter Gratzner) à destination du système Tanger, lorsqu’une avarie contraint Carolyn Fry (Radha Mitchell), la pilote, à se poser en catastrophe sur une planète inconnue, bilan 32 morts. La particularité de cette planète est qu’elle possède trois soleils. Il semblerait que la nuit ne soit pas prête de tomber. Après avoir repris leurs esprits, les quelque onze rescapés cherchent le moyen de survivre. La petite troupe est composée de Riddick fraichement libéré de ses chaînes, d’Imam (Keith David), un prêcheur musulman accompagné de trois pèlerins adolescents en voyage vers la nouvelle Mecque. On trouve aussi Johns (Cole Hauser), un chasseur de primes qui avait capturé Riddick. Paris (Lewis Fitz-Gerald), un antiquaire de l’espace se voit contraint de distribuer ses meilleurs breuvages aux survivants. Viendront ensuite Zeke (John Moore), un travailleur libre, Shazza (Claudia Black), une mécanicienne, l’ado Jack (Rhiana Griffith) qui prend Riddick pour modèle et enfin Carolyn Fry (Radha Mitchell), cheffe du vaisseau, ou plutôt de l’épave, depuis la mort dans le crash du capitaine Tom Mitchell (Vic Wilson). Hormis la chaleur accablante sur la surface et un cimetière à perte de vue de squelettes d'animaux titanesques, la nouvelle terre des naufragés ne paraît pas trop hostile. Restent des cavités inexplorées surmontées de drôles de cheminées naturelles propices à laisser sortir on ne sait quoi ? Des distorsions et des renversements d’images incroyables couplées à des filtres de différentes couleurs, donnent au décorum de “Pitch Black” un côté psychédélique bluffant. Un malheur n’arrivant jamais seul, la planète va bientôt être plongée dans une nuit sans fin, due à un alignement d’astres ayant lieu tous les vingt-deux ans. Dès lors, le spectateur - tout comme les protagonistes - appréhende l’obscurité libératrice d’une horde de monstres sanguinaires friands de chair humaine. S’offre à nous, un bestiaire de créatures parmi les plus effrayantes du cinéma de genre, grâce aux effets spéciaux du français Patrick Tatopoulos. D’un récit de science-fiction, somme toute classique, le long-métrage se mue en un survival horrifique. A la manière de “Assaut” de John Carpenter, le fantastique en plus, les survivants ne peuvent compter - pour échapper aux créatures - que sur les capacités hors du commun d’un prisonnier. Ici, Riddick affublé de sa vision nocturne et de ses compagnons d’infortune, va tenter de se frayer un chemin jusqu’à une navette de transport, synonyme de survie. Tourné en quasi-totalité dans des décors naturels australiens, accompagné de la partition de Graeme Revell (“The Crow”) “Pitch Black” se veut la genèse d’une mythologie cinématographique en devenir, celle d’un guerrier apatride du nom de Riddick.