Alors que l’année 2000 a accouché de bons nombre de pépites (American Beauty, Gladiator, The Yards, Snatch, Memento, et j’en passe…), force est de constater que la sortie de Pitch Black au beau milieu de l’été, et dans l’indifférence générale, va amener un grand rayon de soleil dans l’univers de la Science-fiction, jusque là bien morose.
En effet, avec pour principale sortie « Mission to Mars » de Brian De Palma, les fans du genre n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Au-delà d’un enrobage visuel plutôt plaisant, la trame scénaristique couplée à une fin assez « illuminée » n’ont pas été à la hauteur.
Pitch Black arrive dans ce contexte, avec pour tête d’affiche Vin Diesel, jusque là connu pour ses rôles de Rick dans « Strays » qu’il a lui-même réalisé, et Adrian Caparzo, soldat de première classe dans « Il faut sauver le soldat Ryan » de Spielberg.
De prime abord, le scénario peut paraître classique : Un vaisseau cargo endommagé par une pluie de météorites se pose tant bien que mal sur une planète voisine. Après une brève découverte des lieux, arrive une éclipse totale qui fait sortir de leur léthargie des créatures pas franchement amicales. Dès lors, les protagonistes vont devoir se serrer les coudes et redoubler d’ingéniosité pour ne pas servir de casse-croûte à leurs nouveaux amis. Pourtant, au-delà de cette trame en apparence conventionnelle, David Twohy, le réalisateur, s’en sort avec les honneurs : les situations « classiques » ne sont pas légions, et plusieurs rebondissements inattendus sont mêmes au rendez-vous.
Le deuxième point fort du film réside dans sa photographie. Dès les premières images, Pitch Black surprend : il est visuellement bluffant, avec son teint halé, des panoramas sublimes et des jeux de lumières qu’affectionne particulièrement Twohy. Les protagonistes jouent chacun leurs rôles et composent la plupart du temps avec conviction. Dans ce grand échiquier, quatre personnes se démarquent : l’anti-héros furyen, Riddick, et ses yeux turquoise, Fry, la co-pilote, Johns, le « flic », et Jack, l’adolescente qui accompagne bon gré-mal gré les trois lurons sur cette planète inhospitalière.
Le manque de moyens est paradoxalement ce qui fait la force du film : en effet, contrairement à sa suite « Les chroniques de Riddick », on échappe ici à une démonstration technique qui se fait au détriment de la qualité narrative et de l’ambiance générale. Les créatures n’apparaissent que très peu, ce qui renforce le suspens. Les décors ne paraissent pas trop artificiels, et les images sont appuyées par une bande son immersive.
Pour toutes ces raisons, se priver de Pitch Black serait une grave erreur pour tout amateur de science-fiction qui se respecte. En effet, ce film peut légitimement être considéré comme l’une des plus belles réussites du genre en ce début de siècle, eut égard aux moyens limités dont son réalisateur a disposé.