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benoitG80
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4,5
Publiée le 19 septembre 2018
« Mademoiselle de Joncquières » en étant une réalisation d’Emmanuel Mouret, ne pouvait déjà qu’intriguer ne serait-ce que par sa filmographie, tour à tour inégale mais toujours bien personnelle et digne d’intérêt ! De son univers très sentimental, où le marivaudage rôde toujours aux alentours, le voici cette fois carrément les pieds dans le plat avec un franchissement de cap assumé, en adaptant cette fois un épisode de « Jacques le fataliste et son maître » de Diderot ! Si bien qu’en se fixant une trame historique, telle cette vengeance de cœur envers le marquis des Arcis, fomentée par Madame De la Pommeraye, Emmanuel Mouret est à la fois dans son plus parfait élément et en même temps se glisse sur les rails d’un récit qui le guident complètement ! Si bien que la langue française dans son aspect le plus noble de l’époque, devient dans la bouche des comédiens un atout de plus qui convient parfaitement au cinéma de ce réalisateur ! En soi, une idée finalement évidente et excellente comme une sorte de consécration logique et bien pensée... Car on se régale évidemment et tout simplement de ces joutes oratoires qui par l’intermédiaire de Cécile de France et de Edouard Baer, deviennent un délicieux plaisir de l’oreille... Un point fort déjà fort remarqué dans ces films précédents (« Caprice », « Fais moi plaisir »,...), mais qui ici par le contexte historique, prend encore davantage tout son sens à la vue des décors et des costumes somptueux. Les deux acteurs s’en donnent à cœur joie, d’autant plus que le réalisateur les dirige parfaitement, à l’image de sa façon d’être et de jouer lui-même à l’écran. Mais qu’on ne s’y trompe pas, malgré de belles phrases rondement et joliment prononcées, les dialogues sont cependant piqués au vif, chacun se renvoyant la balle avec tact et finesse à tout instant et que le meilleur gagne ! Cette vengeance échafaudée par Mme De Pommeraye a d’ailleurs des parfums d’actualité surprenants quand on songe au féminisme avant l’heure, auquel renvoie ce film finalement ! Les rôles secondaires avec la présence d’Alice Isaaz notamment, donnent encore plus de pertinence et de force à cette histoire, par la délicatesse décalée qu’elle apporte dans ce jeu de quilles. Ce qui reste d’autant plus remarquable tient justement au portrait de chaque personnage, de ce qu’il représente en tant que valeur, conscience, intérêt, et à ce niveau les apparences sont bien trompeuses ! Le vice, la vertu, la sincérité, l’honnêteté, la fourberie sont à travers ce plan machiavélique parfaitement secoués et mis à mal, et ce qu’il en ressort devient au demeurant une sacrée leçon ! La fin est d’autant plus excellente qu’elle remet les pendules à l’heure comme on ne s’y attendait vraiment pas... Ah ! L’Amour ! En tout cas, cela devient ici une petite merveille signée Emmanuel Mouret qui décidément a un petit quelque chose de plus, et c’est bien agréable...
Les films d'époque en costumes, ce n'est pas un gage de succès, mais cela requiert une condition quasi indispensable : une langue châtiée et littéraire. "Mademoiselle de Joncquières", libre interprétation d'un récit de Diderot, est de ce point de vue une réussite totale. Quand vous mettez en plus ces paroles suaves dans la bouche de l'acteur du moment sachant le mieux leur rendre justice ( l'ineffable Edouard Baer ), vous avez là de quoi provoquer des oh ! et des ah ! chez tous les spectateurs blasés. Ajoutez une Cecile de France au visage expressif suintant toute la palette des émotions humaines, et quelques seconds rôles bien trouvés. Tout est là pour faire un film pétillant d'intelligence qui rivalise - c'est le plus beau des compliments - avec la violence des sentiments de Choderlos de Laclos et de ses "Liaisons dangereuses". Le spectateur se laisse charmer par ce marivaudage à l'ancienne. Il vibre avec les personnages. Avant d'éclater de rire pendant la scène du repas de bigotes où le tandem Baer de France est irrésistible.Le piège que pose cette femme à l'homme qui l'a quittée est proprement machiavélique. C'est en même temps une rupture qui fait mal; franchir le rubicond pour confondre les méchants insensibles est un aller simple qui ne laisse pas indemne. L'amour laisse des cicatrices à jamais, et la vengeance n'agit pas comme un baume. Heureusement l'amitié subsiste en réconfort comme le laisse à entendre la dernière scène. Personnellement j'ai pris ce film comme un coup de poing dans le ventre. C'est du cinéma exigeant comme on l'aime. Un cinéma, qui plus est, qui fait aimer notre langue. Ce qui met en joie. Tout simplement...( calembredaines.fr )
Attention « Chef d’œuvre » ! Je n’admets que très rarement avoir vu un film impeccable mais là c’est le cas. Que ce soit l’histoire ciselée par un orfèvre, avec ses marivaudages, ses intrigues diaboliques, ses nombreux retournements de situation, ou les dialogues intelligents qui font mouche à chaque fois, ou le talent des interprètes tous très justes dans leurs rôles, ou les décors naturels somptueux, les costumes soignés ou la musique contemporaine appropriée, tout est à l’unisson pour une parfaire réussite. Emmanuel Mouret est vraiment un grand artiste qui mériterait enfin d’être récompensé à sa juste valeur.
De nouveau un formidable film à ne pas manquer! Je ne pensais pas aller le voir car l’affiche et la bande annonce me faisait encore penser à ces films à la française avec un casting alléchant mais empesé et creux. Que nenni !!!! Quelle petite merveille de subtilité et d’émotion! Édouard Baer et Cécile de France y sont merveilleux , jouant leur rôle au premier degré avec beaucoup de sincérité, de simplicité et d’émotion contenue . Ils y sont parfaits! Il s’agit de l’adaptation d’un texte classique , et le réalisateur y met tous les codes mais le jeux des acteurs y apporte une fraîcheur et une modernité faisant ressortir l’immuabilité de nos sentiments. Une vraie réussite.
Ça accélère, ça prend son temps, ça marque des pauses, on voit des ellipses sans s'en rendre compte, puis on reste avec les deux héros, comme si le temps s'arrêtait : ces différences de rythmes marquent un bon scénario, plein de surprise. Qui tire les ficelles et qui va sortir les marrons du feu, qui souffre le plus et qui joue, qui ment ? On se pose constamment els questions comme dans un Marivaux. Certains n'ont pas aimé le style. Les costumes sont simplifiés et crédibles. La diction est claire. Les dialogues - qui sont en grande partie de Diderot - magnifiques. Il y a une distance constante et pas facile à identifier comme dans un Rohmer. C'est le quarantième film d'Edourd Baer, le trentième de Cécile de France, le septième de Mouret : ils assurent. La très belle Alice Isaaz a vingt-cinq ans, joue parfaitement le rôle d'une jeune fille de seize ans qui devient la jeune femme d'un marquis, mais elle non plus n'en est pas à son premier film. A part Laure Calamy (à qui je ne sais pourquoi on laisse toujours la bride sur le cou alors qu'elle mériterait beaucoup plus de sobriété), la distribution est merveilleuse. Le film est tourné sobrement avec beaucoup de plans fixes et d'entrée comme au théâtre. Ce style énerve Les Cahiers du Cinéma et quelques modernistes mais, ils ont beau faire, tout cela nous enchante dans un film presque parfait, exactement comme le stratagème vengeur de Madame de La Pommeraye : presque parfait.
Vu le film en avant premiere ce lundi, un vrai plaisir!! Et plus que ça ! Je ne m attendais pas à autant de profondeur, sous la comédie et les masques que jouent les personnages. Cecile de France est tres étonnante, à la fois dans son plaisir de jouer la vengeance qu’elle met en place, et l’amour et la douleur qui la traverse. Edouard Baer, d’abord volage et leger, atteint aussi un haut niveau de complexité. Tous les acteurs sont très bons! Et le texte aussi, tres subtile et elegant. Et un film finalement tres actuel dans ce qu il aborde sur l’amour, la guerre des sexes, et nos contradictions. Vraiment ca fait du bien, cette intelligence là!
Cécile de France crève l’écran en Marquise de la Pommeray, justicière calculatrice et perfide des offenses faites aux femmes. Et comme avec son patronyme, on l’imagine volontiers descendante de la Couronne du même nom, on la perçoit faite pour le rôle (bien que n’ayant aucun sang bleu). Alice Isaaz en Mademoiselle de Joncquières n’arrive en scène que tardivement et discrètement. Ce n’est pas elle qu’on retiendra le plus, non pas qu’elle démérite (loin de là), mais c’est le scénario qui bien que lui ayant confié le rôle titre ne lui laisse finalement qu’une place somme toute en retrait. Autre personnage intéressant et qui marque (une corde plus à son arc) : Laure Calamy dans le rôle de la grande amie de la Marquise, ce qui n’en fait pas pour autant la complice de ses frasques. Une place centrale d’observatrice dont les commentaires, mises en garde, témoignages et réflexions vont guider le spectateur. Et bien sûr Edouard Baer, tout à fait crédible et sensible en Marquis libertin. Mais ce film est avant tout une histoire de femmes, menée par des femmes. Le scénario est inspiré de Diderot mais il aurait pu être écrit par Eric Rohmer. Un film d’époque, avec des dialogues très châtiés et un style narratif très littéraire, dont le fond de l’histoire traverse… toutes les époques.
Voilà un excellent film d'époque très réussi, captivant, parfaitement bien joué avec des dialogues aux petits oignons. J'ai adoré et en général j'apprécie tout particulièrement ce genre de films. Excellent à tous niveaux : réalisation, interprétation, décors...
Emmanuel Mouret ne m'a jamais déçu. Même si ces deux derniers films (Une autre vie, Caprice) étaient légèrement en-dessous. Sans changer vraiment de thème ni de style, il effectue un petit virage avec ce film en costumes lorgnant copieusement, mais pour notre plus grand plaisir, vers Les liaisons dangereuses. Avec beaucoup de maitrise, voilà une histoire de séduction et de vengeance bien filmée, solidement mise en scène et plus qu'honorablement interprétée. Si le talent de Cécile de France n'est plus à prouver (elle peut jouer n'importe quoi), c'est Edouard Baer qui étonne surtout ici. Il est aussi impeccable que convaincant. Tandis qu'Alice Isaaz confirme tout le bien que l'on pense d'elle depuis quelques films et notamment Espèces menacées. On oubliera pas des costumes et des images superbes. Bref, un très bon moment aussi cruel qu'émouvant et souvent plein d'humour. Une réussite.
Quel talent! J'en redemande!! Un excellent moment de cinéma! Je n'ai pas vu passer les 2 heures, ce qui est rare pour moi; j'en aurais bien pris une louche de plus. Des acteurs tous impeccables, Cécile de France parfaite, des dictions irréprochables (merci pour mes oreilles) . Des paroles pleines d'esprit, de finesse et de sagesse, qu'on aimerait pouvoir lire et relire sur papier tellement c'est juste quand il s'agit de dépeindre l'âme humaine et les sentiments amoureux ou... de vengeance; sentiments qui traversent les siècles sans prendre une ride. Costumes, mise en scène et musiques sublimes. J'ai enlevé une demi-étoile car j'ai trouvé la toute fin un chouïa trop rapide. On aurait pu s'en délecter un peu plus longtemps... A part ça, on est proche du chef d'oeuvre.
Un film d'époque magnifiquement bien écrit, bien interprété et bien filmé. Une histoire d'amour(s) et de vengeance qui nous garde en haleine du début à la fin. Un questionnement sur les relations hommes/femmes qui résonne étonnamment avec l'actualité. Quant à Cécile de France, elle s’impose comme une immense comédienne et mériterait d’avoir le César. Diderot revisité par Emmanuel Mouret, le résultat vaut largement le détour et le film est à ne pas manquer.
Je suis ravie de l'avoir vu en avant-première cette après-midi : ce film est excellentissime ! Les acteurs sont magnifiques ! Une très belle réussite !
De la dentelle, de la finesse, de la beauté , de la subtilité .... Nous retrouvons Edouard Baer dans un rôle qui lui va comme un gant et Cécile de France qui irradie dans son interprétation. Un film d'époque magnifique, on se régale. Merci
N’est pas Glenn Close qui veut, la gentillesse affichée de Cécile de France cadre mal avec le visage odieux qu’elle affiche par la suite. Cette duplicité passe mal. Mouret a certes du talent, et la photographie est superbe qui capte la lumière venant éclairer les innombrables bouquets de fleurs que, oisives, les femmes remettent en ordre, mais le scénario est bien trop cousu de fil blanc et je le préfère dans ses films non costumés où l’intrigue est faite de multiples rebondissements, même si celle-ci n’est pas dénuée de charme.
Les dames de Joncquières, "fruits du péché" de mère en fille, ont dû (bien que de noble extraction toutes les deux) se résoudre à la galanterie (de ruisseau) pour survivre. Quand sa vieille amie de pension l'entretient de cette situation navrante, la marquise de La Pommeraye (Cécile de France), une riche et belle veuve, comprend tout de suite quel parti en tirer, surtout que la fille est ravissante. Sans qu'on puisse la confondre pour autant avec une Merteuil... En effet, son amant le marquis des Arcis (Edouard Baer) s'est lassé d'elle, et la quadragénaire, qui connaît sur le bout des doigts la psychologie de ce libertin (dans le sens 18e, tout autant que dans le sens contemporain du terme, mais un libertin en mode atténué, ni Don Juan, ni Valmont...un modèle inédit...), met alors sur pied une stratégie redoutable, avec la complicité (tarifée) des deux filles de joie (Natalia Dontcheva jouant la mère, Alice Isaaz la fille)... Mais, aux jeux de l'amour et du hasard, il arrive que les meilleurs scénarios se heurtent à d'improbables pierres d'achoppement. Loin des films français habituels, partagés entre misérabilisme social (ou "sociétal"), niaiseries et vulgarités diverses, et sucreries boboïsantes (ces trois "sources d'inspiration" convergeant d'ailleurs souvent), Emmanuel Mouret confirme un talent exquis, délaissant (avec bonheur !) sa veine habituelle "rohmérienne", pour l'adaptation réussie d'un des "récits dans le récit" du "Jacques le Fataliste" de Diderot. C'est un régal de tous les instants de se laisser prendre aux roueries de la marquise... comme de se laisser surprendre par les péripéties en découlant. Un exercice de style séduisant, dans une langue délicieuse, mis en scène avec une fausse simplicité : jubilatoire ! Une distribution idoine - juste un (léger) bémol, Alice Isaaz, moins convaincante.