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    Roma
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    RedArrow
    RedArrow

    1 657 abonnés 1 527 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 décembre 2018
    Notre première vision de Roma en 1970, ce quartier de Mexico qui donne son titre à cette plongée dans la mémoire d'Alfonso Cuarón, est curieusement celui du sol d'une allée en train d'être nettoyé en gros plan pendant que le générique d'ouverture défile. Alors que les vagues de jets d'eau se succèdent comme pour mieux traduire l'ordinaire d'un souvenir accompagné des bruits d'un quotidien lointain, l'une d'elles révèle le reflet de l'immensité du ciel traversé par un avion. Ce plan va rapidement prendre tout son sens lorsque les intentions de Cuarón se dévoilent peu après : "Roma" est bien évidemment un film sur la jeunesse de son auteur mais il n'est en aucun cas un agglomérat de simples souvenirs à l'état brut, il s'agit plutôt d'un travail de mémoire revisité par l'ouverture d'esprit induite par les questionnements désormais adultes de Cuarón qui se cristallisent dans cet avion survolant les zones d'ombres de son passé de manière omnisciente.
    Pour preuve, le long-métrage ne nous est pas présenté par l'intermédiaire du regard d'un des enfants, une solution facile pour symboliser celui de Cuarón, non, "Roma" préfère se focaliser sur Cleo, une bonne de la maison, personnage qui prend une toute autre considération lorsqu'on la juge d'un point de vue adulte.

    Pour les enfants de l'époque, Cleo était un membre à part entière de la famille, une impression d'ailleurs renforcée par cette forme de tendresse bienveillante que seule la bonne paraît leur apporter au jour le jour au contraire des autres "grandes personnes" de la maison prises dans leurs propres problèmes. Seulement, des années plus tard, il est désormais impossible pour Cuarón de la considérer comme telle. Quelles étaient les aspirations de Cleo ? Comment a-t-elle dévoué sa vie à un monde auquel elle n'appartiendrait jamais ? Quel était son regard sur sa famille d'employeurs ? Qui était-elle vraiment en définitif ?
    Avec ces interrogations, le personnage offre ainsi une opportunité en or à Cuarón de revisiter sa jeunesse d'un point de vue qui lui apparaissait si proche à l'époque mais dont il ne peut ignorer la part étrangère aujourd'hui.

    Cette forme de distanciation dans l'intimité est bien entendu permanente à l'écran par ce choix de dessiner la plupart du temps cette chronique intime en plans-séquences d'une beauté incommensurable donnant des allures de véritable fresque au quotidien de cette famille. Cleo y est omniprésente, certes, mais, dans la foule de détails à l'écran traduisant le caractère autobiographique méticuleux de son auteur, elle apparaît toujours en retrait de ce monde : de façon évidente lorsque les parents la ramènent sans cesse à sa condition de bonne quand elle approche d'un peu trop près de leur intimité mais aussi grâce à la profondeur de champ de chaque image où Cleo n'est qu'une sorte de point mis en relief, presque en décalage constant avec ce qui déroule dans un ensemble plus vaste où elle n'a pas vraiment sa place (l'unique fois où elle semblera réellement en osmose avec le décor sera celui de cette hacienda au petit matin lui rappelant le cadre d'un temps passé).

    Cette impossible réconciliation avant tout d'ordre sociale est pourtant mise à mal quand le destin de la mère de famille se met à suivre un cheminement parallèle au destin de Cleo. Délaissée par un mari fuyant ses responsabilités et dont la difficile rentrée en voiture dans sa propriété lors de sa première apparition laisse peu de place au doute quant à sa future disparition du tableau familial, la mère se retrouve en plein désarroi et ne cesse de le manifester plus ou moins ouvertement à diverses occasions. Dans le même temps, le petit ami de Cleo la fuit, littéralement, lorsque celle-ci lui annonce sa grossesse au cours d'une séance de cinéma ("La Grande Vadrouille"). Dans leurs solitudes respectives devant un avenir inconnu, les deux femmes cohabitant sous le même toit devraient logiquement se retrouver pour se soutenir. Hormis une réelle bienveillance (notamment financière) de la famille à l'égard de sa bonne, il n'en sera rien.

    Face à la tristesse extravertie de la mère, celle de Cleo restera silencieuse, traduisant une force de volonté insoupçonnée (symbolisée avec humour et poésie lors d'une séance d'entraînement d'arts martiaux en plein air), le seul moment où la jeune femme fera tomber le masque sera justement lorsqu'elle s'ouvrira à sa patronne pour lui révéler sa grossesse. Cette rare respiration entre les deux femmes se traitant d'égale à égale restera sans suite. Toutes deux préféreront suivre des voies différentes (mais toujours parallèles) pour s'émanciper au gré d'événements où le chaos et le hasard des coïncidences ne feront souvent plus qu'un. Pour l'une, la douleur de la trahison et de la séparation fera place à une reprise en main de son destin, pour l'autre, l'épreuve terrible d'un accouchement fendillera définitivement sa carapace. Il faudra le spectre d'une nouvelle tragédie pour que, du fracas des vagues, le vrai trait d'union entre ces deux femmes se dévoile lors d'une scène absolument déchirante où, enfin, Cleo laissera échapper l'ampleur de sa peine l'espace de quelques secondes. Ce ne sera pas suffisant pour détruire le rempart bâti par des années de différenciation de classes sociales comme en témoignera le retour à la normalité des derniers instants mais il sera impossible de ne pas y déceler la naissance d'une nouvelle famille, recomposée, plus forte, où Cleo est devenue et considérée comme un membre à part entière... sous le regard d'un dernier avion dans le ciel.

    En plus d'être une déclaration d'amour poignante d'Alfonso Cuarón aux femmes qui l'ont élevé, "Roma" est probablement un des sommets de cinéma de cette année 2018. Rappelant forcément en termes d'intelligence d'approche le retour aux sources tant recherché par les cinéastes d'une grande époque aujourd'hui révolue, le film est une espèce de tour de force esthétique nous mettant dans un état de fascination continu devant la richesse de plans où un sens inné du cadrage, la photographie, les éclairages et ce jeu presque perpétuel entre les strates qui les composent font alliance pour provoquer de véritables orgasmes cinématographiques. Non seulement, "Roma" est absolument magnifique de bout en bout mais tout cela est construit au service de ce voyage d'une durée d'un an dans la mémoire d'Alfonso Cuarón et la manière dont il a choisi de nous le faire partager à travers les yeux du personnage incarnée par la révélation Yalitza Aparicio, désarmante de naturel. Un chef-d'oeuvre ? Oui, n'ayons pas peur des mots.
    FaRem
    FaRem

    8 567 abonnés 9 476 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 14 décembre 2018
    Cinq ans après l'excellent et impressionnant "Gravity", Alfonso Cuarón est de retour avec un film beaucoup plus simple, plus intimiste et personnel. Pour écrire ce film, le réalisateur s'est tout simplement plongé dans ses souvenirs et nous propose une histoire composée d'événements qu'il a vraiment vécus il y a presque cinquante ans. Selon lui, 90 % des scènes représentées dans le film sont des scènes extraites de sa mémoire. Pour un souci de réalisme, chaque scène du film a été tournée sur le lieu où se sont déroulés les événements décrits ou sur des plateaux qui étaient des répliques exactes des lieux. Alfonso Cuarón, qui est également le scénariste, ne s'est pas arrêté là puisqu'il a caché le scénario à ses acteurs jusqu'au dernier moment pour que leurs réactions soient les plus naturelles possible. Pour tout cela, il n'y a rien à dire, le film est très authentique et naturel presque comme un documentaire tandis que la réalisation est soignée. On a parfois l'impression de voir un tableau animé et avec du son qui a une vraie importance dans certaines scènes. Tout cela est bien joli, mais je dois dire que l'ensemble m'a complètement laissé de marbre. L'histoire sur cette gouvernante, ancrée dans un contexte bien particulier avec les différences de classe sociale et ethnique ainsi que les changements qui avaient lieu dans le pays, ne m'a jamais touché ni réellement intéressé pour être honnête. Je ne pense pas être passé à côté du propos de ce portrait proposé avec ce parallèle entre ces deux femmes que tout oppose et qui sont pourtant égales face à la lâcheté de l'homme. Ce n'est pas tout puisque comme je l'ai dit il y a également le contexte de l'époque et du pays, mais je ne suis jamais rentré dans l'histoire qui n'était peut-être pas faite pour moi. Il y a bien 2 ou 3 moments marquants dans la dernière partie, mais sinon, c'est plat et vraiment banal au niveau du contenu. Je m'en suis presque voulu de ne ressentir aucune émotion ou même empathie pour Cleo qui vit pourtant des choses difficiles. Mais ce n'est que le résultat d'un film trop propre qui ne dégage rien en étant totalement dénué d'émotion, ce qui est autant la faute du format que de la direction des acteurs qui par conséquent ne véhiculent aucune émotion. Au final, c'est beau sur la forme, mais le film est vide et ennuyeux à la longue. Décevant.
    tixou0
    tixou0

    692 abonnés 1 995 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 30 novembre 2019
    "Roma" n'a rien à voir avec l'Italie, mais son esthétisme étudié voudrait (sans doute) entretenir quelque familiarité cinématographique avec le néo-réalisme transalpin, dans le ressenti du spectateur - en fait, ce titre fait référence au quartier de Mexico où se passe le plus clair de l'affaire (pour 2 h 15 à l'écran - de pas grand chose...), "Colonia Roma", là où Cuarón passa son enfance. Suffit-il de filmer en noir et blanc, et de multiplier les plans fixes, souvent pour d'interminables séquences contemplatives, pour faire dans le génie (comme le proclament un palmarès flatteur et les critiques pros enthousiastes) ? Franchement pas, selon moi ! Cette énième histoire articulée sur le haut et le bas de la société, ici la classe moyenne supérieure de la capitale mexicaine du tout début des années 70 (la famille d'origine européenne), et le prolétariat indigène (les servantes à demeure) ne brille ni par l'originalité de fond, ni par la vivacité et l'à-propos du traitement qui en est fait. C'est académique, froid, étiré, languissant..... seules une ou deux scènes frappent et émeuvent spoiler: (dont le pathétique accouchement de Cleo)
    . En résumé, très surfait.
    traversay1
    traversay1

    3 539 abonnés 4 824 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 décembre 2018
    Longtemps, Alfonso Cuaron s'est levé de bonne heure. Au sein d'une famille bourgeoise du quartier Roma de Mexico dont l'une des figures majeures était la bonne à tout faire. Souvenirs, souvenirs, c'est le privilège des réalisateurs à succès que d'avoir les moyens de se pencher sur leur enfance à travers leur métier de cinéaste. Sans valoir l'Amarcord de Fellini, le Roma de Cuaron est une belle madeleine proustienne dont la séduction n'est pourtant pas immédiate. Si la réalisation, images, son et montage, sont à la hauteur du grand talent de son auteur, le fil narratif est on ne peut plus ténu et s'apparente à une chronique dont on peut aussi bien louer sa simplicité et son caractère épuré que regretter son absence de rythme et sa profusion de scènes anodines. C'est surtout vrai dans la première partie de Roma, contemplative et vue à travers le personnage de la bonne. Procédé assez courant dans le cinéma latino-américain (La nana de Sebastian Silva, par exemple) et qui montre sans trop de subtilité les écarts sociaux et raciaux du pays. Il n'empêche qu'il est difficile de rester insensible à ce retour au début des années 70 au Mexique, 1971 étant marquée par la violence d'un groupe paramilitaire lors d'une manifestation d'étudiants. Même vue à distance, cette reconstitution est le début de la dernière partie de Roma, de loin sa meilleure et la plus touchante. Très affiné et peut-être trop peaufiné techniquement, le film n'est pas le chef d'oeuvre annoncé mais cela n'empêche pas le regret de ne pas avoir pu en profiter pleinement, à savoir sur le seul (grand) écran où le cinéma mérite d'être apprécié.
    Camille P.
    Camille P.

    20 abonnés 47 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 février 2020
    Film profond et sublime, en noir et blanc, sorti fin 2018 sur Netflix.

    Mexico, 1971, Cleo est une indigène, employée de maison dans une famille de « gringos » dotée de quatre enfants.

    C’est « la bonne à tout faire », discrète, docile, serviable et corvéable. Et en même temps, elle fait un peu partie de cette famille, allant jusqu’à partager avec parents et enfants les repas, les soirées télé et les vacances… encore qu’elle reste traitée en toute circonstance comme la domestique qu’elle est.

    Bien que de classe sociale, d’origine et de personnalité très différentes, Cléo et la mère de la famille pour laquelle elle travaille ont en commun d’être délaissées : Cléo est abandonnée par son amoureux lorsqu’elle a besoin qu’il s’engage, et la mère de famille est quittée par son mari pour une autre femme. Ces épreuves vont, dans une certaine mesure, rapprocher les deux femmes.

    Alfonso Cuaron s’est inspiré de son enfance dans le quartier Colonia ROMA de Mexico pour réaliser ce magnifique film, récompensé notamment par un Lion d’Or à Venise en 2018 et trois Oscars en 2019.

    Les thèmes qu’il aborde sont d’une grande profondeur, particulièrement l’ambiguïté de la relation employeur / domestique, la maternité et l’indépendance des femmes.

    La réalisation est extrêmement soignée.

    Il y a autant de travail sur les premiers plans que sur les seconds plans. Rien n’est laissé au hasard, chaque élément de décor, chaque personnage, chaque détail a été travaillé dans ce film qui comporte plusieurs plans séquence de toute beauté.

    Certains diront que ce film est un peu lent, si ce n’est long.

    Pour ma part, je l’ai beaucoup aimé.

    Et j’ai d’autant plus apprécié le rythme de ce film qu’il m’a permis de savourer ses scènes ultra travaillées, de les interpréter et finalement de réfléchir aux questions posées.

    C’est vraiment du beau cinéma, profond et esthétique. Un superbe travail.
    elbandito
    elbandito

    343 abonnés 961 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 15 mars 2019
    Une œuvre très personnelle sur l’enfance du réalisateur, dans le Mexico des années soixante-dix, filmée dans un superbe noir et blanc et bénéficiant d’une authenticité indéniable. Pourtant, "Roma" peine à convaincre tant le drame qui se joue dans cette famille aisée en crise manque cruellement de rythme pour captiver le spectateur jusqu’au bout.
    Tee R
    Tee R

    11 abonnés 9 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 12 février 2019
    C'est la dernière fois que je me laisse avoir par des récompenses (en l'occurrence BAFTA) c'est long, long, long, en noir et blanc, des femmes trompées délaissées, c'est VIDE le néant, quelle perte de temps, seuls les intellos bobos peuvent vous dire que c'est beau comme une toile de Soulage, plus de 2 heures de prison avec des scènes qui ne racontent rien, une fanfare trop bruyante qui passe la rue en 5 mn, une séance de feu de forêt sans intérêts, une consultation à l’hôpital qui dure qui dure. Holalalalalala insupportable, la maxime du film quand la maîtresse de maison s'adresse à sa bonne en parlant des hommes; "Quoiqu'ils vous disent, nous sommes toujours seules" je mets 0.5 pour le chien qui joue pas mal.
    Redzing
    Redzing

    1 100 abonnés 4 455 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 janvier 2019
    5 ans après "Gravity", Alfonso Cuaron délaisse les étoiles pour nous plonger dans son enfance (ou du moins, une histoire qui en est fortement inspirée). "Roma" s'intéresse donc à une famille bourgeois vivant dans un quartier de Mexico en 1970. L'intrigue se centrera sur la domestique, femme très modeste, discrète et mutique, essentielle au bon fonctionnement de la famille, mais qui n'est pourtant pas intégrée dans ce milieu social. Prévenons d'emblée : "Roma" est un film très lent, qui se pose en chronique sobre, contenant quelques rebondissements très étalés dans le temps. Un choix logique au vu du sujet et du traitement, mais qui ne plaira pas à tous. Néanmoins, avec ce long-métrage, personne ne pourra reprocher à Cuaron un quelconque manque de maîtrise technique. Dès les premières secondes et jusqu'au final, "Roma" est un film d'une beauté à couper le souffle, qu'il s'agisse du noir et blanc magnifiquement rendu par la photographie, des plans larges somptueux, des travellings latéraux et lentes rotations de caméras fluides, du riche montage sonore, ou des métaphores intégrées çà et là. Une réalisation qui permet d'aborder aussi bien le contexte social de l'époque (inégalités, tensions, massacre de Corpus Christi...), que de comprendre le quotidien de sa protagoniste. Une femme qui vit difficilement (interprété en sobriété et émotions par l'excellente Yalitza Aparicio, qui est pourtant débutante dans le métier d'actrice !), et qui va néanmoins rencontrer des problèmes similaires à ceux de sa patronne. Une manière de montrer que l'amour maternel et plus généralement la condition féminine transcende les classes... "Roma" est donc un film somptueux et profond, qui en découragera certains de par sa lenteur, mais qui vaut le coup d'être vu. Il est seulement dommage qu'il ne soit pas sorti en salles !
    Naughty Doc
    Naughty Doc

    904 abonnés 432 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 décembre 2018
    5 ans après la claque visuelle au cinéma que fut "Gravity", Alfonso Cuaron revient avec son récit le plus personnel, fruit de 15 ans de réflexion et de reconstitution de ses souvenirs d'enfance au sein du quartier de "Roma" à Mexico City.

    Le long-métrage, écrit en 3 semaines", nous place de l'année 1970 à 1971 au sein de la vie d'une famille de la classe moyenne dont le couple bat de l'aile.

    S'ouvrant sur un plan de carrelage mouillé (répondant au plan final du film), cette histoire nous est contée de manière originale par le biais de Cleodegaria "Cleo" Guttiérez, la domestique de la maison.

    D'entrée de jeu le film surprend par sa narration et sa caméra flottante, observant tel un œil omniscient les moments de vie qui parcourent cette demeure, recrée à 70% via les souvenirs qu'a Cuaron de sa maison d'enfance.

    Scènes de jeu entre les 4 enfants, conversations à la volée entre Sofia la mère et Antonio le père, préparation des repas par les domestiques...autant d'évènements peu palpitants sur le papier sont capturés via le regard aiguisé de Cuaron, à coups de longs plans aux mouvements amples et calculés à la seconde près, ou encore via des plans-séquences de génie.

    En faisant connaissance avec Cléo et sa vie, le spectateur est rapidement familiarisé et attaché au personnage. Il faut bien sûr noter que cette empathie (en plus de cette dramaturgie visuelle) est boostée par le jeu impeccable de son interprète, Yalitza Aparicio, apportant un jeu plein de douceur, de retenue et de pureté (c'est d'autant plus incroyable sachant qu'il s'agit de son premier rôle). Son personnage est calme, timide et veut faire son boulot le mieux possible, tout en essayant à concilier ses évènements de vie personnels. L'actrice est fantastique, et devant la caméra du réalisateur, nous transmet un nombre incroyable de sentiments par un seul regard (sa meilleure amie a également été engagée pour jouer la 2e domestique, toujours dans ce souci d'authenticité).

    Se basant sur les informations de "Libo", sa réelle nourrice avec qui il a gardé contact encore aujourd'hui, Cuaron dresse le portrait intime d'une femme qui est l'épicentre fonctionnel et le pilier du foyer familial.

    Se faisant, "Roma" est une expérience sensorielle où chaque plan méticuleusement composé a une signification, et une invitation au spectateur de réellement vivre ces moments, que ce soit une danse dans une hacienda, une sortie champêtre dans les bois ou encore un feu de forêt à l’orée du Nouvel An.

    Aù-delà de cette promesse de cinéma des sens (où même le sound design apporte une vraie spatialité), Cuaron poursuit son exploration de la maternité (comme ses 2 derniers films "Gravity" et "Children of Men"), du deuil, de l'élévation spirituelle et l'acquisition d'une maturité émotionnelle (à l'instar de "Y Tu Mama También", via une utilisation similaire de la plage ou encore une scène cathartique de dîner).

    Séparation d'un couple, début d'une relation amoureuse, grossesse de Cleo..autant d'évènements en apparence anodins vont rentrés en collision et altérer de manière significative le chemin de nos personnages.

    Cuaron cherche ni plus ni moins qu'à nous faire ressentir ses émotions, ses moments, et capture tout l'humanité qui découle de l'expérience de chacun.

    Un travelling dans une rue, une forêt, un terrain d'entrainement,une salle de cinéma...chaque image imprime la rétine via une photographie en 65 mm parfaite et cristalline (le réalisateur passe pour la 1e fois au poste de chef opérateur). Le noir et blanc pourrait exercer une distance avec le propos, mais trouve tout son sens dans la volonté de transmettre des souvenirs lointains, tel un album photo ultra immersif (le réalisateur déclare que 90% des séquences découlent directement de son esprit).

    Sous cet enrobage d'intimisme pur, le long-métrage n'hésite pas à aller vers le terrain du commentaire social, de manière subtile, en montrant par exemple la révolte du mouvement étudiant et le massacre du Corpus Christi qui en découle, ainsi que la lutte des classes et la fracture sociale qui s'est opérée au Mexique (thème déjà présent par le passé dans la filmographie du réalisateur

    Sous ce regard qui confère même à la poésie et le lyrisme pur (via des séquences lourdes de sens comme cette scène monumentale avec un gourou, véritable point de basculement où Cleo et le film trouvent leur équilibre), Cuaron renvoie au cinéma italien et mexicain des 70's. Chaque cadre déborde de vie et de figurants, à se demander comment une telle prouesse est possible. On avait pas vu un travail si élaboré et perfectionniste depuis Michael Cimino et sa Porte du Paradis.

    Si le cinéma est d'abord un art visuel, "Roma" en est sans doute un des plus beaux représentants, alliant à la perfection l'art et le réalisme.

    Rare sont les films où la barrière de l'écran s'efface pour réellement nous faire vivre une expérience humaine, et Cuaron réussit ce tour de maître du début à la fin, d'un sol mouillé à un ciel immaculé, d'un champ ensoleillé jusqu'à une plage déchainée, d'un hôpital bondé jusqu'à un final inoubliable à la puissance émotionnelle qui confine au chef-d'oeuvre.

    Un grand film

    5/5
    Stéphane D
    Stéphane D

    118 abonnés 2 108 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 janvier 2019
    Le film est indéniablement très beau, avec ses plans bien préparés et l'atmosphère sonore très immersive (Dolby Atmos).
    Les interprètes de cette famille vivant au Mexique sont parfaitement naturels.
    Mais est-ce que leur vie est un sujet assez passionnant pour en faire un film sans début ni fin véritable? Je pense que le réalisateur s'est trop focalisé sur la démonstration stylistique au dépend d'un sujet plus captivant.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 048 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 15 décembre 2018
    Bon on va pas se mentir, ce film est une immense arnaque. On se demande comment il a pu obtenir un prix à Venise. On entend ici et là que son pote Del Toro lui a refilé par amitié, mais il y a surtout dû y avoir des pots de vin... C'est pas possible autrement. Netflix a mis le chèque sur la table histoire de faire croire qu'ils avaient une exclusivité de malade... En fait j'ai juste vu un film tout pourri, sans aucun intérêt.

    Ce qui me met sur la piste des pots de vin c'est que tout le monde parle du film, on a de la pub partout, des articles de presse élogieux...

    Franchement dès le premier plan ça commence mal, on cible déjà tous les défauts du film : sa rigidité, son manque absolu de vie. On voit le sol d'une maison se faire laver, le générique défile, on voit de l'eau se faire jeter sur le sol et donc sur le générique... les mots ne bougent pas... ils restent là statique, comme si ce qui se passait sur l'image n'avait aucun intérêt... C'est vrai qu'il est joli le carrelage, mais il n'a aucun intérêt... comme le film...

    Le film est une succession de lents panoramiques rigides (je vais être honnête il n'y a pas que ça, mais il y en a beaucoup trop). On se croirait un dans un des Paranormal Activity où l'innovation de l'épisode c'était de mettre la caméra sur un truc qui pivote... Ben là c'est pareil. Je suis désolé mais je ne peux pas y croire, il n'y a aucune vie là dedans... Je m'explique, lorsque, au hasard, Orson Welles fait un plan séquence, sa caméra suit un personnage qui vit sa vie, sa vie n'est pas limitée par le cadre, par ce qui est filmé, il perd un personnage pour en suivre un autre avant de retrouver le premier qui a mené sa vie. Là chez Cuaron la vie est contenue dans ce cadre, dans ce panoramique, c'est d'une tristesse. Comment croire à cette famille si la mise en scène inintéressante nous raconte qu'elle est morte, qu'il ne se passe rien, que ce n'est pas intéressant, que c'est faux.

    Il n'y a ici aucune maestria, il n'y a rien, si ce n'est un technicien qui fait de beaux plans bien calibrés, avec des acteurs qui sont là où il faut quand il faut, qui disent leur texte mais où l'émotion est absente...

    Donc forcément s'il n'y a pas de vie dans cette maison pleine de gosses, ben c'est vite chiant... Surtout que tout ça ne dit rien, ne raconte rien de bien fou... C'est une famille bourgeoise mexicaine vue par la bonne de maison... on a déjà vu ça, c'est pas original... Le pays dans lequel ça se passe l'est éventuellement... Mais franchement, si c'est pour ne rien dire, ne rien en faire, que cette tranche de vie n'arrive ni à être émouvante, drôle, triste ou je ne sais quoi, ben pourquoi me montrer ces pions qui font bien gentiment ce qu'on leur dit de faire ?

    Et puis tout ça a un côté prétentieux, le noir et blanc, le fait que ça soit vraiment lent, appeler son film Roma alors que RIEN dans le film n'explique pourquoi il s'appelle comme ça (faut lire le résumé pour comprendre que Roma est un quartier à Mexico).

    Je ne comprends pas comment Cuaron fait pour tomber dans ce piège là, d'habitude c'est limite l'excès inverse, c'est trop virtuose, la caméra en fait dix fois trop pour être honnête (dans Gravity) et là il n'a absolument pas trouvé le juste milieu.

    En plus ça dure plus de deux heures... bordel... deux heures quinze... pour rien raconter... montrer une scène d'accouchement très jolie, mais peu crédible... Alors ouais on a un mec à poil qui fait du kung fu... mais c'est même pas drôle ou vivant, on ne sent même pas une complicité avec la fille qui regarde ce triste spectacle... C'est d'une froideur totale... Comment veux-tu que je m'intéresse à ça alors que les personnages eux-mêmes se sont désintéressés de ce qui se passe dans le film...

    Le pire dans tout ça c'est que ça n'a même pas la beauté de l'austérité que peuvent avoir certains films...

    Je ne vais pas y aller par quatre chemins, c'est juste une perte de temps.
    this is my movies
    this is my movies

    694 abonnés 3 087 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 8 novembre 2018
    Attention, c'est une petite claque. Partant d'un sujet personnel et autobiographique, A. Cuaron signe un mélo qui évite l'écueil du nombrilisme. Il y avait pourtant la matière pour le cinéaste à pleurnicher sur son enfance, mais ce n'est pas Desplechin ou Truffaut, c'est un type qui fait du pur cinéma qui parle au plus grand nombre, sans s'auto-analyser. Ainsi, au lieu de se concentrer sur un regard d'enfant, on suit le destin de cette bonniche d'une famille aisée de Mexico, avec une mise en scène aux partis-pris forts et puissants. Noir et blanc sublime, plans posés, découpage mesuré, le film nous embarque dans un tourbillon d'émotions, au milieu d'une époque troublée, avec en point d'orgue un final proprement déchirant, puissant et assez audacieux. spoiler: Entre un accouchement qui vous laissera KO et une scène de sauvetage en mer sidérante (un plan-séquence sous apnée), vous ne ressortirez pas forcément indemne.
    On rit, un peu, on ressent beaucoup de choses, le film infuse en vous petit à petit, c'est peut-être parfois un peu chichiteux et prétentieux, mais il a le mérite d'orienter son scénario dans la bonne direction, de ne pas se livrer facilement, et de proposer des émotions brutes et primaires. Un film beau et fort. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 21 janvier 2019
    Wow mais quel film ennuyeux, sans âme, même les personnages ne dégagent aucune sympathie.... J’ai pourtant essayé très fort de le trouver intéressant suite aux différents prix que ce film a obtenus. Je me rends compte que souvent les films primés, le sont par une élite intellectuelle loin des réalités de la moyenne des gens. Oui, les images sont belles, oui il y a de belles scènes photographiques, mais je m’attends à retrouver ces qualités dans un livre et non dans un film. Un film pour moi, doit m’emmener ailleurs, me faire vivre des émotions, m’ouvrir les yeux sur autre chose, et malheureusement ça n’a pas été le cas.
    ffred
    ffred

    1 686 abonnés 4 013 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 décembre 2018
    Sortie mixte pour ce nouveau film d'Alfonso Cuarón, en salles pour certains pays, sur Netflix pour d'autres (dont la France). Pour le réalisateur mexicain, on était resté sur l'intense et formidable Gravity, Oscar 2014 (entre autres) de la meilleur mise en scène. On l'attendait donc au tournant. Changement de style et de genre radical ici pour lui. Cette fresque familiale intimiste, sur fond de désordre social, dans le Mexique de 1970, est une réussite sur tous les plans. La mise en scène est somptueuse, une fois de plus virtuose, le scénario (en partie auto-biographique) est une merveille d'écriture, les images sont splendides, l'interprétation (acteurs non-professionnels pour la plupart) est la cerise sur le gâteau. D'aucuns reprochent un manque d'émotion, je peux le comprendre, mais au contraire, elle est bien là, sèche, directe, sans pathos. On peut avoir l'impression qu'il ne se passe rien, alors que c'est juste la vie, ses joies, ses aléas, ses drames, qui traverse ce récit finalement très simple. Un superbe portrait de femme (et même plusieurs) pour un deuxième chef d’œuvre consécutif à mettre sur le compte de son réalisateur. En ayant entendu beaucoup de mal, voilà donc une excellente surprise ! Même si on aurait aimé le voir sur grand écran, voilà l'un des plus beaux films de l'année.
    ned123
    ned123

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    4,0
    Publiée le 14 janvier 2019
    J'ai vu un film... très beau, en noir et blanc, une magnifique photo et un montage qui laisse le temps de l'apprécier.
    L'histoire d'une domestique d'une famille bourgeoise à Mexico en 1970. Ou plutôt l'histoire de toute cette famille à laquelle appartient cette bonne de maison. Tous les acteurs sont excellents, il n'y a pas de seconds rôles, c'est ce qui confère à ce film une grande qualité. Quelques scènes durent un peu, mais la profondeur du noir et blanc le fait oublier. Une histoire familiale si commune et si bien révélée.
    Je le conseille pleinement et mes ados l'ont beaucoup apprécié.
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