La jeune et robuste Katherine est littéralement achetée, contre un lopin de terre concédé à sa famille (comme aimera à le lui rappeler son beau-père Boris), pour donner un héritier aux riches Lester - son époux, Alexander, la quarantaine, a le double de son âge. Ce genre d'union est monnaie courante dans l'Angleterre victorienne - l'action est en 1865. Ne pensez pas pour autant visionner une énième variation bovaryste du mal-être des dames du 19e siècle avec ce premier film ! Le titre original "Lady Macbeth" (d'après un roman russe) donne en effet la couleur du drame qui va se jouer (pour la perfidie et la tragédie) - qui commence cependant comme un "L'Amant de Lady Chatterley", avant la lettre (mari indifférent, épouse sexuellement frustrée, palefrenier disponible - contre garde-chasse chez Lawrence). William Oldroy, qui vient de la scène, comme sa scénariste Alice Birch, fait évoluer ses (rares) personnages dans un décor unique, somme toute très théâtral, avec un vaste manoir à courants d'air côté cour, et landes et forêts alentour côté jardin. Même quand la chair semble à la fête, les émotions sont bridées, l'atmosphère est pesante, l'action fort limitée. Peu de dialogues, peu de musique, peu de costumes - mais ce qui pourrait ressortir au seul tout petit budget, en contrainte matérielle, le metteur en scène en tire superbement parti, trouvant un vrai style cinématographique, incisif, voire glaçant, à souhait. Distribution d'inconnus (Christopher Fairbanks - Boris - excepté), tout à fait convaincants, Florence Pugh (dans le rôle-titre, écrasant) en particulier.