Avec « Wildlife », on a de suite envie de dire bravo à Paul Dano pour ses premiers pas derrière la caméra et pour cette réalisation magnifique, toute empreinte de délicatesse et de simplicité !
Son cinéma nous laisse totalement en suspens par l’extrême justesse du jeu de cet adolescent (Ed Oxenbould) à la sensibilité exacerbée, qui par son regard perdu et aux aguets, va nous rendre témoin d’un désamour inéluctable, d’une fracture sans retour et sans espoir !
C’est donc un cinéma avec une vraie signature, celle d’un réalisateur talentueux qui filme avec intelligence, respect et tout cela avec un grand sens de l’observation !
On a souvent le souffle coupé rien qu’à comprendre et interpréter tout ce qui se passe dans les yeux de cet ado de tout juste 14 ans.
Encore un gamin et déjà presque un homme malgré lui, pour qui tout va trop vite, et qui semble aussi trop vite tout comprendre de la vie, des sentiments, du fonctionnement de l’être humain à travers cette mère encore jeune et belle qui aspire à une liberté, et ce père pourtant tendre, mais monolithique et incompris, enfermé dans un mal être sournois.
On assiste ainsi de quelques fissures imperceptibles, à un total vacillement des structures de cette famille à laquelle le jeune Joe essaie coûte que coûte de s’accrocher.
Chez lui tout force l’admiration, la bienveillance et le courage, ne serait-ce que par son comportement compréhensif, doux et protecteur envers sa mère Janet qui l’effraie pourtant dans son changement total de repère et d’attitude, et pour son père Jerry parti combatte un énorme incendie, sans qu’il n’en comprenne exactement la vraie raison !
Car le jeune Joe lui, a de l’amour à donner et ne demande qu’à en recevoir de la part de ses parents qu’ils voudraient tant voir unis et amoureux...
« Que vont-ils tous devenir ? » se demande-t-il simplement.
Pour l’accompagner dans cette fuite en avant, Carrey Mulligan et Jack Gyllenhaal sont tout simplement parfaits dans deux rôles d’une grande sobriété, en êtres fragiles et déracinés, égarés dans cette Amérique du Montana qui semble presque hostile à leur égard, en les éloignant et en les coupant du reste du monde...
On ressent ainsi une extrême solitude, une sensation presque angoissante comme si cette famille était seule, en dépit de cet homme riche que rencontre Janet...
Trois portraits extrêmement beaux, très sensibles, justes et profonds que Joe va, dans une scène finale superbe et bouleversante, magnifier très symboliquement à sa façon !
Un film pudique, tout en retenue et en humilité, mais extrêmement riche, débordant d’émotion et de sentiments.
Encore bravo, franchement pour ce coup d’essai, ou plutôt ce coup de maître très prometteur !