« Phantom Thread », un véritable chef d’œuvre de Paul Thomas Anderson, un film envoûtant, passionnant, exaltant !
Des qualificatifs que l’on pourra d’ailleurs reprendre précisément pour cette relation de couple endiablée, tellement sulfureuse, voire vénéneuse (!), une relation complexe en terme de sentiment, de domination, de nombre, où le sadomasochisme n’est jamais bien loin quelque part !
Alma et Reynolds, la muse et son créateur, ou en soi une relation redoutable sous l’œil du microscope, et en même un cas d’étude dont le cinéaste arrive à transcender, à exhorter le moindre regard, le moindre silence...
Fabuleux !!!
La rencontre entre la simplicité, l’authenticité, le naturel et tout son contraire : la complexité, l’hypocrisie et les conventions de ce couturier vaniteux et imbus obsédé par son travail, ses créations !
Et cette fraîcheur que représente Alma et qui attire Reynolds, cette naïveté doublée d’insouciance, sera aussi tout ce qu’il détestera en fonction de ses humeurs, de ses besoins en homme suffisant, égoïste et capricieux qu’il est !
C’est donc à travers ce dédale infernal que Paul Thomas Anderson nous invite à le suivre, tout comme le fait aussi un troisième numéro indissociable, à savoir cette sœur implacable et complice de tous les instants, intrusive dans son travail, mais aussi jusqu’à tout connaître de son intimité !
Pour incarner ce trio impossible, Daniel Day-Lewis est extraordinaire, royal en donnant à son personnage une dimension psychologique fascinante et bouleversante, tandis que les deux actrices féminines Vicky Krieps et Lesley Manville, tout en opposition sont aussi excellentes dans leur approche mutuelle et personnelle !
Si on y ajoute cette touche esthétique unique, dont cette maison londonienne en est le théâtre, on ne peut être que comblé, puisque à elle seule cette demeure participe aussi à ce sentiment de confusion et de malaise qui va grandissant, et que le piano sous toutes ses variations accompagne en touche finale !
On se complaît donc à observer les agissements, les changements d’attitude incessants au sein de ce trio, où la manipulation, la domination n’ont pas dit leur dernier mot !
« Tu me tiens, je te tiens par la barbichette ! » pourrait même en être la petite phrase illustratrice idéale...
Un film superbe aux accents freudiens indéniables mis en forme comme de la haute couture, au fond du grand art, presque une nécessité impérieuse ici !