"Les Fantômes d'Ismaël" ne seront pas les miens, ni pour moi un grand cru d'Arnaud Desplechin !
Difficile d'imaginer que celui qui a réalisé le magnifique "Un Conte de Noël" ait pu se fourvoyer dans cette histoire qui semblait pourtant passionnante, mais qui se perd dans un délayage impressionnant !
À vouloir styliser sa mise en scène à outrance, le cinéaste se focalise sur ces trois comédiens en privilégiant des échanges, des dialogues tour à tour intéressants, puis tout à coup insensés et totalement artificiels !
Toute la problématique du retour d'une personne disparue et ses conséquences sur son entourage, n'est pas du tout traitée de manière psychologique profonde, mais fait l'objet de réactions emportées et curieuses, de propos incohérents et disproportionnés, comme si l'essentiel était de donner vie à ces trois personnages en les laissant apparaître à l'écran par tous les bouts et de manière désordonnée ou brouillonne, sans construire de véritable histoire ou cheminement, sans créer d'empathie et donc d'émotion envers et à travers eux...
Jamais on ne sent troublé, ou touché, perturbé ou interpellé par ce retour du passé.
Ce qui aurait dû être un traumatisme, un séisme, devient un déclenchement de réactions anarchiques, où l'on passé de la douceur à l'hystérie sans prévenir et vice-versa !
Le jeu des trois acteurs est bien trop souvent forcé et donc faussé, et les situations dans lesquelles ces derniers se trouvent, en deviennent improbables, infondées et donc complètement gratuites à nos yeux.
Et l'idée de mêler sans pertinence, le film d'Ismaël dans sa propre histoire n'apporte rien de plus et rendrait même en définitive l'ensemble encore plus décousu et fragile.
Très peu d'analyse au fond pour un sujet, où chaque mot, chaque pensée, chaque attitude aurait dû être étudiée et pesée avec soin, où l'écriture avait ici tout son sens afin de ressortir bouleversé...
L'idée de départ avait cependant tout pour donner un excellent film d'autant plus qu'avec la patte d'Arnaud Desplechin, on s'attendait à un coup de maître, mais il manque ici une cohérence et une force essentielle, qui aurait donné tout l'impact attendu à cette réapparition.
Vraiment dommage !