Adapté de la nouvelle de George Langelaan, La Mouche, sorte de La Belle et la Bête inversé et transposé dans un monde scientifique et gore, illustre à merveille le cinéma de David Cronenberg.
Ce que l'on ne reprochera jamais à ce dernier, c'est de ne pas aller au bout de ses idées. La Mouche est un film franchement osé, cru, voir cruel, et extrêmement viscéral. Visuellement, attendez vous à ressentir quelques nausées, car La Mouche va vraiment très loin. Il ne fait pas les choses à moitié et n'hésite pas à tout montrer. D'ailleurs, il est à noter que, pour l'époque, le film était une véritable prouesse technique et c'est sans doute ce qui lui a valu ce statut de film culte. Au niveau du scénario, si ce dernier reste relativement bien construit et narré, on lui reproche un léger manque d'originalité et une certaine prévisibilité.
Comme toujours chez Cronenberg, on apprécie le fait que, malgré la surenchère de gore, rien n'est gratuit et que tout est recherché. Déjà, on sent un véritable travail dans la recherche, dans le fait que rien ne se fait d'un simple claquement de doigt. Mais ce point reste assez anecdotique. Nous sommes surtout satisfait de voir le travail fait sur la complexité de la psychologie des différents personnages. Le personnage de Seth tentant de se raccrocher au peu d'humanité qu'il lui reste, malgré sa décadence, celui de Veronica, tiraillée entre amour et raison, ou encore celui de Stathis, symbole parfait des anciens amants encombrants et attentionnés (Ce qui prouve, une fois de plus, qu'une véritable romance se cache dans La Mouche).
Malgré une réalisation parfois un peu kitch de David Cronenberg, on aime quand celle-ci nous prend aux tripes. La musique du grand Howard Shore, à la fois majestueuse et inquiétante, est parfaite et le casting l'est tout autant, campant à merveille les différentes psychologies évoquées précédemment.
En quelques mots, La Mouche est un film qui, certes imparfait, reste à voir, ne serais-ce que pour la vision de David Cronenberg. En revanche, on ne conseillera jamais assez aux âmes sensibles de s'abstenir, La Mouche ayant de quoi faire retourner un coeur bien accroché.