Bardot, lascivement couchée sur son lit, fesses en l'air, corps de Vénus, front d'albâtre, et océan de blondeur, dit à son mari Piccoli (l'écrivain Paul Javal): "Comment tu trouves mes cuisses, mon visage, mes seins? Préfères-tu mes seins ou la pointe de mes seins?"
Voilà comment commence Le Mépris, adaptation ratée du roman d'Alberto Moravia du même nom, et datant pourtant de la période la plus féconde artistiquement de JLG.
Mais autant j'ai été conquis par les chefs-d'oeuvres absolus que sont "Pierrot le Fou", "Masculin/ Féminin", "A Bout de Souffle" ou même "", autant j'ai été agacé ici par le pédantisme lourd et prétentieux de ce film pseudo-intello et "petit doigt en l'air". Alain Bergala a beau s'extasier sur ce qu'il nomme "le passage de la méprise au mépris, d'une désynchronisation sensible à un renversement des sentiments", on s'ennuie. Le film est barbant, le temps se fait long, et le film s'étire insoutenablement. Le pire c'est qu'il ne raconte rien. Les fesses de BB, la musique de Georges Delerue qui paraît-il a inspiré celle de Casino, Fritz Lang qui glose sur l'Odyssée d'Homère, son prochain projet cinématographique; c'est bien joli, mais à quoi ça sert? Certes les prises de vues réalisées par Raoul Coutard sont soignées, mais quelle idée, quelle pensée est donc véhiculée au cours de ce long-métrage? "Le Mépris" dégage en fait une grande impression de vide.
Le spectateur ne se sent jamais touché, ému ou concerné par l'histoire qu'est censé raconter le film de Godard. Les personnages aussi inintéressants que des coquilles vides s'éternisent en de monocordes blabla, des bavardages intempestifs tout simplement lassants. C'est aussi Bardot qui agace ici: plus que jamais l'actrice paraît ici réduite à un simple Sex-Symbol, à une paire de fesses et à une paire de seins; et le cerveau de son personnage paraît s'apparenter à du fromage blanc. D'une stupidité répugnante, Bardot agace ici autant par son jeu puéril que par ses intonations gnan-gnan ou ses minables regards de midinette fâchée.
Piccoli, quant à lui, que reste-t-il de lui? Tout comme Bardot, il est limité ici au cliché. Il n'a pas un espace suffisant de liberté, d'expressivité. Grands sourcils broussailleux, voilà ce qu'on retient d'un Piccoli ici guère à son avantage, alors qu'il s'agit pourtant d'un immense acteur (ce qu'il fait chez Sautet déjà...).
Bref, de ce film anémique et pédant, il reste une grande impression de vide.