Même si c’est censé être un « chef d’œuvre » du cinéma français, j’ai trouvé Le Mépris de Godard franchement ennuyeux. Deux heures de disputes entre un couple qui se déchire pour on ne sait trop quelle raison (le mépris, oui, mais pourquoi ? jalousie ? perte d’estime de l’autre ?...) ça fait beaucoup, surtout quand il n’y a aucun enjeu. Certains rétorqueront peut-être que Camille finit par mépriser Paul parce qu’il s’apprête à retravailler le scénario d’un film uniquement pour l’argent. Si c’est ça, je trouve que c’est gonflé de la part de Camille, qui refuse de redevenir dactylo et se fait entretenir. Ça donne au personnage de Bardot un côté « gamine jamais contente » assez agaçant. Et si le souhait de Godard était d’utiliser Bardot à contre-emploi et d’en faire une femme indépendante et qui tient tête à son mari (ce qui dans le fond est une très bonne idée, à mon sens), c’est, selon moi, complètement raté. Camille apparaît comme une femme capricieuse, un peu vénale et qui préfère lancer des piques plutôt que de dire vraiment ce qui ne va pas. Je passe sur la scène racoleuse et ridicule du début du film, que je ne peux pas imputer à Godard puisqu’elle a été réclamée par les producteurs, qui voulaient absolument voir Bardot nue. C’est désormais chose faite, et pas qu’une fois dans le film ! Quant à Paul, il est totalement inintéressant. Passé le désintérêt total qu’on peut ressentir face au sort des personnages, la mise en scène est pompeuse, pleine de sous-entendus et de petites piques lancées aux producteurs (oui, les producteurs se prennent pour des dieux, ils veulent avoir le pouvoir sur le film, d’où le parallèle avec les dieux dans L’Odyssée, blablabla… On a compris, on voit l’analogie grosse comme une baraque dès le début). Mention spéciale quand même à l’utilisation des filtres de couleurs. Et oui, Godard sait utiliser un filtre, et ne manque pas une occasion de nous le rappeler. Cela dit, je cherche encore quel est l’intérêt de cet usage. Y en a-t-il un ? Ou est-ce juste pour dire : « regardez, j’utilise des filtres de couleurs, c’est cool, ça fait de moi un réalisateur de génie ». Euh… non. Après, il s’agit du bleu, du rouge et du jaune, donc les trois couleurs primaires. Est-ce que ça peut vouloir dire que dans ce film, on se trouve face à l’homme dans son état primitif ? Mmmm… ça pourrait être ça, venant de lui ça ne m’étonnerait pas, mais le problème c’est que c’est complètement tarabiscoté, inutile et même pas beau. J’en viens maintenant à la musique, qui, elle, est vraiment belle. Par contre, était-il vraiment nécessaire de la faire retentir toutes les deux minutes ? Ok, elle est jolie et exprime bien, pour le coup, la mélancolie qui doit se dégager du film (enfin je crois que c’est le but en tout cas). Mais justement, autant l’employer avec parcimonie, plutôt que de nous remettre « L’air de Camille » à chaque fois que Bardot ouvre la bouche. La présence de Fritz Lang (mais que fait-il là-dedans ?!!) est d’une inutilité totale… Bref. Il faudra aussi m’expliquer pourquoi par moment Camille porte une perruque brune. C’est juste pour le fun ou ça signifie vraiment quelque chose ? Par ailleurs, c’est un film d’un réalisateur issu du mouvement de la Nouvelle Vague, censé renouveler l’art cinématographique, « dépoussiérer » le milieu, et offrir des films plus proches de la réalité, notamment par le biais des dialogues. Personnellement, je trouve que ça ne fonctionne absolument pas dans la plupart des films de la Nouvelle Vague, et y compris dans Le Mépris. Les conversations manquent cruellement de naturel, tout comme les déplacements des personnages. Je pense à la scène dans laquelle Paul et Camille, dans leur logement, s’envoient des vannes pendant un moment sans jamais cracher le morceau : et vas-y que je fais passer les personnages d’une pièce à l’autre sans but aucun, juste pour pouvoir effectuer un plan séquence bien long qui n’a aucun sens ! Bref. Pour moi cette scène est à l’image de la réalisation du film en général : c’est surfait, ampoulé, pédant, ça ne sert évidemment pas l’intrigue qui n’a pas vraiment d’intérêt, et ce n’est même pas joli à regarder. Il faudra donc vraiment qu’on m’explique ce qu’on peut trouver à ce film de si extraordinaire.