Adapté du roman « Dracula » (1897) de l’Irlandais Bram STOKER (1847-1912), le film (en 5 actes) raconte, en 1838, l’histoire du jeune marié et clerc de notaire, Thomas Hutter qui se rend en Transylvanie pour vendre une propriété (juste en face de son domicile, à Wisborg) au Comte Orlok. Lors de son séjour dans son château, il découvre que son hôte est un vampire. Ce dernier, à la vue d’un médaillon contenant une photo d’Ellen, la femme de Thomas, décide de s’en approprier et d’embarquer (dans un cercueil) à Varna (Bulgarie) pour rejoindre Wisborg (trajet s’accompagnant de l’arrivée de la peste, transmise par des rats qui l’accompagnaient dans la cale dans 5 autres cercueils). Le film a, surtout, un intérêt historique car il a mal vieilli (outre la fixité de la caméra). Bien sûr, sa réputation repose sur l’inquiétant comte Orlok (Max SCHRECK, 43 ans à l’époque), à la silhouette longiligne, au visage en couteau, au nez aquilin, au crâne chauve, aux oreilles taillées en pointe et aux ongles démesurés. Malheureusement, ses apparitions mythiques et notamment son ombre, typiques de l’expressionisme allemand, font l’objet de quelques plans (pour une durée de 1h34) et sont affadies par le jeu très daté, typique du cinéma muet, des autres comédiens (notamment de Greta SCHRÖDER qui joue Ellen). Le film a l’avantage d’être quasiment la première adaptation du roman alors qu’il y en a, au moins, 8 autres fidèles au livre, et presque autant qui reprennent le personnage de Dracula. Cela n’est pas forcément le meilleur, celui de Francis Ford Coppola, « Dracula » (1992) avec Gary Oldman, est plus flamboyant et plus érotique et on retrouve une atmosphère plus angoissante dans un film proche, « La marque du vampire » (1935) de Tod Browning qui a aussi réalisé « Dracula » (1931) avec Bela Lugosi dans le rôle-titre et adapté de la pièce de théâtre éponyme. Pour des raisons de non-paiement de droit d’auteur à la veuve de l’écrivain, Murnau a changé les noms et les lieux : le comte Dracula devient le comte Orlok, Jonathan Harker et sa femme deviennent Thomas et Ellen Hutter, Londres devient la ville fictive de Wisborg (tournage à Lubeck) et les Carpates slovaques (avec présence d’une hyène !) figurent la Transylvanie roumaine. La version restaurée et vue ne met pas en valeur la coloration originelle du film (jaune pour le jour et vert-bleu pour la nuit), ce qui prête parfois à confusion pour certaines scènes (arrivée « éclairée » de Thomas peu avant minuit au château d’Orlok). Sans compter quelques incohérences : Thomas Hutter est mordu au cou par Orlok tandis que ses morsures seront mortelles à l’équipage du bateau ainsi qu’à Ellen. Idem pour l’effet théoriquement fatal du soleil sur le vampire Orlok qui déambule en plein jour sans problème mais qui se consume après le chant du coq.