Je pense que des spécialistes pourraient écrire des bouquins entiers sur ce film, alors je vais tâcher d'être bref. Voir Nosferatu, c'est, en plus d'être une rébellion face à la métrosexuelisation de la figure du vampire d'aujourd'hui - merci Twillight - comprendre réellement ce qu'est une scène culte. Parce que je ne compte pas le nombre de scènes qui resteront, après les avoir vues, gravées à vie, mais quand je dis à vie c'est vraiment à vie: les plans sur la forêt des Carpates qui raviront les fans de Ulver et Darkthrone, le réveil du vampire avec la porte qui s'ouvre toute seule, l'arrivée du bateau fantomatique au port, avec ses cordages et mats tels un squelette, le superbe jeu d'ombres sur la silhouette de Nosferatu, la crise de somnambulisme de la nana... C'est une leçon de cinéma, un retour aux sources et aux techniques de base - parfois négligées aujourd'hui - qui s'apprécie aussi bien en noir et blanc qu'en teinté, avec une des innombrables bande-son qui existent pour tous les goûts: la symphonique, l'expérimentale, la chtarbée...
Chez-d'oeuvre, et excellente porte d'entrée vers l'épouvante. Parce que malgré son âge, Nosferatu est toujours badass! Loin de n'être qu'une curiosité historique dépassée n'intéressant qu'une poignée de cinéphiles archéologues, il fait toujours peur, met vraiment mal à l'aise, distille une ambiance glauque et oppressante de malade comme j'ai jamais vu, et impressionne par sa maîtrise: acteurs, cadrages, narration, lumière, c'est au poil. Tout ça sans cam' à l'épaule, sans son, sans "jumpscare" débiles évidemment: de l'épouvante, de la vraie. Alors sans tomber dans le "c'était mieux avant", je dirais juste: faites un film d'épouvante aujourd'hui sans son. Challenge n'est-ce pas?